c'est le récit d'la forêt uesh.

you can hear me cry, see my dreams all die. it's so quiet here and i feel so cold, this house no longer feels like home.

« Fais un petit effort, monte dans la voiture… »

« NON ! J’ai pas envie, tu comprends pas ?! J’ai rien à dire à un psy ! »

« Mais si, tu verras ! C’est pour toi que je fais ça, tu verras, tu te sentiras mieux après »

« Quoi, il va me dire qu’il existe un moyen de faire revenir James ? »

« … Non… Mais il saura comment te faire évacuer ta tristesse et ce que tu as sur le cœur »

« Rien à battre. Je suis malheureuse, je veux qu’on me rende mon James. Et si personne ne peut faire ça, bah qu’ils aillent se faire foutre »

« KENDRA !! Ca… Ca suffit ! Tu iras, un point c’est tout ! »

J’étais montée dans la voiture malgré mes réticences. Ma mère voulait que j’y aille ? Très bien, j’allais y aller, mais je n’allais certainement pas me confier. Comme-ci j’allais raconter des trucs perso à un mec que je ne connais pas, et lui dire ce que je ressens. Déjà que je ne le dis pas à mes proches alors un parfait inconnu, certainement pas. Dans la salle d’attente, je regardais les gens, en les dévisageant « Bordel, ils ont tous l’air timbrés », pensais-je. Dès que le psy sortit de son cabinet pour m’appeler, je lui lançais un regard noir, ainsi qu’à ma mère. J’étais sortie en courant, et j’avais fait un caprice magnifique en pleine rue pour ne pas y aller. Finalement, elle a cédé et nous sommes rentrées. Il nous a fallu des semaines avant que j’accepte d’y aller… Un jour, voyant ma mère triste parce que je ne me confiais pas, j’avais accepté de m’y rendre. Une fois arrivée dans le cabinet, je m’asseyais sur un gros fauteuil en cuir, juste en face de lui et celui-ci prit un carnet sur lequel quelques phrases étaient gribouillées.

« Kendra… Ravi d’enfin vous rencontrer, je suis le docteur Graham. Si vous êtes ici, c’est parce que quelque chose d’affreux est arrivé il y a deux mois de cela… Comment vous sentez vous ? »

« Pas bien et arrêtez vos euphémismes pourris. « Affreux », c’est quoi ça ?! Mon frère est mort, parce qu’il s’est fait assassiné, c’était une boucherie et j’ai tout vu alors dites les choses comme elles sont !! »

« Excusez-moi… Je… Nous allons commencer doucement… Parlez-moi un peu de vous, Kendra. »

« Euh ok… Je m’appelle Kendra… c’était le nom de ma grand-mère maternelle, que j’ai jamais connu. Je suis née le vingt mars, j’ai quatorze ans. Mon père, Kurt a reçu un héritage important, ce qui fait qu’il a stoppé son activité de médecin et ma mère, Kaylie était infirmière mais elle a préféré arrêter elle aussi. On a tellement d’argent que j’ai même pas besoin de travailler, je suis sure d’avoir de l’argent si mes parents foutent pas tout en l’air d’ici ma majorité. Je suis née à Los Angeles, mais pour une raison qui m’échappe totalement, juste après ma naissance, mes parents ont décidé de venir dans cette ville pourrie qu’est Cahir. Au début, j’aimais pas cette ville, après j’ai commencé à m’y faire, et là, après ce qui est arrivé, je la déteste de nouveau et ça ne changera pas. »

« Bien… Comment se passent les cours ? »

« J'sais pas trop. Je me sens totalement perdue au milieu de tous ces gens, que j’ai du mal à supporter. Aucuns de mes amis ne sont dans ma classe, ce qui fait que je vais en cours à reculons. On m’a dit que j’étais très intelligente, que j’avais des facilités et tout donc c’est pour ça que je m’ennuyais… J'aime bien travailler mais je préférerais le faire chez moi. Fin bref, moi je m’ennuie parce que les profs sont chiants, les gens sont nazes, y a des enfants bizarres, je me demande vraiment d’où ils sortent.. A croire que Cahir c’est un refuge pour débiles chtarbés… J’suis limite vexée d’être dans une école pareille. »

« Vous avez beaucoup d’amis ? »

« Ouais… Fin… Je suis assez amicale. Je vais jamais vers les autres parce que j’aime bien la solitude. Quand je suis pas avec mon frère, je préfère rester seule. Mais je fais des efforts, je sais pas je dois attirer les gens, du coup ils viennent vers moi et quand on vient me parler, je suis gentille et je me fais facilement des amis. J’en ai pleins mais des vrais vrais amis, j’en ai pas beaucoup. J’me méfie enfaite parce que mes parents sont pas discrets, ils montrent qu’ils sont riches du coup, y a des gens qui viennent juste pour squatter mon confort, ou il y en a qui me détestent parce qu’ils sont jaloux alors que j’les connais même pas… Faut voir les envieux quoi… »

« D’accord… Et, vous avez des hobbies ? »

« Ouais j’en avais. Je jouais au basket, au foot, au tennis, à la console, je me battais, j’allais au cinéma, au magasin, j’allais sortir le chien tôt le matin pour profiter du parc, je mangeais des cochonneries en regardant des films d’horreurs en cachette, je me couchais à pas d’heures, je faisais des cabanes, j’allais nager… je faisais pleins de trucs. »

« Faisais ? Pourquoi ça ? »

« Bah parce que mon grand frère est mort !! »

« Vous n’aviez qu’un frère ? »

« Ouais, je n’avais que James. »

« Pourquoi ne pas faire tout ça avec vos parents, ou vos amis proches ? »

