c'est le récit d'la forêt uesh.
c'est nue que j'apprends la vertu.
♪ Hans Zimmer - one day. Je me sentais mourir. Je le sentais renifler mon corps meurtri. Je le sentis lécher mon pied nu.
« Casse-toi... » Soufflai-je difficilement. J'étais jeune, j'avais tout juste 15 ans, je ne voulais pas mourir. J'avais encore tellement de choses à vivre, à découvrir. Je n'avais même pas déclaré mes sentiments à Ed ! J'avais 15 ans, et pourtant ce monstre était en train de m'ôter la vie, comme il l'avait fait pour mon père. Je sentais mon sang se rependre sur mon petit débardeur qui me servait de pyjama. Mon Dieu, comme j'avais mal. Faut dire que je n'étais pas très forte, j'avais hérité de la morphologie de guêpe de ma mère à mon plus grand malheur. J'avais beau me goinfrer de chocolat, de Big Mac, je ne prenais pas un poil de graisse. Et ce soir-là je l'avais bien senti. J'étais immobilisée dans le tas de feuilles mortes, la tête contre le tronc d'un chêne. J'aurais tellement préféré que la bête m'achève plutôt qu'il m'observe agoniser. Ma plaie ouverte au cou me brûlait et je poussais de faibles plaintes. L'odeur du sang commençait vraiment à me monter à la tête, et au bout d'un moment ma vue se troubla. Je ne savais pas où était allongé mon père, mais là ce n'était vraiment pas le moment d'y penser. Je ne sentais plus mes jambes. J'avais froid. La bête hurla avant de déguerpir pour de bon. Ma vue s'était brouillée, mais j'avais vu la silhouette de l'animal partir et je crus apercevoir au loin l'aurore se lever.
« Au secours... » Je parlais dans le vide, j'en étais consciente. Bien que dans l'immédiat, je tombais vers l'inconscient, les limbes, l'inconnu, tout ce que vous voulez. Mes paupières se fermèrent et mon souffle s'estompa...
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« COMPRENDS-TU LE CHANT D'ESPOIR DU LOUP QUI MEURT D'AMOUUUUR. LES PLEURS DU CHAT SAUVAGE AU PETIT JOUUUR. Plus tard, j'veux être Pocahontas ! » Criai-je à mes parents, avant de partir en courant dans le jardin avec des plumes dans les cheveux.
« Chérie, ne vas pas trop loin.» « Oui m'man ! » En effet, nous vivions en Irlande, aux alentours de Dublin à Dalkey. Nous avions une maison vaste avec un grand jardin qui se. Mon père m'avait d'ailleurs construit une cabane où je passais des après-midi entiers, seule en compagnie de mes amis imaginaires. Mon père Devin était médecin et d'origine anglaise, quant à ma mère Fiona était psychologue irlandaise et doit l'être toujours, je pense. J'étais leur fille unique, leur petite chérie. Mais à la base, je devais être un garçon et me prénommer Victor. Mon père fut le plus déçu, j'en ai encore des souvenirs. Il m'en voulait, il me considérait comme un petit gars par moment mais en même temps il m'adorait, voire un peu trop au goût de ma mère.
« On dirait qu'elle est ta petite amie, des fois. » « Mais non, tu te fais des films Fiona » Dit-il en me prenant dans ses bras, alors que j'avais 9 ans. J'étais une enfant épanouie, qui avait très peu de copains et copines à l'école à cause de la timidité. Mais ça ne me dérangeait pas. J'étais calme, et bonne élève. Que rêver de mieux pour ma famille ? J'ai d'ailleurs sauté une classe, grâce à mon bon travail. Je ne me prenais pas pour la reine de l'école pour autant. J'étais simple, mes parents avaient de l'argent, mais je ne leur demandais pas la nouvelle jupe trop swag qui coûtait 200€. Je les aimais mes vieux jeans bousillés avec lesquels je rampais dans la forêt pour jouer aux soldats avec mon père. Oui je jouais à des jeux de garçons, et non aux barbies. Les quelques jouets "féminins" que j'avais dans ma chambre, je m'en servais jamais. Je préférais dévorer des livres, ou dessiner ou prendre l'air. Et j'aime encore ça, à l'âge adulte.
