STAN' & HARV'

i was at home, asleep : the characters in my dream can vouch for me

Une librairie, ou un des nombreux paradis selon Harvey. Il avait des allures de beau gosse, mais sa tête n’était pas vide et il pouvait difficilement survivre à la journée s’il n’avait pas un livre sur lui. Le problème, c’est qu’il devait avoir lu tous les livres de Cahir… Heureusement qu’Amazon existe parfois, même s’il préférait le parfum des espaces remplis d’ouvrages. Alors qu’il réglait la note relativement élevée, il aperçut une jeune fille avec dans les mains deux livres. Tout le monde aurait trouvé cela impressionnant s’ils n’avaient pas été des sagas Twilight et Fifty Shades. Il ne put s’empêcher de lui en toucher deux mots. « Si c’est de la tension sexuelle que vous désirez dans les livres, lisez plutôt Les Liaisons Dangereuses. Que vos lectures participent au moins à votre éducation ! » Il salua la libraire et quitta les lieux sans attendre de réponse. Il ne faisait pas très chaud mais la température était, sans hésitation, au dessus des normales de saisons à Cahir. Il déposa ses nouvelles acquisitions dans le coffre de sa (très) jolie voiture qui faisait toujours un peu d’effet dans une ville aussi petite, même si les riches ici ne manquaient absolument pas. Il déposa son gilet sur le siège passager et quand il referma la porte, ses yeux passèrent sur une personne qu’il connaissait tout à fait bien. Il leva le bras pour l’appeler et alors qu’il allait ouvrir la bouche pour l’interpeller, sa tête cogna fortement contre la voiture. Heureusement qu’il avait la tête dure, il ne vit pas de sang couler sur la vitre. Il reconnut la voix du chef de la police de Cahir. « O’Malley, t’es en état d’arrestation ». D’habitude, il savait pourquoi mais là, il n’en avait absolument aucune idée. Il avait une relation très spéciale avec cet homme. De la haine et de l’amour à la fois… Non, en fait, que de la haine. Harvey avait passé une bonne partie de sa vie au commissariat, et le Chef avait passé une bonne partie de sa vie à lui passer les menottes aux poignets. « En quel honneur ? Les livres que je viens de me procurer ne sont pas interdits à Cahir au moins ? Ils m’ont l’air passionnants ! » Sa tête s’appuya encore plus fort contre le métal. « Te fous pas de ma gueule. Je t’arrête pour homicide ».

Sur tout le chemin, cette phrase qu’avait prononcée son « ennemi » humain de toujours n’avait que trotter, galoper, tourner en rond. Elle faisait tout sauf s’effacer. Il n’en croyait pas ses oreilles. Homicide ? Comment un humain normal pouvait l’arrêter pour meurtre alors qu’il ne connaissait pas les conflits loup-chasseurs… C’était forcément pour autre chose, pas pour la petite bataille à la Rivière. Le seul problème… C’est qu’il n’avait tué personne. S’il le pouvait, il ne tuait pas. La rivière avait été la seule exception depuis longtemps. Et puis, il avait vu Stanley se faire arrêter aussi. Lui n’y était pour rien dans la Grande Querelle. Le bonhomme flic avait-il trouvé un truc sérieux pour les mettre en prison jusqu’à la fin, afin qu’il puisse passer à autre chose que le duo « Stan’ & Harv’ » ? On le menotta à une table à la vue de tous, et Stanley ne mit pas beaucoup de temps à le rejoindre. Ils n’étaient pas côte à côte, mais ils n’avaient pas besoin de crier pour s’entendre. « Psst ! Stan’ ! Toi aussi ? On m’arrête pour homicide ! » Harvey fit une grimace qui montrait tout à fait son incompréhension quand un des policiers lui donna un coup derrière la tête pour l'inciter à se taire. Il soupira.

Il était sûr de lui et il saura quoi dire à son avocat et au juge si on en arrivait jusqu'à un procès : NON COUPABLE.