« Parce que mes parents se fichent de moi. Ils sont occupés à dépenser leur argent. Ils me traitent comme une moins que rien. Ils ne servent qu’à payer les factures, et la bouffe. Puis mes amis, j’men fout d’eux. Je fais mes devoirs avec, je passe le temps et basta. Si je pouvais, je les échangerais pour récupérer mon frère… »

« Vous savez, ce n’est que le commencement de votre vie, vous ne resterez pas toujours seule, dans votre coin, à ne rien faire. Vous aurez besoin de soutient et de compagnie à un moment mais pour l’instant, c’est nor… »

« Pffff, elle craint ma vie ouais. Y a rien qui me donne envie de m’amuser. La maison est calme, mes parents sont silencieux, les gens sont inintéressants… Faire tout ce que je faisais avec James, ça n’a plus aucun intérêt sans lui maintenant. »

« Ca ira pour aujourd’hui. »

« C’est tout ??? »

« Oui, j’ai entendu ce que je désirais entendre. Vous avez fait de gros efforts, je sais que vous êtes très isolée en ce moment, vous ne voulez parler à personne, ni même pour dire bonjour alors… Je vous félicite et vous remercie de vos efforts et j’espère que la prochaine fois, nous pourrons… Vous voyez, aborder des sujets plus profonds… »

Je lui faisais un simple signe de tête pour acquiescer les propos du docteur puis je me levais pour quitter son cabinet sans même me retourner, ni le saluer.

« A la semaine prochaine, Kendra. »

Ma mère était très satisfaite en me voyant remonter dans la voiture, « Alors, c’était pas la mort tu vois. » . Je la regardais. « C’était pas la mort » ?. Je la dévisageais brièvement avant de regarder par la fenêtre: « La mort ? Vraiment ? LOL. Bon, tu démarre ?! »

La soirée avait été longue et comme chaque soirs depuis deux mois, terriblement ennuyeuse. J’avais un ordinateur, un portable, une télé, une console, des livres, des cahiers pour écrire… Tout ce qui fallait pour se divertir, s’occuper l’esprit, passer le temps mais pourtant, rien ne me convenait. Je voulais mon frère, pas un putain d’objet débile. Depuis que James était mort, je partais en live. Tout ce qu’il m’avait apprit : la politesse, la patience, le respect et une philosophie optimiste de la vie, s’était brutalement envolée avec lui. En public, je faisais des efforts, juste pour que James se rende compte qu’en société, son travail n’avait pas été vain avec moi mais à la maison, j’étais horrible avec mes parents, qui tentaient tant bien que mal de retisser des liens que nous n’avons jamais eut ensemble. Durant le repas, durant lequel je ne mangeais pas, comme toujours, ma mère prit la parole, mon père n’étant pas là « Kendra… La vie ne s’arrête pas, tu as la chance d’être vivante… Profite pour ton frère… » . Elle avait goulument avalé ses haricots, et moi, j’avais laissé tomber ma fourchette avec laquelle je massacrais mes haricots, outrée « La vie ne s’arrête pas ?! Ca fait deux mois et tu dis déjà ça ?! C’était ton fils, MERDE ! Fais au moins semblant !!!!!!! J’aurais préféré crever que de rester seule avec des parents comme vous ! ». Je m’étais levée brusquement, frappant dans la carafe d’eau en cristal. Mon père était revenu, il était dans la cuisine et venait d’entendre mes propos. Je tombais nez à nez avec cette enflure, qui me plaquait contre le mur. Il était terrifiant, jamais je n’avais eut aussi peur de lui… En temps normal, il était inquiétant sans plus et violent mais ce soir… Il était particulièrement effrayant. Il était pâle, son souffle était saccadé, il était dans une rage folle, je le voyais dans son regard. Ses pupilles étaient incroyablement noires et dilatées.. J’avais frissonné en croisant malencontreusement son regard « Tu ignores TOUT alors je te conseille de plus jamais dire des choses pareilles sinon… tu vas le rejoindre plus vite que tu n’le pense, Kendra ».. Je m’agitais pour me dégager, et son sourire terriblement sadique et effrayant m’avait glacé le sang. J’étais partie à l’étage, me réfugier dans ma chambre. Jamais mon père, dans ses excès de violence n’avait proféré de tels propos… Je me posais un tas de questions suite à ce « tu ignore tout »… Plus je me posais des questions, plus j’avais peur… C’était décidé : je ne ferai aucun effort avec mon père, de peur qu’il ne mette ses menaces à exécution. C’est vrai, je ne le connaissais pas vraiment. Je ne connaissais pas son passé, ni son caractère, ni de quoi il était capable. J’avais verrouillé ma porte, puis j’étais allée me couchée immédiatement, pour arrêter de penser à tout ça…

Après une nouvelle nuit passée à cauchemarder et à revoir la mort de mon frère, je m’étais levée de très mauvaise humeur. J’avais prit une douche, durant laquelle je ne m’étais pas rendue compte que l’eau était brûlante, et que ma peau risquait d’en prendre un sacré coup. Ce n’est qu’en sortant de la douche que je découvrais toute la buée ainsi que ma peau rougit par la chaleur de l’eau dans laquelle je venais de passer de longues minutes. Je suppose que mon esprit qui était complètement ailleurs, et la douleur que je ressentais à l’intérieur était trop forte pour qu’une douleur physique ne me fasse un quelconque effet… J’avais rendez-vous tôt avec le psy ce matin, et je me demandais quel genre de questions il allait me poser. Durant le petit déjeuner, il n’y avait que mon père et moi, ma mère dormait encore. C’était lui qui allait m’emmener. Il faisait mine de lire son journal, mais il me fixait pendant que je croquais avec dégoût dans une pomme, que je mâchais difficilement : je ne pouvais plus rien avaler, et le peu que j’avalais, je ne pouvais pas le garder… Je fixais moi aussi mon père, mes yeux cernés lui faisaient sans doute comprendre « ne m’emmerde pas, c’est pas le jour »… Il avait eut un petit rire ainsi qu’un sourire narquois en me voyant reposer ma pomme et me lever pour partir, oppressée par son regard insistant. Dans la voiture, je m’étais installée à l’arrière pour ne pas me mettre trop près de lui, et nous n’avions pas échangé le moindre mot durant les vingt minutes de trajet. Une fois arrivée, j’étais descendue en vitesse de la voiture pour me rendre dans le cabinet du docteur Graham. La séance avait commencée, et par la fenêtre, je pouvais voir mon père, appuyée contre le capot de la voiture…

« Euh excusez moi… Vous pouvez fermer le store ? Le soleil me dérange… », avait été la seule excuse que j’avais trouvée pour ne plus sentir le regard de mon père durant mes confessions. J’avais remercié le docteur une fois qu’il s’était exécuté puis nous reprenions.

