Stuck in a moment of emotion I've destroyed
Is this the end I feel?
On m'avait bien trop tôt révélé la vérité ... comme une trainée de poudre, elle avait recouvert ma vie d'un voile opaque à travers lequel il m'était presque impossible de voir, avait fait exploser mon innocence en des milliers de particules brillantes se noyant dans l'émeraude de mes yeux. Ainsi le monde extérieur et normal du commun des mortels me fut fermé et cette obsession malsaine que les loups m'inspiraient me suivi jusqu'à aujourd'hui bien que j'essayai de la noyer dans diverses activités toutes aussi prenantes les unes que les autres. Rien ne fut assez bon, assez fort pour en venir à bout. Pas même la drogue ... ni même les champignons hallucinogènes que mon abruti de meilleur ami mais également voisin depuis toujours me faisait innocemment manger. Et moi, ne connaissant pas les ingrédients de sa soupe magique, j'avalais de la terre mêlée à des pousses de radis agrémentés d'une touche de glands pour le goût et de chapeau de ces mêmes champignons pour la couleur du plat. À l'époque, nous faisions encore avec les moyens du bord et bordel comme ce temps me manque !
Flash Back
________________________________________
5 Juillet 1991 - 15h34 - Jardin des O'Doneil
« Ne fais pas la forte tête Leen', je suis sûre que ta mère t'as préparé des plats pires que celui-ci ! »
« Ça n'est pas parce que tout le monde sait que ma mère est une pitoyable cuisinière que tu peux te permettre ce genre de réflexion Faolán. » Acerbe, la jeune Eileen fusillait son ami du regard alors qu'il lui tendait une cuillerée de la mixture reposant dans le seau en acier qu'il avait apporté pour l'occasion. Chaque Dimanche était un jour de découverte, d'expérimentation et de fête mis en avant par les "talents" culinaires du jeune Faolán, petit dernier de la fratrie O'Doneil dans le jardin desquels les jeunes amis passaient leur temps libre. L'aînée des Doherty ne pouvait se vanter compter de nombreux amis à son actif mais celui-ci était l'un des plus précieux que le ciel lui avait offert. Même si elle n'était pas démonstrative ni réellement reconnaissante envers ce jeune homme aux cheveux ébouriffés et au sourire éternel, elle savait leur amitié indéfectible. Alors, pour ne pas le vexer, elle englouti le contenu boueux de la cuillère sans grimacer et avala le tout comme s'il s'agissait d'une bonne soupe de potiron, sa préférée.
« Tu vois, c'était pas si terrible que ça ! »
Son regard alla de la cuillère au visage de son ami et son sourire fut la dernière chose dont elle se rappela avant de s'évanouir.
« Il a essayé de la tuer, j'en suis sûre ! Tu connais bien son oncle et sa tante Seoirse, tu t'es même battu avec Gráinne à la dernière pleine lune ... je suis sûre qu'ils ont fait un lavage de cerveau au petit Faolán pour qu'il fasse du mal à Leeny ... » Seoirse, le vaillant chasseur et accessoirement père de la fratrie Doherty fixait la commande de la chambre de son aîné les lèvres pincées tandis que sa femme, Elena, ne cessait de déambuler à grands renforts de moulinets de bras incessants accompagnant la moindre de ses paroles. Son discours était clair, net et concis, l'oncle et la tante du meilleur ami de leur fille étaient des lycanthropes qui essayaient de venger les blessures infligées par les tirs de son mari et le petit ne valait pas mieux que les adultes. « Calme-toi Lena, on va trouver une solution et redoubler de prudence ... Veille sur elle, je vais préparer la cave. » Les yeux de Elena s'arrondirent et sa bouche s'entrouvrit de stupeur. Elle eut l'air de ne pas en revenir et il lui fallut quelques secondes pour retrouver contenance. « Tu ne peux pas ... elle est encore trop jeune ... » Seoirse se leva du bord du lit d'Eileen et croisa le regard d'acier de sa femme sans ciller. La décision était prise, il ne reviendrait pas dessus. Il ne leur restait que trop peu de temps et Eileen devait apprendre les rudiments du métier même si elle n'avait que 6 ans. « Il n'y a pas d'âge pour apprendre à se défendre. Toi même tu avais cinq ans lorsqu'ils ont remplacé ton ours en peluche par une arbalète tout comme moi. Le temps de l'innocence est terminé Elena, n'attends pas pour lui avouer la vérité dès son réveil, je vous attends en bas. »
Elena leva la main pour retenir son mari mais celui-ci avait déjà quitté la pièce lorsqu'elle réagit. Son poing se serra, ses bras tremblèrent et son regard glissa sur le corps immobile de sa seule et unique fille.
