c'est le récit d'la forêt uesh.

Ils cueillent une marguerite, ce sont deux amants, Overdose de douceur, ils jouent comme des enfants

Elle adore l'Irlande. Ca fait à peine quelques mois qu'elle a pénétré sur ce territoire, et elle peut déjà dire que c'est son préféré. Ils n'ont ni l'hypocrisie des Français, ni la classe innée et relou des Anglais. Ils sont chaleureux et accueillants, même avec les mômes des rues, les mômes qui rôdent, les mômes qui parcourent le monde à la force de leurs pieds. Elle est affalée dans un pub et elle a payé une bière, elle a réussi à récolter suffisamment pour se payer une bière.
Ca a beau être une marque pourrie, c'est la meilleure.
La bière qu'on se paie soi-même.
Un mec trapu, à la gueule déformée probablement par une bagarre, se pose en face d'elle et, après avoir laissé échappé un rot de la plus grande élégance, demande : « salut la jolie, t'es qui toi ? » Elle lui sourit mais ne répond pas. Elle passe un bras sur le dossier de son siège, l'autre attrappe sa bière, elle avale trois longues gorgées en le fixant droit dans les yeux. A peine provocante, la gamine. Elle repose son brevage sur la table, ça fait un petit bruit, clac, le verre qui se fracasse contre le bois pourri. Elle sourit au monsieur et se penche vers lui, elle réfléchit.
Elle répond en français, et les mecs n'y comprennent rien. Elle se reprend en anglais, un anglais parfait ; mais c'est toujours pas leur Irlandais chelou, aux accents déplacés, aux lettres bazardées.

Elle leur raconte.

Elle est la fille d'une femme, ça ils auraient pu le deviner eux-mêmes. Cette femme se nommait Charlie Alice Leblanc, elle se nomme toujours comme ça d'ailleurs, et elle était pas bien riche. Elle avait pourtant de grandes ambitions dans sa jeunesse, elle voulait faire des études, apprendre un métier, trouver un poste et vivre une vie rangée. Elle voulait faire un peu mieux que ses parents, et ils étaient prêts à tout pour qu'elle y parvienne. Alors elle a quitté son patelin pourri pour rejoindre la capitale. Paris. Ces cinq lettres qui font rêver pas mal de pauvres Français qu'imaginent même pas à quel point c'est gris. La dame Charlie voulait essayer de faire des études de médecine, mais elle avait pas d'argent pour payer son loyer, pour payer sa bouffe, pour vivre quoi. Alors elle devait travailler en même temps qu'étudier, et médecine, ça lui prendrait tout son temps, elle le savait. Alors elle a choisi de se préparer aux écoles d'infirmière. C'était respectable, comme métier, elle aurait un uniforme tout blanc, elle aiderait les gens, elle sauverait des vies. Elle aurait un salaire, et elle se trouverait un mari, et elle ferait des enfants. Ce serait beau et grand et un peu mieux que ses parents. Elle garderait de l'argent pour ses enfants, pour qu'ils puissent faire encore mieux.
Mais Charlie Leblanc n'imaginait pas la dureté de Paris. Elle a été viré de son petit travail et personne voulait plus d'elle. Elle était prête à tout : faire le ménage, garder les enfants, laver des toilettes, tout ! Sauf ce à quoi elle a été contrainte. Les cours étaient durs, mais elle continuait, elle s'était même fait des amis. Ils l'encourageaient, des fois ils l'invitaient à manger, même si eux non plus ne roulaient pas sur l'or. Mais quand ils ont découvert comment elle payait son loyer, comment elle payait sa bouffe, tout à coup il n'y avait plus personne. Alors la pauvre Charlie n'a plus eu la force de continuer les cours, elle a raté son concours et elle était perdue. Elle savait plus où regarder,  tout lui semblait sombre. Pour surmonter la dépression et les exigences de son travail, elle a fait comme les collègues. Elle a prit des pilules pour oublier.

La môme s'arrête de raconter. Elle regarde toujours le gars dans les yeux. Il a pas dit un mot, il a pas osé boire sa bière. Elle étire sa grande bouche en un grand sourire sans joie. Je continue ? elle demande. Il sait pas quoi dire, quoi faire. Il lève la tête vers les autres gars du bar. Il y en a qui sont venus s'attroupper autour de la table pour entendre l'histoire de la gamine. Elle sait charmer son auditoire, la petite blonde. Difficilement, un gars hoche la tête, on voit qu'il hésite, il sait pas si elle veut continuer à raconter, il sait pas si ça lui fait mal, il sait juste qu'il sait pas si lui pourrait.

Elle abandonne son grand sourire et raconte.