« Quel lien entreteniez-vous avec James ? Une relation frère/sœur ordinaire, avec des hauts et des bas de temps à autre ? Comment cela se passait avec lui ? »

« Que des hauts, jamais de bas… Le seul bas qu’il y a eut, c’est sa mort. James et moi, on se disputait jamais. On se chamaillait, on se taquinait, mais c’était jamais méchant. On ne s’est jamais disputé en s’insultant, en se disant des trucs horribles du style « t’es une erreur de la nature » ou encore « j’aimerai que tu meurs ». Jamais. Il se confiait toujours à moi malgré mon âge, il me prenait pas pour une gamine, il me réconfortait, me protégeait quand je me sentais en danger, il me rassurait quand j’avais peur. Puis parfois, il sortait le soir, et je refusais qu’il parte alors il annulait et il restait avec moi. J’ai jamais vu quelqu’un d’aussi patient. James jouait toujours avec moi, même à des trucs chiants… J’crois même qu’il avait accepté que je le maquille un peu pour m’amuser… J’ai énormément apprit avec lui, sur la vie en générale et sur un tas d’autres trucs. On se disait tout. Il n’était jamais envahissant, il savait comment s’y prendre pour me parler, pour me donner des conseils, pour me sermonner quand j’allais trop loin et tout ça… Jamais il n’a élevé la voix contre moi, pourtant j’étais un petit démon parfois… James, c’était LE frère parfait… Et au-delà du frère, c’était un homme bien, qui aurait eut une vie et une carrière brillante et aussi parfaite que lui. .. Mais il a fallut qu’un taré le massacre… »

« Un grand frère dont tout le monde rêve visiblement… Et comment cela se passait à la maison ? James semblait bien plus présent que vos parents… »

« Ouais… Bah ça se passait mal. Franchement, je suis loin d’être débile. Mes parents sont blindés. Mon père est une ordure, ma mère est stupide ; l’argent les a transformé. Moi, je les aime pas. Déjà parce qu’ils n’étaient jamais à la maison avec nous, ils se payaient des voyages, faisaient leur vie comme-ci on n’existait pas. Du coup, c’est James qui m’a quasiment élevée. Les rares fois où ils étaient à la maison, ma mère refusait de jouer avec moi, mon père prétextait un manque de temps pour m’aider à faire mes devoirs, ils me hurlaient dessus et mon père était violent avec moi parce que je ne lui obéissais pas… Bah ouais, d’où il me donnait des ordres ? J’veux dire, j’obéissais à James parce qu’il passait son temps avec moi, et j’avais bien compris que je devais l’écouter… Puis quelqu’un de patient et de gentil c’est plus agréable qu’un gros con violent et impulsif qui pète un câble pour un rien. Fin bon…. James s’entendait pas bien avec eux non plus, parce qu’il disait la vérité, et il constatait que je grandissais très rapidement et sans mes parents ; chose qui n’était pas normale. Puis il leur faisait comprendre que malgré son envie, il ne pourrait pas rester ici pour toujours et qu’ils devaient quand même assumer leur rôle de parents. Et comme c’est des abrutis, ils avaient réglés leurs comptes parce qu’ils se sentaient insultés et tout le bordel… Ma mère avant, elle me jetait dans ses bras pour qu’il s’occupe de moi, pareil pour mon père qui ne me regardait même pas et juste après ce règlement de compte, ils hurlaient sur James parce qu’il voulait jouer les grands en s’occupant de moi, et mon père lui avait dit qu’il devait rester à sa place. Juste pour vous dire, c’est James qui allait à l’école pour mes spectacles moisis, qui allait aux réunions, qui m’aidait à faire mes devoirs... En plus, personne ne pouvait le relayer car ma famille habite au Canada et mes parents préfèreraient crever plutôt que d’annuler un sublime voyage alors le pauvre, il avait déjà une gosse sur les bras alors qu’il n’était même pas père… »

« Vous n’avez jamais demandé à vos parents pourquoi ils se comportaient ainsi ? Peut-être qu’ils vous ont confié exprès à James parce qu’ils ne voulaient pas gérer un autre enfant… Cela arrive souvent, dans une situation de désespoir, on confie le plus jeune à l’aîné… Sans vouloir vous blesser, je ne fais que rapporter des faits… »

« J’ai pas de dialogue avec mes parents. On se gueule dessus et basta. Et ce que mes parents pensent de moi, ça me blesse pas. S’ils savaient le quart des choses que je pense d’eux, ils seraient bien plus choqués que moi. Et arrêtez de trouver des excuses, l’avortement ça existe, personne ne les a forcé à me garder.. . »

« Personne, vous êtes sure ? »

« …James…. »

« Eh oui, il rêvait probablement d’avoir une petite sœur ou un petit frère… Alors, il a convaincu vos parents… »

« Bordel, même avant que je sois née, il m’aimait… »