Quelques heures plus tard
« Choisis ton arme et suis-moi, fille. »
Elle venait à peine de se réveiller et se sentait encore faible. À peine s'était-elle réveillée que sa mère l'avait entraînée sans un mot au sous-sol de la maison. Elle n'avait pas très bien compris ce qui venait de se passer mais elle se retrouvait finalement devant une table recouverte d'armes aux formes étranges et devait en choisir une. Perdue, la petite fille hésitait, jetant des regards interrogatifs en direction de sa mère dont le visage était impassible. Cette dernière ne la regardait pas, elle ne bougeait même pas mais tenait fermement une arbalète entre ses mains. Son père commençait déjà à se mouvoir en direction d'une grille menant à l'extérieur .... Cette pièce, elle ne la connaissait pas mais reconnaissait l'un des buissons du jardin à travers la grille de fer. Que lui réservaient-ils ... à quoi jouaient-ils ? Elle n'en avait aucune idée mais son choix fut bien vite fait. Certains enfants avaient le choix devant un rayon de jouet, elle avait le choix devant un rayon d'armes ... Elle ne connaissait pas grand chose à la guerre mais pensait que cette épée torsadée en argent appelée katana devait être une bonne arme ... Allaient-ils chasser la banshee ?
À peine sa main se referma-t-elle sur l'arme que sa mère la poussa dans le dos sans rien dire afin qu'elle marche dans les pas de son père. Ce qui l'attendait cette nuit-là la changerait à jamais mais elle n'avait encore aucune idée de ce qui l'attendait ... Le sang, les hurlements, les encouragements de son père et le coup final asséné alors que la créature de trois fois sa taille s'apprêtait à emprisonner son crâne entre ses mâchoires. La bête l'entraîna au sol, son corps fut emprisonné par le corps massif alors que son épée s'enfonçait de plus en plus profondément dans son poitrail libérant un flot de sang qui ne tarda pas à imbiber le tissu de ses vêtements sans qu'elle ne puisse rien faire pour l'arrêter. Les larmes montaient à ses yeux, elle ne pouvait croire à ce qui venait de se passer et ne sentit même pas le corps de la bête glisser sur le côté. Ce qu'elle sentit, c'est qu'une partie d'elle allait se décrocher de sa main et resserra le poing de sorte à ce que l'arme ne la quitte pas ... ne la quitte plus jamais ...
________________________________________
Fin du Flash Back
Récemment, il m'a fallut faire des choix et je perdis trois des personnes que j'aimais le plus au monde au cours d'une nuit quelques heures après que mes parents furent abattus et que je prenne le flambeau pour protéger mes frères.
Je ne sais pas comment il l'avait appris mais Eógan était entré dans une fureur noire et avait tout mis à feu et à sang en à peine quelques heures, le temps pour moi d'aller voir mon amante, de lui confier la peine que j'avais eu à abandonner mes frères pour prendre du recul et retrouver la piste de l'assassin de mes géniteurs. Elle m'avait enserrée entre ses bras et avait été la seule personne capable de me calmer ce soir là. Ses caresses étaient douces, ses mains déboutonnaient habilement ma chemise et se glissaient sur ma peau frémissante déjà bien abimée à l'époque. Ses lèvres chaudes baisaient ma peau avec indécence et je me laissais transporter dans un autre monde, mes soupirs d'aise me berçant. À mesure que les vêtements tombaient au sol, les quelques restes du déni qui avait été le mien glissaient hors de mon être, le long de ma peau là où ses mains s'arrêtaient et ce jusqu'à suivre le même chemin que les pans de tissus jusqu'au sol. J'avais toujours refusé mon destin de chasseuse mais elle, elle m'avait toujours soutenue et ce depuis les premiers jours de mon entrainement. Nous nous connaissions par cœur, étions comme des sœurs et entretenions une relation plus qu'ambigüe depuis nos douze ans. J'avais découvert le plaisir qu'était d'embrasser une femme, de sentir les courbes généreuses de son corps se dessiner sous ma paume et l'espèce d'absolution qu'apportait le fait de se laisser embarquer dans un monde parallèle vers lequel ses étreintes m'emmenaient. Une fois de plus, je m'abandonnais, agenouillée face à elle et laissait de côté la fatalité du monde qui nous entourait le temps d'un soupir.
