Je ne sais pas ce que j'aime le plus, être invisible ou... être invisible. Non, sérieusement. Il y a des jours où je me demande si c'est une bonne chose. Si resté dans mon coin et éviter tout contact est une bonne chose parce que mentalement, ça pourrait m'affaiblir. Si vous voyez ce que je veux dire. A force d'être trop seul, on peut oublier comment se comporter vis-à-vis d'un entourage. On peut oublier comment parler, discuter se tenir. On peut sans doute aussi oublier comme sourire. Mais ça c'est minime vis-à-vis du reste, non ? Depuis que Richard m'a forcé à m'inscrire au lycée, j'dois avouer que j'ai eu très peur. J'arrive en cours d'année - je ne suis même pas sur de comment Richard à fait pour que j'arrive à entrer dans le lycée au passage - et dans ce genre de situation, on remarque la nouvelle bien plus que si ça avait été la rentrée. Je crois que ce n'était juste qu'une question de temps avant qu'on me laisse tranquille ou qu'on arrête de me surnommer la nouvelle ? Aucune idée. En tout cas, j'aime me concentrer en cours, ne pas avoir peur de ce que les gens racontent. De pas avoir peur des petits mots qu'on se balance dans la classe.

Je ne suis plus du tout le centre d'intérêt parce que ici, personne ne me connait.

Et oui, j’aime ça. J’aime être invisible, j’aime que personne ne vienne me voir. Que l’on me laisse dans mon propre monde, dans ma bulle. Je peux traverser les couloirs tranquillement, personne ne risque de me bousculer sous prétexte que je suis un « monstre » dans le genre. Bon sang, j’avoue essayer de ne pas penser à ce qui s’est passé à Dublin, mais à chaque fois mon cœur se serre comme si c’était hier que la voiture que je conduisais s’est renversée. Je me dis parfois, que le pire est derrière mois, sans réellement savoir ce que demain m’apporte et puis j’oublie cette idée. Cette phrase est sans doute le truc le plus con qui ait jamais été dire. Le pire est passé, bah voyons, tu peux lire l’avenir pour le prédire ? Moi je suis persuadé que le pire va arriver. Que le pire est toujours devant nous, à nous attendre. Bref, j’en étais-où déjà ? Ah oui, le plaisir d’être invisible. L’exemple le plus concret se trouvait actuellement. Parce que c’était la pause et que j’étais devant mon casier à prendre ce livre d’histoire assez imposant. Oui, le prochain cours était l’histoire et j’dois bien avouer que ce cours est bien le plus étrange, mais je vais passer les détails. Je repousse légèrement mes cheveux en arrière, avant de fermer mon casier et de me diriger vers le prochain cours. J’allais avant, chercher un truc à grignoter. Quoi ? Ce n’est pas comme si une barre de chocolat allait être responsable de mes trois kilos en trop. Après tout, ils étaient déjà là.

Et puis, sans me rendre compte, stupide que je suis, le nez dans mon téléphone, je bouscule quelqu’un, laissant échapper mon livre qui tombe à mes pieds. Quelques centimètres encore et c’était mon pied qui allait en baver.

« - Désolée. » Je prie intérieurement pour ne pas m’afficher à cause de ça. Mais je sens qu’on nous regarde déjà. Moi, et la fille que je viens de bousculer.

C'est le genre de situation où j'avais eu tendance à faire ma grosse peste. Pour ne pas dire autre chose. Avant l'accident de Tommy, j'avais un gros problème : ma confiance en moi était trop grande. J'étais populaire, c'était le mot. Je n'avais ni peur de dire ce que je pense, ni peur d'aller m'afficher en plein milieu de la cafétéria. J'avais mon groupe de copine et il y avait une hiérarchie à respecter. Avec mes parents médecins, je m'offrais ce que je voulais, quand je le voulais. Si j'avais encore été cette fille-là, j'aurais affiché la demoiselle en face de moi de façon à ce que le lycée s'en souvienne jusqu'à la fin de son année scolaire. Oui, j'étais ou plutôt j'avais été ce genre de fille. L'ironie du sort quand les choses ont changé et que je prie pour ne pas que je me retrouve ne face d'une moi à l'ancienne. Tout ce que je voulais, s'était disparaitre. Ce n'était pas compliqué, mais puisque mon seul ami était mon téléphone, je devais avouer qu'il était normal que je tombe nez à nez avec quelqu'un. Et bon sang, il fallait que j'apprenne à regarder devant moi.