J’avais commencé à pleurer, et le psy m’avait tendu sa boîte de mouchoir et m’avait serré la main comme pour me calmer. Après quelques minutes passées à pleurer, j’avais essuyé mes larmes pour reprendre la séance au plus vite… J’en avais assez… On entrait trop dans les détails, j’allais craquer…

« Kendra… Désormais, nous allons aborder des sujets plus sérieux… Prenez votre temps pour répondre et si vous souhaitez ne pas le faire, je comprendrais parfaitement. Bien ?... Vous étiez présente lors du meurtre de James, n’est-ce-pas ? »

« Oui… »

« Que s’est-il passé ? »

« Vous savez, j’ai déjà vu la police pour raconter… »

« Je sais mais vous n’avez pas pu vous confier, ici, c’est différent, tout reste entre nous, et cela ne sort que pour vous soulager… »

« James était bizarre depuis quelques jours… Il ne semblait pas dans son assiette du tout mais il faisait comme-ci tout allait bien. Il était pareil que d’habitude avec moi mais lorsqu’il était avec mon père ou ma mère, je sentais une tension incroyable, pire qu’avant… Tous les soirs, dès que James sortait pour prendre l’air, sans moi, car il me disait qu’il ne fallait pas que je sorte aussi tard, mes parents le suivait avec deux mallettes… »

« Deux mallettes ? »

« Bah ouais, des mallettes et NON je sais pas ce qu’il y avait dedans… »

« Très bien, reprenons alors. Il était bizarre, dans quel sens ? Qu’avait-il ? »

« Il… Il était angoissé en permanence. Il avait l’air malade, il devenait nerveux une fois la nuit tombée et il était très impulsif. Il s’énervait tout seul, il marmonnait des choses à l’intention de mon père… Je trouvais ça bizarre mais je me disais qu’il pétait juste un câble, il avait le droit vu comment mes parents lui menait la vie dure. »

« Vous ne l’avez pas emmené à l’hôpital ? »

« Il m’avait dit y être allé deux fois déjà, mais qu’ils ne trouvaient rien. James me disait qu’il était fatigué et que c’était surement un coup de mou… Et comme il savait quoi dire et quoi faire pour me rassurer, je m’en faisais pas pas trop. »

« Vous pensez qu’il se doutait que quelque chose allait se produire ? Quelque chose qui aurait pu expliquer son anxiété… »

« Ouais je crois... Il m’avait parlé d’un type qui lui tournait autour. Un jour, on était allés se promener et un gars nous suivait dans une voiture sombre… Et le soir où James est mort, cette voiture était devant la maison… La police a pas retrouvé cette maudite voiture, elle avait pas de plaque et ils l’ont retrouvé dans une casse, sans empruntes ni aucun indices… »

« C’est vous qui avez prévenu James que quelque chose clochait ? »

« Non, moi j’ai juste vu la voiture ! James lui, a entendu du bruit, et a vu la porte de derrière, celle qui donne sur le jardin, était entre-ouverte. On était que tous les deux. Mes parents n’étaient pas à la maison, moi je devais aller chez une copine pour dormir mais finalement, j’avais décidé de rester avec mon frère parce que je sentais que quelque chose allait vraiment mal… Au début, j’ai cru qu’il allait quitter la maison sans rien dire à personne et parce qu’il avait vraiment insisté pour que je m’en aille cette nuit là. Puis après j’ai pensé qu’il allait peut-être ce suicider, donc je voulais le coller un maximum pour être sure que James n’allait rien faire… Et en réalité, s’il voulait que je m’en aille, c’était parce qu’il voulait me protéger… »

« Qu’a-t-il fait quand il s’est rendu compte que la porte était ouverte et qu’il y avait du bruit, Kendra ? »

« J… James m’a dit d’aller me cacher dans la cave… »

« Pourquoi donc dans la cave ? »

« On… On avait découvert une sorte de passage secret à un endroit, tout au fond de la cave, là où il fait le plus sombre. Il y avait des marques comme-ci c’était une cave à vin autrefois… Et mes parents avaient mit une grande armoire moche devant ; la cave c’est un débarras. Ils ne se doutaient pas une seule seconde qu’on se cachait dans cette petite pièce qu’on avait aménagée comme on pouvait… »

« Une sorte de refuge secret, les enfants adorent ça… Et que s’est-il passé ensuite Kendra ? »

« Je lui ai demandé ce qu’il se passait, il m’a dit de courir jusqu’à la cave, de me cacher, et que je ne devais pas m’inquiéter. Il m’a serré dans ses bras, tellement fort que j’en ai eut la respiration coupée… Il m’a dit qu’il m’aimait fort et que dès qu’il dirait notre code, j’aurais le droit de sortir… J’ai fais tout ce qu’il m’a dit puis, j’ai entendu des bruits de pas venant des escaliers de l’étage. Il y avait deux hommes, qui parlaient fort et qui n’avaient pas l’air d’être sympa. J’entendais des bruits qui ressemblaient à ceux d’une bagarre… J’avais qu’une envie, sortir et aider James… Mais je n’avais pas le droit… Puis… Ils sont descendus à la cave… Il y avait un petit trou dans le mur, par lequel je pouvais voir ce qui se passait… Et… Ils ont commencé à… », je mettais mes mains sur mon visage pour cacher mon visage inondé de larmes. Le psy reprit, d’une voix douce

« Ils ont fait du mal à ton frère… ? »

J’avais relevé ma tête pour acquiescer ses paroles, toujours en pleurant. Je reprenais, la voix tordue par mes sanglots