Vous voyez la putain de spirale dans laquelle Madame Charlie Alice Leblanc avait mis le nez ? Elle était tombée dedans, bien profondément. Elle vendait ses charmes et achetait ses pilules pour l'oublier, et puis un jour elle s'est plus rendu compte de ce qu'il se passait. Elle les laissait faire, tout simplement. Elle comprenait plus, elle était plus vraiment là.
Et un jour, elle a pas eu ses règles. C'est là que commence l'histoire de la môme aux cheveux filasses, qui boit sa bière comme un gars et qui raconte sa vie aux inconnus dans les pubs irlandais. Parce que Madame Charlie Alice Leblanc a pas eu ses règles parce qu'elle était enceinte. Elle a appelé le bébé Caroline, mais Caroline l'a oublié. Elle a trouvé le père. Comment ? Par le plus grand des putains de miracle, que Caroline n'a jamais compris. Parmi les hommes qui lui sont monté dessus, il fallait que ce soit ce grand dadais de Monsieur Jack O'Shea. Il était pas méchant mais il fuyait on ne savait trop quoi. Il a accepté de donner son nom à l'avorton de vie aux grands yeux bleus qu'on lui a présenté comme sa fille. Il a accepté de donner des sous à sa mère. Mais il a pas accepté d'être père. Apparemment, il pouvait pas. Caroline, elle s'en fout, qu'il puisse pas.
Sa mère, Madame Leblanc Charlie Alice, a utilisé tout l'argent de la pension du géniteur pour donner ses chances à la petite fille. Elle a arrêté de se prostituer, elle a pris des pilules officielles plutôt que des pilules illégales, mais elle était toujours pas là. Elle pouvait pas, elle non plus. Elle a acheté à manger à l'enfant et l'a nourri, et lui a dit : surtout, fais rien comme moi. Jamais. Rien. Ne devient pas le déchet que je suis.
Alors, à quinze ans, la môme s'est barrée. Elle lui a dit : « Maman, j't'aime beaucoup tu sais, mais si tu veux pas que je sois comme toi, il faut que je vois autre chose, autrement. » Elle lui a fait un bisou tendre et long sur la joue et elle s'est barré vivre dans les égouts de la capitale lumineuse. Madame Charlie Alice Leblanc est probablement morte dans les semaines qui ont suivies, mais elle devait être plutôt heureuse. Elle avait vu dans les yeux de sa fille le courage et la détermination, les rêves et l'obstination. Elle savait qu'elle n'avait réussi qu'une chose dans sa vie, mais quelle chose ! Cette petite fille femme trop tôt, tellement belle. Elle aime très fort sa fille, et sa fille, la môme, même si elle l'a oublié, elle sait qu'elle a dans son cœur une femme, même si elle sait plus qui c'est.
Elle a vécu trois ans dans les rues de l'Europe, entre Paris et Londres, Lille, Brest, enfin partout où la portaient ses pieds, et les voitures des inconnus. Elle volait, elle mentait, elle achetait, elle quémandait, elle a tout fait sauf comme sa mère. Elle a fait comme disait Victor Hugo dans son livre Les Misérables : elle avait la misère, mais elle était jeune. La misère chez les jeunes, ça peut être beau, et chez elle ça l'était. C'était brave, ça avait un cœur d'or, ça se bagarrait, ça riait et ça souriait, ça voulait faire des belles choses.
Et puis vers ses dix-huit ans, elle a voulu avoir des papiers. Elle a fouillé sa mémoire et son sac à dos et elle a retrouvé un passeport vieux de dix ans. Elle s'est demandé qui s'était, « O'Shea », et elle a cherché son géniteur.

« C'est pour ça que j'suis ici, maintenant. Il est Irlandais, comme vous, mon géniteur, et il habitait dans un village nommé Cahir. C'est où ? » La gamine finit son histoire comme ça, comme si qu'c'était normal, avec l'air de l'évidence et de la simplicité. Ils l'ammènent vers Cahir et lui expliquent comment y aller, et ils lui donnent des vivres – des sous, de la bouffe, des pulls, des trucs quoi. Ils lui souhaitent bonne chance et ils gardent un souvenir fort de cette môme, les gars du pub.

Citation :

Caroline est la fille d'un Chasseur de Loups qui a refusé ce rôle. Il a fui Cahir et l'Irlande. Il ne fait pas partie d'une grande grande famille donc son départ n'a pas forcément marqué le village.

bienvenue

burnt by night c'est d'la bombe.

Bienvenue sur BURNT BY NIGHT ! Tu es désormais validé(e), parce que je pense que ta fiche est carrément superbe et j'ai vraiment été touché par ton histoire où elle retrouve les traces de son père.  . Tu peux désormais aller recenser ton avatar ici et ton personnage ici pour nous aider Si tu veux créer un scénario, n'hésite surtout pas ! N'oublie pas d'aller demander un logement si tu ne veux pas vivre dans la rue, mais aussi un travail et n'oublie surtout pas d'aller te faire recenser. Si tu le désires, ouvre ton propre sujet pour classer tes relations et tes rps. Maintenant, tu peux te balader partout, et même aller flooder ! Sur ce, bon jeu parmi nous