▬ Ysobel, est-ce bien vrai ce que j’ai entendu hier par la mère du petit McDermot ? C’est ta fille qui a… qui a fait ça ?
▬ Tu peux le dire à haute voix, tu sais. C’était un accident ! Elle n’a que neuf ans bon sang ! Regarde-la ! Et tu sais ce que je pense de cette commère de McDermot, elle peut aller se faire engrosser par tous les célibataires de Cahir, elle finira seule, avec une nurserie sur ses vieux bras fripés ! Elle n’a que ça à faire de propager des rumeurs. Je pensais que toi, tu avais d’autres choses plus intéressantes à faire que de les écouter !
▬ Hé ! Calme ! Je ne faisais que me renseigner… si tu dis que ce n’était pas voulu, je te crois ! Même si, rationnellement, il est difficile de ruer quelqu’un de coups – au point de lui casser une dent et un bras – sans le désirer un minimum.

Ysobel ne daigna même pas répondre à sa belle-sœur. Elle se contenta de prendre une longue gorgée de son arabica, les yeux rivés sur la petite fille à la longue natte blonde qui se balançait doucement sur le portique du jardin. Elle n’allait pas contredire une femme enceinte jusqu’au nez, qui tenait plus de la baleine que de l’être humain ! Ce serait une folie et une perte totale de temps… De plus, elle connaissait bien la femme de son petit frère. Il était évident que ce n’était pas du sang Riddley qui coulait dans ses veines. Elle était beaucoup trop influençable, tellement futile. Elle n’avait pas encore très bien assimilé les valeurs prônées par la Famille. Ysobel ne l’avait jamais vraiment appréciée, elle l’avait toujours considérée comme le choix par défaut, la moins pitoyable des petites amies de son frère. C’était ce dernier qui l’avait forcée à venir prendre le café, tous les samedis après-midi, après la naissance de leur première fille, Treasa. « Elle se sent seule Ybel, elle est vingt-quatre heure sur vingt-quatre à la maison, à surveiller un bébé qui passe le plus clair de son temps à dormir… et elle sent comme de l’animosité contre elle. Comme si on la mettait à l’écart des affaires de la famille… » lui avait-il dit un jour. Ysobel avait répliqué avec un petit gloussement sarcastique, mais avait néanmoins accepté. Elle ne l’avouerait jamais, mais elle aussi, elle était seule. La mort de son mari avait laissé un vide. Même si cela faisait déjà trois ans, elle dormait toujours du même côté de son immense lit, trop grand pour elle. Elle ne ramenait jamais d’homme non plus. Comme si l’esprit de Simon hantait encore sa maison.
Puis, il y avait Ailionora. Elle était et elle sera son seul et unique enfant, elle s’en était fait la promesse. Elle était toute sa vie. Son trésor. Chaque jour, elle s’émerveillait devant la beauté de la fillette, elle ressemblait à son père d’une douloureuse façon. De par la blondeur de ses cheveux, son petit nez légèrement retroussé, ses yeux verts et perçants… et par-dessus tout, cette manie qu’elle avait, à même pas dix ans, à avoir déjà réponse à tout. Mais depuis quelques temps, elle l’inquiétait. Sans son mari, Ysobel ne savait plus très bien comment réagir devant les excès de violence de la petite. La disparition de son père dans des circonstances mystérieuse, l’avait perturbée, c’était une évidence. Ce n’est pas de sa faute, ce n’est pas de sa faute, ne cessait de se répéter Ysobel.
Les rumeurs et les ragots, elle supportait. Longtemps, elle en avait été le sujet principal et elle n’en avait que faire. Mais que les mégères des aires de jeux s’en prennent à Nora, c’était différent. Ysobel bouillonnait intérieurement. Elle serrait les poings, se retenait de ne pas planter une flèche dans les crânes de ses idiotes. Il ne vaut mieux pas gaspiller le matériel… songea-t-elle pour la énième fois en finissant son café. Imaginer sa belle-sœur épinglée sur ses murs impeccablement tapissés, par un de ses jets d’argent, ça l’avait – pour une obscure raison – calmée.

▬ Bon, tu sais que c’est la pleine lune aujourd’hui, je ne vais pas trainer…

La baleine hocha la tête gravement, tandis qu’Ysobel était déjà en train de ramasser ses affaires. Chacune de ces nuits étaient importantes. Aujourd’hui, elle avait un bon pressentiment. Aujourd’hui, elle allait enfin pouvoir venger son mari et avoir une nouvelle carpette en poils de loup devant sa cheminée.

Il est maintenant temps de nous décrire l'histoire de votre personnage. La forme vous est libre, mini-rps, pages de journal intime, anecdotes détaillées, chronologie, le tout est d'être précis et le plus consciencieux possible. Une trentaine de lignes est demandé, ce qui est peu étant donné la largeur du cadre. Surveillez bien votre orthographe et votre conjugaison, ces critères seront pris en comptes à la correction - n'oubliez donc pas de vous relire et de passer vos textes sous correcteur. Sur ce, bonne rédaction !