« James criait, c’était horrible… Je souviens, il disait “ma soeur a besoin de moi, foutez moi la paix ! C’est mon père ! C’est lui ! », mais plus il parlait, plus ils s’acharnaient. James regardait dans la direction du trou ; il devait se douter que je regardais… Je pouvais deviner son regard plein de larmes me fixer… Je sentais qu’il me disait que les choses allaient empirer, et que je devais arrêter… Arrêter de regarder cette horreur… Je m’étais bouchée les oreilles et installée dans un recoin, par terre… Je me retenais de pleurer pour ne pas qu’un bruit de sanglot vienne perturber le silence dérangeant que suivait chaque moment de torture. Je m’étais dit que prier, c’était pas con sur le coup. On allait souvent à l’église, tout ça… Alors j’ai prié, prié de toutes mes forces. Je devenais rouge tellement je priais fort, je serrais tellement les dents que je m’en faisais mal, et mes mains me faisaient mal tellement je les serrais fort… Puis… J’ai entendu un cri terrifiant, une longue agonie et un corps tomber sur le sol… »

Je serrais tellement fort les accoudoirs du fauteuil en cuir que j’avais fait une marque ignoble. Je pleurais tellement, que je fis un malaise… Après mon réveil, le docteur Graham me dit

[color=darkgray] « Ca va aller, Kendra ? C’est tout pour aujourd’hui… Je suis désolé que tout cela vous mette dans un tel état mais vous savez… »

« Ouais ouais c’est normal, c’est tout récent blabla ! Mais ce qui s’est passé, ça me hantera TOUTE MA PUTAIN DE VIE. J’AI QUATORZE PIGES ET J’AI VU MON FRÈRE SE FAIRE TORTURER ET MASSACRER. JE SUIS RESTÉE DE LONGUES MINUTES AGENOUILLÉE DANS SON SANG EN ATTENDANT LES URGENCES ET LA POLICE… IL A EXPIRE UN « DÉSOLÉ, JE T’AIME » ET IL EST PARTI ! IL A ATTENDU QUE JE SORTE, IL A GARDE DES FORCES POUR ME DIRE CA… VOUS RÉALISEZ PAS QUE C’EST DES CHOSES QU’ON OUBLIE PAS ! UN DÉCÈS, CA VOUS RONGE TOUJOURS, QUI PLUS EST, UN MEURTRE. Alors arrêtez vos putains de conneries. Je reviendrai dans deux semaines, parce que j’en ai plein le cul qu’on tente de m’aider. En parler, ça me fait pas de bien, parce que même si je me confie un minimum, y a des choses que je ne vous dirais JAMAIS. Ni vous, ni a personne ! Sur ce… » , je balançais le chèque de la séance sur le bureau et je m’en allais, claquant violemment la porte.

Le psy était complètement retourné par mon attitude, mais en parler m’avait fait entrer dans une rage folle… Je rentrais comme une furie dans la voiture, claquant la portière et je croisais les bras, les yeux pleins de larmes. En me voyant arriver comme ça, mon père avait marmonné un « hystérique ». Pfff quel con ce type. Une fois rentrée, je m’étais enfermée dans ma chambre, pour réfléchir à ce que j’avais raconté au docteur Graham. Je me souvenais qu’en sortant de la cave après avoir appelé les secours, je m’étais précipitée dans le salon pour voir la voiture partir… Un homme qui allait rentrer dedans avait regardé dans ma direction et avait sourit. Je m’étais vite cachée mais je savais qu’il m’avait vu… Ces enfoirés savaient que j’étais là, c’est pour ça qu’ils ont torturé mon frère dans la cave… Si j’avais pu, j’aurai attrapé mon gun pour les défoncer mais je n’avais rien pu faire d’autre que pleurer et pleurer, et encore pleurer. Mes parents étaient revenus en catastrophe en apprenant la nouvelle bien entendu. Ils avaient rangé dans le garage leurs affaires, et j’avais remarqué des armes…

« Vous êtes allés chasser ? »

« Euh non, on est allés à un stand de tirs pour se défouler un peu ! », avait répondu ma mère, les larmes aux yeux.

« Ah ok… J’espère que vous vous êtes amusés pendant qu’il se faisait massacrer. »

J’étais resté avec la police pour tout raconter, en essayant de donner des informations sur les personnes mais je n’avais pas les idées claires… Rien n’allait, mon monde venait de s’écrouler…En repensant à tout ça, je me mettais à pleurer. Je feuilletais ensuite un album avec un tas de photos de James et moi, puis je souriais, je riais… Je passais par plusieurs émotions en quelques secondes en repensant aux moments où on nous avait prit en photos… Tout cette époque était révolue, et je n’avais plus que ces photos, vestiges de ce passé sans nuages, qui ne laisserait place qu’à un futur triste, amer et orageux. Au bout de plusieurs heures, j’avais fait ma prière à l’intention de James, j’avais embrassé la photo de nous deux sur ma table de chevet, puis j’avais enfilé son t-shirt avec lequel il dormait et je m’étais endormie…

