date d'inscription : 04/05/2013
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 |  Sujet: Sur-apprentissage Lun 6 Mai - 19:44 | |
| S’il y avait un moment de la journée qu’il préférait, c’était bien le soir. Il aimait avec quelle résolution le soleil se cachait derrière la trouée de feuillage sylvaine, et les reflets que la lumière perçante traçait sur les rideaux et ses murs. Il lui arrivait même parfois d’imaginer une mélodie galopante au rythme de l’incandescence mourante du ciel qui s’obscurcissait. Il lui arrivait d’escalader depuis la fenêtre de sa chambre pour atteindre le toit, d’où il avait une vue – à défaut d’être imprenable – intéressante sur ce phénomène.
Sa langue roulait sans, non sans heurts, dans tous les recoins de sa mâchoire. L’intrus était récalcitrant, niché dans une abîme dentaire reculée. Ce petit bout de viande commençait à rendre Simeon dingue, au point qu’il envisageait des moyens plus radicaux pour l’y déloger, alors qu’une énième succion intra buccale mit fin à son calvaire. Soulagé, il put continuer tranquillement sa lecture forcée par un test imminent prévu dans les jours prochains. Sa lecture était mécanique. Il ne retirait aucun plaisir de ce genre d’activité. Il préférait cent fois aller prendre l’air, ou passer l’après-midi sur sa console. A côté de ça, même un devoir de maths semblait être une bouffée d’air frais un chaud dimanche d’Aout.
Le salon n’était pas la pièce où il préférait travailler, mais à défaut d’avoir une chambre plus présentable, il s’y était résigné. Simeon ronchonnait. Passer son samedi soir la tête dans ses affaires de cours semblait avoir vidé son enveloppe de tout désir de vivre et sans conviction, aucune, il jeta un nouveau regard sur la pendule qui trônait au sein du salon, attendant 18h avec un certain déplaisir. Ses parents, qui rentraient tard ce jour-là, avaient dépêché une bonne âme pour lui venir en aide. Les notes de leur fils ont toujours été quelque qu’ils suivaient de près, et la récente dégringolade de ses résultats en histoire leur fit dresser tous les poils de leurs corps, et même plus. C’est pour cette raison qu’il attendait, lisant, le vautour augurant une heure de torture intellectuelle. Il ne pouvait s’empêcher d’imagine le physique de son professeur particulier. Certainement un homme âgé, comme sied à la matière enseignée, à la diction lente et profondément somnifère. Il avait du mal ce soir à avoir cet optimisme qui le caractérisait tant en temps normal. Le seul point positif qu’il pourrait envisager afin de faire passer la pilule était - si son professeur s’avérait remplir ses appréhensions – qu’il puisse agrémenter son discours de petites anecdotes concernant la ville. Il adorait entendre les personnes âgés en parler. Elles ajoutaient toujours un pan mystique aux brides d’histoires que l’on avait entendu ouï-dire. Mais c’était peu probable en réalité. Le tuteur n’était certainement pas venu pour cela.
Il était l’heure et on sonnait.
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