Je la laissais nue sur sa couche, fermait la porte sans faire de bruit et rentrait dans la cour du bâtiment où nous avions élu domicile mon petit-ami et moi. Quelque chose n'allait pas ... la lumière était éteinte et il n'y avait nulle trace d'Eógan alentour alors qu'habituellement, il finissait le travail assez tôt et m'attendait au coin de la cheminée. Il fallait croire que ce soir là ferait exception. Prudente, je laissais le silence m'effrayer un court instant et songeait déjà à me glisser silencieusement jusqu'à l'endroit où reposait mon arme. Ma main se posa sur la poignée et une odeur de brulé m'incita à me précipiter à l'intérieur. La fumée emplissait l'air, m'empêchant de respirer et les flammes avaient déjà léché l'entièreté du salon, me laissant tout de même le temps d'apercevoir une photo d'Eógan et moi partir en miette. Inquiète, je me précipitais à quatre pattes vers la chambre et n'y trouvais pas trace de mon petit-ami ... au moins, il n'était pas à la maison. Cependant, il avait laissé une trace de son passage sous forme de note accrochée à la porte de l'armoire où étaient rangés nos vêtements. Je me redressais le temps de la saisir et me recroquevillait à terre le temps de la lire.
La vengeance est un plat qui se mange froid, cependant, j'ai pris le temps de faire rosir la chair de ma remplaçante. Cherche bien ... Je t'attendrai à l'endroit de notre rencontre.
Ni une ni deux, je laissais le papier tomber au sol et me levais, agrippant les poignées des portes de l'armoire. Son bras meurtri entra immédiatement dans mon champs de vision. Je le saisis et à partir de cet instant, une forte odeur de chair brûlée emplit l'air. J'ôtais l'alliance de sa mère de son annulaire et le glissait autour du mien la mâchoire serrée, le cœur en miette, la gorge serrée. Je savais déjà que cette odeur de chair brûlée était la sienne et je n'avais même pas besoin de faire le tour de l'appartement pour chercher les pièces détachées de son corps.
Je bravais les flammes pour sortir et laissait l'appartement brûler dans mon dos. Les voisins ne tarderaient pas à se réveiller puisque j'avais enclenché l'alarme incendie en un geste de rage avant de quitter les lieux.
« J'ai toujours su ce que tu étais ... cependant j'espèrais que ton humanité reprendrait un jour ou l'autre le dessus ... »Je n'avais pas pour habitude de perdre mon calme ni de laisser mes émotions me submerger et l'instant où je le vis me tourner le dos au cœur de la clairière de la forêt ne fit que renforcer cette envie de planter mon arme dans son cœur.
« Je t'aimais Eileen ... J'ai juste fait en sorte que la seule barrière entre l'amour que tu éprouves pour moi et ton cœur de pierre tombe. Tu n'avais pas le droit de me trahir de la sorte ... » Ses paroles résonnaient à mes oreilles les faisant saigner. J'étais obsédée par ses muscles saillants agités de soubresauts, sa peau brunie par les flammes et le sang qui recouvrait son corps peu à peu révélés aux rayons de la lune.
« Tu n'avais pas à la tuer Eógan. » Il leva les yeux en direction de la lune, encore masquée par quelques nuages capricieux faisant tomber une lourde pluie. Ses lèvres s'entrouvrirent et un son guttural ressemblant à un rire rauque s'échappa de sa gorge.
« Tu crois ça ? Qu'aurais-tu fait à ma place ? Peux-tu seulement un seul instant te mettre à ma place ... nous sommes à des années lumières l'un de l'autre et nos natures respectives nous poussaient à nous affronter un jour ou l'autre. J'ai réussi à masquer ma véritable nature, je ne voulais pas te perdre mais ... cette femme était la goutte d'eau faisant déborder le vase. Tu vas regretter de m'avoir trompé ! »J'avais toujours su que les histoires d'amour étaient risquées et que j'aurais mieux fait de m'abstenir à son sujet seulement, Eógan était charmant, il avait trouvé les mots pour me séduire et je l'aimais bien plus que je ne lui démontrais au jour le jour ... À ce moment, je savais que je n'aurai jamais le temps de le lui avouer et me mettais en garde, dégainant mon arme prête à le tuer. La pleine lune eut raison de lui, il se laissa tomber à terre et cria ... j'assistais à ma première transformation en direct et, comme immobilisée par ce spectacle, appréciais de voir ce corps se déformer, d'entendre ces os craquer, de sentir l'odeur familière du lycanthrope voleter jusqu'à mes narines. Toutes les conditions étaient réunies pour ma première bataille en solitaire qui promettait d'être redoutable.