Le temps passait, les disputes avec mes parents s’enchaînaient et mes rendez-vous chez le psy aussi. Depuis le jour où j’avais pété un câble, s’était écoulée une année et demie durant laquelle j’étais tombée dans une spirale infernale ; pensées suicidaires et tendances anorexiques. Mes visites chez le docteur Graham se ressemblaient ; je disais toujours la même chose « Je peux plus supporter cette ville… Je veux m’en aller », « James me manque, j’aimerai le rejoindre… Rien ne me retient ici… Je n’ai plus d’amis… Personne me comprend, je suis seule… », « Je sais pas comment je vais m’y prendre encore mais dès que j’aurais trouvé, rien ne pourra m’arrêter. ». Les anti dépresseurs peinaient à faire effet et les séances ne servaient pas à grand-chose. Entre mes parents, ça n’allait pas, et les disputes à la maison me mettaient encore plus mal à l’aise. Ca pétait, mais de manière phénoménale à la maison… Un jour, ma mère a décidé de s’en aller, nous laissant moi et mon père, à Cahir. Une maison que je détestais, une ville que je ne pouvais plus supporter, et une personne qui m’effrayait et que j’avais envie d’étriper à chaque remarque désobligeante qu’il me faisait. Heureusement que mon père ne m’aimait pas, car j’avais réussi à partir pendant les fêtes de fin d’année voir au Canada, pour y rejoindre ma mère et sa famille. Mon père m’avait dit, en me jetant les billets en pleine face « Tu ne pourras pas fuir éternellement, alors profite, c’est ton dernier voyage. ». Encore une menace… J’en avais parlé à ma mère et à sa famille, et honnêtement, à part un cousin sympa, tout le monde s’en fichait de moi, et ils étaient tous aussi débiles que ma mère. Amazing… En tout cas, j’avais réussi à m’éloigner de mon père pendant quelques semaines, alors je pouvais bien supporter des abrutis… Le soucis, c’est qu’une fois la date du retour approchant, j’étais hésitante et j’avais supplié ma mère de me laisser ici encore un petit mois. De toute façon, j’avais abandonné les cours, j’y allais rarement, et je me rattrapais comme je pouvais, refusant qu’on m’aide… A quoi bon me ruiner à l’école, étant donné que j’avais l’intention de mettre fin à mes jours prochainement… ? Bah ouais, soyons logique… Bref, c’est juste après mon seizième anniversaire que j’étais revenue à Cahir, laissant ma mère avec sa famille au Canada. Elle ne reviendra pas, et c’est tant mieux… Pendant ses trois mois ensemble, nous nous étions pas mal rapprochées et elle m’avait confiée un tas de choses sur mon père, qu’elle détestait plus que tout. J’avais apprit qu’il était un chasseur de créatures assez particulières, photos à l’appuie. Mais je ne la croyais pas, j’avais conclu « C’était trop beau pour durer, fallait que tu me prennes pour une conne ! Des loups-garous.. Pourquoi pas des vampires… AH et des zombies aussi !! » avant de quitter sa chambre pour aller faire un tour.

Il fallait que je vérifie quelque chose… A mon retour, j’avais constaté que les rideaux de l’ancienne chambre de James étaient tirés, la porte verrouillée… Du coup, j’étais passée par la fenêtre un soir où mon père n’était pas là… Etant verrouillée, j’avais brisé le carreau histoire de pouvoir entrer. La chambre de James n’avait pas changée, si ce n’est qu’un tas d’armes étaient entreposées. J’avais fouillé les sacs, pour trouver des balles et des objets particuliers… En cherchant sur internet, ces armes correspondaient à celles utilisées dans les légendes, pour tuer les loups-garous… What the hell, avais-je pensé en voyant tout ça… Ma mère disait donc vrai ?? IMPOSSIBLE. Je cherchais un peu partout dans la chambre de mon frère, quand en fouillant en dessous du matelas, je vis une clef usb avec mon nom dessus. Sous le matelas, se trouvaient deux t-shirts plein de sang, et déchirés… Je ne comprenais rien… Après avoir quitté la chambre, prenant deux, trois choses au passage de peur que mon père s’en débarrasse, je fonçais sur mon ordinateur pour voir ce qui se trouvait sur la clef. J’avais hésité avant d’appuyer sur play pour découvrir la vidéo, mais étant donné que l’écriture de James avait noté mon prénom, je devais le faire. La vidéo démarrait, et dès la première seconde où je vis James en train d’arranger sa caméra, j’eus les larmes aux yeux. Le voir encore en vie, entendre sa sublime voix, le voir bouger et tout ça me faisait vraiment bizarre…

« Kendra… Ma puce… Si tu vois cette vidéo, c’est que de un : tu as osé fouillé dans ma chambre, petite fouineuse va *léger rire puis visage sérieux*. Et de deux : quelque chose est arrivé. Je ne sais pas combien de temps tu as mit avant de trouver la clef mais peu importe… J’espère que tout va bien… Pitié accroche toi surtout. Je suis désolé de ne pas avoir réussi à te convaincre d’aller chez ta copine, tu as dû voir ce qui s’est passé… Ca ne devait pas ce finir comme ça… Maman aurait dû venir à mon secours, mais Kurt l’a emmené avec lui chasser le plus loin possible… J’espère que tu es bien assise Kendra, parce que j’ai un tas de choses à te raconter mais d’abord… Sache que je t’aime plus que tout au monde et j’espère que tu ne m’en voudras pas… Car si tu n’as rien su plus tôt, c’était parce que j’avais demandé aux parents de rien dire pour te protéger un maximum et le plus longtemps possible […] »

J’écoutais, totalement abasourdie, les mots de mon défunt frère. Plus il parlait, plus mon cœur battait vite, et plus le peu d’envie de vivre que j’avais me quittait… Enfin, il m’expliquait tout…

« […] Concernant mon attitude ces derniers temps c’est parce qu’en voulant aider maman, je me suis fait attaqué… J’ai été mordu à la hanche… J’aurais pu mourir mais j’ai supporté la morsure et j’ai commencé à changer… Je sais que ça va te paraître absurde, j’étais comme toi avant mais… je suis… devenu un loup-garou. Et Kurt l’a apprit… C’est pour ça que rien n’allait à la maison… Maman savait, et voulait me protéger, mais Kurt voulait se débarrasser de moi… On a discuté avec Kurt et je lui ai dit que j’allais apprendre à me contrôler, comme ça, je pourrais l’aider en étant plus fort qu’un humain puis je restais en vie, et donc à tes côtés… On a passé un accord, qui était que je quitterais la maison avant la pleine lune et que je ne reviendrai plus jamais s’il me laissait la vie sauve, mais il ne m’a pas laissé le temps de m’en aller, et il n’a pas respecté notre accord. Je l’ai entendu parler avec quelqu’un au téléphone, il lui disait de venir à vingt-deux heures environ pour s’occuper de mon cas. J’ai prévenu maman mais tu connais la suite, il l’a emmené de force avec lui, je l’ai surpris la tirant dans la voiture il y a deux heures de ça… Sache que j’ai lutté durant cette bagarre mais… ce sont des chasseurs et je ne suis pas encore très doué avec mes nouveaux dons tu vois. Et c’est peut-être pas si mal, j’aurais eut trop peur de te faire du mal sans le vouloir alors… Je… *sanglots* Je suis désolé de ne t’avoir rien dit mais t’étais trop jeune… Tu devais t’en aller mais tu es resté, j’ai pas su te protéger, pardonne moi… *pleurs* »