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Malgré mon côté garçon manqué, je ne pouvais qu'accepter mon corps changeant d'adolescente. Les hanches qui s'élargissent, les seins qui montrent leurs bouts de leur nez. En tout cas, j'avais hérité de la minceur de ma mère, je ne pus jamais me plaindre des kilos en trop puisqu'au contraire je n'arrivais pas à en prendre. Tout le monde pensait que je faisais ma crise d'adolescente en ne mangeant plus rien afin de ressembler aux squelettes de mes ancêtres, mais ce n'était pas ça. Alors que mes copines se plaignaient d'avoir de grosses fesses, je me plaignais de ne pas en avoir. Avec le temps, j'ai réussi à m'épaissir un peu, mais dans la rue on doit me prendre pour une ancienne anorexique. Ma famille et moi avions déménagé à Cork, au Sud de l'Irlande à l'aube de mes 15 ans. Mutation de mon père, nouvel air. Notre maison était un peu plus petite que la précédente mais le jardin finissait sur une petite forêt. Après le corps qui change, le déménagement, il y avait aussi le sujet des garçons.
« Alors, toi et Edwin allez au cinéma demain soir ? » « Oui ! On va aller voir The Grudge... J'ai déjà peur d'avance. » Dis-je en souriant à mon père, avant de poser mon livre
The Shining de Stephen King, sur la table basse du salon. Il s'installa à côté de moi, me tendant un carré de chocolat au lait avec des noisettes: mon préféré. Je le pris et croquai dedans.
« Ce soir, nous sommes que tous les deux ! Maman est partie au restaurant avec des copines. Quel plat te ferait plaisir chaton ? » « Laisse moi cuisiner ! Je vais faire des pâtes au saumon. » C'était une des rares fois où mon père était disponible le soir et où je me retrouvais seule avec lui. Le lien qui nous unissait était fusionnel, j'étais sa Victoria chérie et gare à celui qui me toucherait un cheveu. Nous passions le reste de la soirée à regarder
Benjamin Gates et le trésor des templiers devant la télévision, dans le noir. Tout était normal, jusqu'à que je sente la main de mon père sur ma cuisse nue. J'avais l'habitude de porter un pyjama assez court et peut-être que ce soir-là je n'aurais pas dû. Au départ, je ne disais rien. C'était peut-être normal. Me concentrant sur le film, sa main continuait à caresser ma peau blanche. Finalement, ce n'était peut-être pas normal. Elle frôla mon entrejambe avant de disparaître sous mon short de nuit. Je retenais un gloussement. NON, ce n'était pas normal. J'avais 15 ans et je savais faire la part des choses, il allait trop loin.
« Tu fais quoi, papa ?! » Je tendis le bras pour appuyer sur l'interrupteur, puis je regardai mon père qui retira rapidement sa main de mon short et qui avait... Oh non, c'était écœurant. Sa braguette était baissée et sa main était dans son caleçon. J'étais choquée.
« Mais...Euh... » J'étais jeune, vierge, et pure, je ne connaissais rien au sexe et devant ce qui venait de se passer j'étais horrifiée. Il se rhabilla et me reteint par la taille alors que je partais du sofa.
« Non, laisse-moi ! » « Écoute, laisse-toi faire. Je ne vais pas te faire du mal. » Je sentis une de ses mains sur mes fesses et sans réfléchir je lui envoyai un coup de coude dans son visage, puisqu'il se trouvait derrière moi. Je m'échappai de ses bras et partis en courant de la maison. Plus loin, je serais, plus dur il me retrouvera. Sauf que courir en pyjama au mois d'octobre, dans la forêt, et dans la nuit n'était pas la plus brillante des idées que j'avais eu. Surtout que je ne le savais pas, mais une bête rôdait par-là.
Mon père me retrouva assez vite, j'avais perdu de l'avance à cause de mes pieds nus qui me faisaient mal. Il me poussa en avant et je tombais sur le ventre en poussant un cri, dans les feuilles. Position de faiblesse. Il me tira par les cheveux pour me remonter et me plaqua contre un tronc pour m'embrasser. Je rentrais mes lèvres, je n'avais aucune envie d'embrasser mon père. Le tronc blessait mon pauvre dos, je le sentais. Je levai une main au visage de mon père pour le griffer.