À peine la transformation achevée que je sentais son premier assaut me couper le souffle et me clouer au sol. Mes poings frappèrent son poitrail puis ses yeux, l'aveuglant quelques instants. Il lui fallut peu de temps pour récupérer mais ce fut assez de temps pour que je m'échappe de son emprise et tente de l'immobiliser en l'attaquant du tranchant de mon épée au niveau de ses muscles et tendons. Sa chair était épaisse et mes coups furent inefficaces. J'esquivais ses attaques, il évitait sans peine les coups de katana. Un moment d'inattention de ma part fut suffisant pour que sa gueule béante se referme sur mon flanc, perçant mes cotes, se heurtant à mes os et que je me laisse tomber au sol en criant sous le coup de la douleur. Vainqueur, il hurla à la lune avant d'asséner le coup fatal mais fut interrompu dans son élan par une silhouette sortit de nulle part qui vint faucher ses pattes. Le lycan trébucha. La scène se déroulait au ralenti devant le voile brumeux recouvrant mes yeux. J'apercevais le visage familier de mon ami de toujours, Faolán et un poignard planté dans chacune des pattes de Eógan le clouant au sol pour un court instant. Faolán s'approcha de moi, me redressa et se dressa entre le loup et moi. Je croyais être condamnée et sentais déjà mes forces m'abandonner. Le manche du katana glissait entre mes doigts. Si je tenais le coup, c'était grâce à mon meilleur ami et à cette volonté que j'avais de veiller sur mes frères. Faolán, chasseur insoupçonné, se jeta sur Eógan mais ne s'attendait pas à se faire mordre à son tour. Nos regards se croisèrent. L'angle que formait son bras était on ne peut plus inquiétant et la blessure également. Nous savions tous deux que les morsures étaient synonyme de contamination. Nous serions tous deux lycanthropes à moins qu'avec un peu de chance, l'un d'entre nous ne soit épargné ou qu'un coup de malchance nous tue l'un ou l'autre. Un élan de rage me poussa en avant pour un dernier coup .... le coup ultime qui fit se planter ma lame d'argent dans le cœur du loup. J'agrippais le corps de Faolán et nous tombions tous deux à terre, haletants. Tremblants, nos bras enlaçaient nos corps et nous ne nous lâchions plus jusqu'à ce qu'il perde connaissance, me laissant seule face à la flaque de sang entourant le corps de la bête qui reprenait peu à peu son apparence humaine. Je me dressais une dernière fois à leurs côtés et m’agenouillais auprès de l'humain maudit. Les énormes crocs me firent de l’œil et, d'un habile coup de main, je brisais l'un d'entre eux, ôtait une de ses griffes et lui arrachait quelques poils avant de m'évanouir à mon tour, la main posée contre mon flanc mordu.
Quelques semaines plus tardLe visage serein, le sourire accroché aux lèvres, je m'approchais du domicile familial comme si de rien n'était. Je venais de quitter la grange me servant de repère après y avoir enterré les restes inutiles de mon premier meurtre. L'unique relique que j'avais conservé d'Eógan pendait le long du collier en argent entourant mon cou et heurtait doucement ma poitrine à chaque pas. Mes frères m'attendaient sur le pas de la porte et je les serrais tour à tour contre moi.