J’avais le visage plongé dans mes mains, pleurant… Mais en entendant ses je t’aime, je la relevais, effleurant l’écran de mes doigts tremblants, rêvant de pouvoir toucher son visage qui apparaissait sur l’écran

« Je t’aime… Je t’aime tellement fort… Et je t’aimerai toujours. Rien ne pourra enlever cet amour, même pas la mort… Parce que… Je veillerai toujours sur toi, tu m’entends, TOUJOURS… Ne laisse personne t’atteindre, reste forte, tiens tête à Kurt et surtout, tiens le coup. Tu es la meilleure et quelque part, je remercie Kurt et maman d’avoir été aussi peu présents parce que j’ai pu profiter de toi au maximum. Ne m’oublie pas… Pense à moi, mais pense aux bons moments, pas aux derniers, ceux qui sont tristes comme ceux qui vont arriver ce soir… Je compte sur toi pour… »

« Jaaaaaaames, tu descends quand ???? »

« Ah… Tu m’appelle… Bon, je vais couper avant que tu ne monte et me vois dans un état pareil. On s’est bien amusés cette dernière soirée quand même… Je t’aime, je t’aime, je t’aime Kendra, n’oublie JAMAIS ça… » , James m’envoyait milles baisers avant d’essuyer ses milliers de larmes qui ruisselaient sur ses joues. « J’arrive Kendra ! » , fin de la vidéo…

Je fermais mon ordinateur brusquement, et j’allais m’aérer un peu. J’avais la gorge en feu tellement mes sanglots m’étranglaient. J’avais l’impression que ma tête allait exploser tellement je pleurais fort… C’était donc ça qu’il faisait en haut, pendant tout ce temps, il y a deux ans… Ces images de mon frère m’avaient confirmées deux choses : la première, que mon père était réellement un enfoiré qui avait dit à deux amis de tuer son propre fils, et la seconde : que je ne pouvais pas vivre sans mon frère. Cette vidéo, j’allais me la repasser en boucle des millions de fois, tous les meilleurs passages, où il me témoigne son amour, comme il le faisait toujours… Puis grâce à sa vidéo, James m’avait apprit que ma mère n’était pas une conne ni une menteuse comme je le pensais…

Quelques jours après avoir visionné cette vidéo, je m’étais scarifiée le bras, ainsi que le haut de mes cuisses, histoire de camoufler un peu. Je mangeais un peu cependant… Je déconnais carrément. Des fois que je réussisse à me suicider, j’avais appelé ma mère pour m’excuser, sans lui expliquer pourquoi je le faisais, juste comme ça. Moi je savais de quoi je parlais, et c’était le plus important. Ma mère avait le couteau sous la gorge quand elle était encore avec mon père, c’est pourquoi elle avait été aussi horrible et qu’elle avait caché ses sentiments avant et après la mort de James… Bref, je lui pardonnais à moitié. Je me remettais pas de ce que j’avais apprit… J’avais parlé à mes meilleurs amis de la vidéo, j’avais juste dit que c’était une vieille vidéo pour mon anniversaire et que j’étais émue, simplement.

Vivre avec mon père était une chose de plus en plus compliquée. Je vivais sous le même toit que l’assassin indirect de mon frère, c’était pas rien. On se disputait tout le temps, c’était violent. On se jetait des choses, on s’insultait… Jamais je n’aurais cru manquer de respect à un de mes parents comme je le faisais pendant nos disputes. Un jour, il m’avait attrapée et jetée contre un mur. Je m’étais brisée une côte et on avait fait passer ça pour une chute durant une partie de sport entre père et fille… Il me menaçait, et certaines nuits, il pétait un câble, c’’était comme la guerre dans le salon. Le lendemain, tout était en sale état et je devais ranger sinon, je me faisais menacer et frapper. Honnêtement, je m’en fichais de m’en prendre plein la tronche, je n’avais pas peur de lui, ni de ses coups parce que rien ne me blessait. Je ne ressentais plus rien…. J’avais tenté de mettre fin à mes jours trois fois. La première fois, j’avais voulu me jeter sous une voiture mais au dernier moment, j’avais ressenti quelque chose qui m’avait empêché de le faire. La seconde fois, j’avais prit des médicaments, que j’avais rangé mais… j’avais oublié où, du coup, ce plan était tombé à l’eau. J’avais manqué celle en m’ouvrant les veines et la dernière ; une arme que je pensais avoir chargée, sur ma tempe… Et au bout de deux essais sans aucune balle sortie, j’avais abandonné… J’avais l’impression que James était là, et ruinait tous mes plans…

Un soir, tout bascula et sans le savoir, mon père s’était précipité dans la gueule du loup. Après avoir tué de nombreux loups-garous, il en avait un paquet à ses trousses… Et après l’avoir frappé, un soir de pleine lune, il m’avait emmené dans la forêt avec ses deux amis, ceux qui avaient tué sans aucune pitié mon frère James, m’avaient foutue dans le coffre… Mon père m’avait ensuite jetée sur le sol épais couvert de feuilles, et au fur et à mesure qu’il s’approchait, complètement sonnée, je reculais… Il devenait étrange...