Soudain... Une ombre noire abattit sur mon père et l'emmena en arrière. Je frottai mes bras frigorifiés et regardai la scène devant moi. Heureusement -ou pas- qu'une belle pleine lune éclairait cette soirée. Toutefois je ne pus pas identifier la bête qui attaquait mon père. Un énorme chien enragé ? J'avais tellement envie de crier "Bien fais pour ta gueule, papa !" Mais lorsque je vis que la bête continuait à le secouer, à le balancer contre les arbres, à lui donner des coups de pattes... Je partis me réfugier derrière un gros tronc d'arbre en regardant la scène. La scène prit rapidement une tournure de film d'horreur lorsqu'un gros CRAC retentit. Mes jambes tremblaient, et je ne pus m'empêcher de mettre une main devant ma bouche. Le gros craquement provenait des cervicales. Mon père venait de... Je lançais un regard derrière mon tronc et le monstre était en train de picorer dans le ventre de mon défunt père. Je déglutis. J'avais envie de vomir. Ce n'était pas possible... Je reculai doucement d'où je venais au même moment où j'entendis la bête se déplacer. Je marchai à pas de loup, ce qui était difficile dans une forêt avec toutes les branches, et les feuilles qui traînaient. Je sentis un souffle derrière moi. Je me figeai. Lentement, mais sûrement, je tournai ma tête. Deux yeux jaunes m'observaient. J'hurlai.
La suite, vous la connaissez.▽▽▽▽▽▽▽▽▽▽▽▽▽▽▽▽
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Within Temptation -
summertime sadness.Après m'être fait attaquer, on m'avait retrouvé comme mon père. J'avais fini aux urgences et j'ai dû y rester une bonne grosse semaine. J'étais tellement sous médicaments au départ que je n'ai pas subi ma première transformation. Mais quand elle est arrivée... Mon Dieu. Heureusement, j'étais dehors en train de fumer. Je m'étais disputée avec ma mère, et j'avais voulu prendre l'air, puis d'un coup BOUM. J'ai rien compris à ce qu'il se passait. J'avais l'impression de ne plus contrôler mon corps. Comme si j'étais possédée par une machiavélique Victoria en forme animale. J'ai cassé une fenêtre de chez moi ce jour-là. Il fallait absolument que ma mère ne soit pas au courant de mon état actuel. C'était d'ailleurs plutôt dur. Plusieurs semaines après mon agression et la mort de mon père, je me comportais de façon étrange à ses yeux. Alors qu'elle pleurait mon père, elle me pensait atteinte de la rage. Des fois, pendant la nuit, je me levai discrètement pour aller trouver quelque chose de consistant dans le réfrigérateur. J'avais sans cesse envie de bouffer de la bonne viande crue. Je devais avoir l'air de l'enfant sauvage, assise par terre à dévorer un roastbeef cru avec mes mains.
Je ne vous parle même pas de ma première fois... Une horreur. J'ai failli tuer mon copain de l'époque -Edwin-. Pourtant, on avait mis du temps avant de se mettre à nue. Je lui avais raconté l'histoire avec mon père et il comprenait si je voulais prendre mon temps. C'était du passé pour moi et ce n'est pas comme si j'avais été violée. Je n'arrivais pas à contrôler mon corps, ma nouvelle force et sous l'effet du plaisir, j'ai failli lui perforer le tronc. Je ne l'ai plus jamais revu depuis.
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J'ai déménagé à Cahir, il y a maintenant trois ans. J'ai pratiquement coupé les ponts avec ma mère, pour la maintenir en sécurité. J'ai peur de lui faire du mal à cause de ma nouvelle nature que je ne supporte pas tellement. Vivant seule, je suppose qu'elle est repartie à Dalkey. Amoureuse de la littérature, je bosse dans le milieu médical en tant qu'infirmière en bloc opératoire. Étonnant, non ? Pourquoi ? Je garde la raison pour moi. Je reste discrète sur mon race et garde le secret pour moi. Mais qu'on vienne pas me faire chier sinon je grogne et je sors les poings, compris ?
burnt by night.
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