« Jamais plus je ne vous laisserai ... nous sommes unis que nous le voulions ou non. Je veillerai sur vos petites fesses, ne vous en faites pas, allez, retournez à vos occupations. »À cet instant, je ne voulais pas les inquiéter ni leur révéler ce qu'il s'était passé entre Faolán, Eógan et moi ... tout du moins, pas maintenant. Ni même leur faire part des hallucinations qui m'assaillaient à intervalles réguliers faisant se recouvrir les murs d'une pièces de traces de sang ou de membres arrachés ou encore faire naître un grondement rauque à mon oreille dès que je me détendais. Il m'arrivait même de voir Quinn, mon amante d'antan qui avait péri entre les crocs d'Eógan et dont l'alliance ne quittait jamais mon annulaire. Cela arrivait lorsque je buvais plus que de raison et que je me laissais volontiers entraîner entre des bras délicats et féminins mais pas seulement ... Je ne leur parlais pas non plus de ma miraculeuse guérison ni de la malédiction ayant touché Faolán qui m'avait laissé une lettre il y a de cela quelques jours alors que je le cherchais depuis mon réveil dans cette même grange où il avait veillé sur moi ... je le savais parce que son parfum atypique de musc recouvrait les bandages qu'il avait appliqué mais aussi le mobilier de la grange dans laquelle je me rendrai fréquemment dans l'espoir de le retrouver même si, maintenant, il faisait partie des forces ennemies ...
J'allais les préserver de tout ça et lutter dans l'ombre pour leur survie bien qu'ils ne soient pas directement menacés ... tout du moins, pas pour le moment. Un jour, je découvrirai les meurtriers de mes parents et je les vengerai ...
Je suis Eileen Savannah Doherty et je suis une ... chasseuse ...
On m'a demandé ce qui était arrivé à Eogán et, faisant mine de ne rien savoir si ce n'est l'avoir vu partir alors que nous "rompions" -ce qui devint la version officielle- et ce dont tout le monde se contenta. Les gens avaient pour habitude d'être inquisiteurs et d'avoir une curiosité mal placée ... Ces gens là se heurtaient à mon regard d'un vert éclatant et ne cherchaient pas la petite bête comme effrayés par ce sourire carnassier que j'arborais en toute circonstance. Parfois, il me suffisait simplement de leur souffler au visage et l'odeur du whisky avait raison d'eux. Si je buvais, c'était pour oublier. Tout le monde disait ça mais la plupart d'entre eux disaient ça seulement pour cacher leur addiction aux breuvages alcoolisés tandis que je disais la vérité. J'avais beau aimer l'alcool, rien n'était dorénavant plus efficace qu'une bonne bouteille et ce même si je n'en avais pas vraiment les moyens. Seulement, je dois bien avouer que sans Quinn et sans aucune remplaçante au poste, le prêtre du village et mes confessions ne sont pas suffisantes pour faire taire ces murmures, hurlements de loup et apparitions de la jolie blonde aux joues rosées. Alors, parfois, lorsque je n'en puis plus, que le comportement de Ciarán menace d'avoir raison que moi et que les mots rassurants de Aiden ne sont pas suffisants, je m'échappe en forêt, grimpe aux arbres, dors sur un tapis de feuille, me nourris de baies et d'eau de source et fuis la réalité. Souvent, je reviens quelques heures après avoir été libérée de mes chaines et me remets à mes tâches de chef de famille. Remplir les papiers ne m'a jamais semblé aussi désespérant ni même élever un adolescent immature ... Les responsabilités qui sont les miennes ne devraient pas l'être. Alors que notre père a passé l'arme à gauche et que notre mère a disparu, Aiden et moi nous retrouvons à une place que nous ne devrions pas occuper. Pas suffisamment diplômés, nous ne pouvons prétendre à occuper un poste à haute responsabilité et mon emploi à la librairie me suffit amplement. J'ai assez d'un chat à fouetter à la maison pour avoir sous ma coupe une dizaine d'employés à manager. Les livres quant à eux sont silencieux et apaisants. De même que les habitants venant en acheter et qui me conseillent le dernier film en vogue encore à l'affiche au cinéma lorsqu'ils connaissent mon amour pour les œuvres cinématographiques. Il arrive même aux plus agréables d'entre eux de me proposer de m'emmener au théâtre ou à l'opéra et je refuse très rarement. Les plus sauvages préfèrent me retrouver au bar et partager une pinte avec moi avant de me voir partir à la chasse d'une jolie jeune femme. Ma bisexualité semble d'ailleurs en surprendre plus d'un moi y compris sachant que mon cœur n'a appartenu et n'appartiendra qu'à une seule femme : Quinn. Cependant, je refuse de m'attacher une fois de plus à quelqu'un ... les relations d'un soir me suffisent et je n'ai pas de temps à offrir à un homme. J'en ai déjà deux à la maison et c'est amplement suffisant.
burnt by night.
copyright empty spaces.