« Alors, tu as trouvé la vidéo n’est-ce-pas… Même mort, il fout la merde… »

« Tu savais qu’il y avait une vidéo… Je sais tout, et c’est pas en m’abandonnant dans la forêt que je vais oublier et te laisser vivre comme ça, après ce que t’as fait »

Je m’étais relevée en vitesse pour lever la main sur mon père, mais un de ses amis m’avait attrapé et de nouveau jetée sur le sol

« Cette vidéo est vieille de deux ans… Des choses ont changées depuis… Un tas de choses… »

A peine sa phrase terminé, il devenait flippant, et ses amis aussi. Flippant, dans le style, ils se transformaient en… loups-garous ! En voyant ça, j’avais prit la fuite. Je courrais, sans regarder derrière moi. Je mettais le peu de forces que j’avais dans ma course, et arrivée à bout de souffle après des mois sans rien manger, je m'effondrais à genoux… Mon père et ses amis venaient d’arriver devant moi. Mon père n’avait que le visage et la force de la créature, et c’était terriblement flippant. Il faisait nuit noire, personne n’allait me venir en aide et j’allais y passer. Pourquoi tant de haine ? Je n’en savais rien… Mais je n’allais pas lutter, je n’attendais que ça, de mourir. Je n’avais même pas réussi à mettre fin à mes jours et là, quelqu’un allait le faire pour moi. Il me soulevait en me maintenant par la gorge pendant que ses deux amis s’approchaient dangereusement de moi. J’étais la piñata et j’allais me faire éclater. Je commençais à voir flou, j’étouffais… Je sentais mes veines battre sous les mains de mon père, qui ressemblaient désormais à des pattes. Soudain, je percevais quelqu’un qui venait de se jeter sur mon père. Je tombais violemment sur le sol, complètement ailleurs… J’entendais des grognements, et des bruits de bagarres… Je voyais, malgré ma vision très floue, que quelqu’un passait à tabac mon père et ses amis. A un moment, alors que je reprenais mes esprits doucement, je sentis quelque chose m’éclabousser et en passant ma main sur mon visage, je percevais un liquide foncé, presque noir dans la nuit… Du sang ?? Je regardais autour de moi, et je vis une boucherie, encore une fois… Cependant, il n’y avait que deux corps. Le troisième manquant, était celui de mon père, qui pendait sur une branche. J’eus un haut de cœur en voyant la scène… Enfin, vu qu’il faisait sombre, je devinais, et cela me suffisait. Une fois mes esprits retrouvés, je me relevais avec difficulté et je vis un très beau jeune homme, avec des yeux d’un brillant… surnaturel me dire d’une voix rauque « Va-t’en ! Cours ! ». Je fis de grands yeux, ne comprenant pas. Celui-ci fit un signe de tête insistant pour que je m’en aille… Je partais donc en courant, jusqu’à la voiture, pour rentrer à la maison, prendre une douche et repenser à cette soirée étrange, et à mon sauveur…

J’avais attendu plusieurs jours pour dire à ma mère que Kurt était mort… Pour moi, c’était un évènement peu important… Elle était rentrée sur le champ parce que je ne voulais pas quitter Cahir. Je me remémorais souvent cette soirée... Je n’avais pas envie de survivre, j’étais même heureuse de suffoquer entre les mains de mon père… Mais en me sauvant, et en massacrant ainsi les trois abrutis, il m’avait redonné une petite lueur d’espoir, celle d’avoir été sauvée, et donc, la lueur d’espoir que quelqu’un avait fait attention à moi, m’avait protégé sans même me connaître. Je voulais absolument arrêter mes conneries pour le retrouver, le remercier et trouver quelque chose à faire pour le remercier. En revenant au lycée, tout le monde m’avait dévisagé. On me soupçonnait d’avoir tué mon frère ET mon frère… De vrais imbéciles… C’est sur qu’on est forcément un psychopathe quand on est solitaire et discret, pas vrai ?. Mais je renouais lentement des liens amicaux. Depuis qu’elle était revenue, ma mère m’aidait à me remettre à jour au niveau des cours, m’aidait à la moindre difficulté et nous étions comme des amies. Notre lien était encore fragile mais je sentais que notre relation s’améliorait réellement, chose qui m’aidait à reprendre goût à la vie…

En un an et demi, j’avais évolué, j’avais légèrement remonté la pente ; aussi bien moralement, qu’au niveau scolaire et affectif. Cependant, j’avais appris à sourire, et à m’amuser pour masquer mes peines. Parce que souvent, je repense à mon frère. Il y a des dates durant lesquelles sont absence est douloureuse, encore plus qu’au quotidien : son anniversaire, le mien, Noël, les dates de certains évènements qui avaient marqués notre vie… Et un anniversaire encore plus douloureux me rendait malheureuse : l’anniversaire de son décès… D’ailleurs, la semaine dernière, nous avons « fêté » les trois ans de la disparition de James et mon moral était redescendu au plus bas… Je suis toujours en pleine dépression, je me soigne mais je le cache aux gens le mieux possible grâce à mon sourire et mon dynamisme, que je puise je ne sais où… La vie à Cahir est mouvementée et les évènements qui s’y produisent ne plaisent pas du tout…

bienvenue

burnt by night c'est d'la bombe.

Bienvenue sur BURNT BY NIGHT ! Tu es désormais validée, parce que je pense que ta fiche est super bien Tu t'es en effet laissée aller mais du coup, c'est très détaillé, j'adore. Et l'histoire et trop mignonne quoi . Tu peux désormais aller recenser ton avatar ici pour nous aider Si tu veux créer un scénario, n'hésite surtout pas ! N'oublie pas d'aller demander un logement si tu ne veux pas vivre dans la rue, mais aussi un travail. Si tu le désires, ouvre ton propre sujet pour classer tes relations et tes rps. Maintenant, tu peux te balader partout, et même aller flooder ! Sur ce, bon jeu parmi nous