Je m'étais baissé pour ramasser mon livre d'histoire et le livre d'algèbre de la demoiselle. Je voulais reprendre mon livre et partir au loin, m'éclipser avant que les choses s'envenime. Alors que je mets la main sur son bouquin, j'entends la voix de la fille sur qui je viens de tomber. Elle n'a aucun problème à demander aux autres autour de nous d'aller voir ailleurs. Je ne sais pas si c'est un bon signe ou si je dois courir plus vite ? Bref, je m'excuse quand même, tendant son livre, histoire d'être polis. C'est fou, mais depuis que je suis ici, c'est comme si tous les deux secondes je ressentais le besoin de prier pour un miracle. C'était vraiment inhabituel, surtout pour moi qui ne croyais pas du tout en Dieu. Elle me fit alors un sourire, je sentais la pression sur mes épaules disparaître petit à petit.

Elle me tend mon livre, me disant que ce n'était rien. Oui, la, plus aucune pression ne se trouvait sur mes petites épaules. Je pouvais respirer. Pas d'attaque de reine du bal à l'affut. Je lui souris à mon tour, tout même un peu mal à l'aise. C'est fou, à une époque, je n'avais aucun problème pour parler avec les gens et là, rien que de sourire, ça me donnait envie de fuir.

« - Merci. » Je garde mon livre dans mes bras, comme-ci j'avais peur qu'il allait de nouveau tomber et vu son état, il fallait être sincère, il fallait mieux éviter une autre catastrophe.

« - Oui, c'est ça. » Je me contente de sourire bêtement, avant de rajouter. « - Et toi, tu es ? » Ok, pourquoi je commence à faire la conversation ? Richard m'avait prévenu qu'on allait vite me repérer parce que c'était une petite ville. Quand un étranger débarqué quelque part, on savait vite d'où il voulait et quel était son nom.

Eden se releva et colla son livre contre elle pour éviter qu'il ne tombe à nouveau, à la vue des épaules rentrées et au dos un peu courbée de la jeune femme ,Kerstin en déduit qu' elle ne semblait pas être très à l'aise en sa présence, comme si elle était très gênée par l'incident et que sa tentative de passer inaperçu e parmi la foule d'étudiants encore dans le couloir avait échoué. « - Oui, c'est ça. »
Répondit la jolie rouquine en souriant faiblement . « - Et toi, tu es ? »
Kerstin sourit et se releva un peu surprise qu'elle lui pose de question. elle pensait que des élèves auraient pu lui parler d'elle , "la fille qui avait disparu pendant une semaine dans la forêt de Glengarra." mais apparemment il n'en était rien et c'était tant mieux ,  elle voulait oublier cette mésaventure qui se rappeler à elle toutes les nuits de pleines lunes bien malgré elle.  
« - Kerstin » répondit simplement la brune en replaçant une mèche de ses cheveux derrière l'oreille .«On a cours d'histoire ensemble, je suis au quatrième rang, à deux chaises de toi». Elle lui sourit de nouveau, elle lui rappelait un peu la fille qu'elle avait été un an plutôt rasant les murs et priant pour que personne ne la remarque, elle aurait tout donner pour être invisible.
Après qu'on l'ai retrouvé dans la forêt de Glengarra, à l'article de la mort, elle était devenue subitement l'une des filles la plus populaire du lycée mais malgré ça, elle continuait à faire profil bas, espérant que sa dernière année au lycée de Cahir se passe le mieux possible pour qu'après elle puisse aller à l'université, loin de ses parents, loin de Cahir. De nature pas du tout curieuse, Kerstin se surprit en s'entendant dire «- Tu t'y fais ici ? »

Je dois avouer que je n'ai pas la moindre idée de qui elle est. Sans doute parce que je ne parle pas vraiment aux gens autour de moi et que je ne fais pas attention à ce qu'on raconte. J'ai tendance à croire que cette ville abrite autant de mythomane que de gens normaux. Pour le coup, j'évitais longuement de parler avec qui que ce soit de peur de croire à des choses qui ne sont absolument pas vrai du tout. La demoiselle en face de moi, grande brune et plutôt canon dans son genre, m'avoua son prénom. Kerstin. Je trouvais ça très jolie, alors je me contentais de sourire légèrement en guise de réponse.

« - Oh. » J'haussais les épaules. Je ne l'avais pas remarqué, ou peut-être que son visage me disait vaguement quelque. J'avais beau être observatrice, j'avais encore du mal à me faire à ce lycée. Avant, j'avais grandi avec les élèves autour de moi. J'étais autant à l'aise dans le lycée que chez moi. Aujourd'hui, c'était totalement différent. J'avais beau avoir repéré quelques têtes, je ne les connaissais pas forcément. Bon, maintenant, je connaissais Kerstin. J'avais plus ou moins enfin un nom sur le visage de quelqu'un. Je tentais de sourire de nouveau, comme pour dire que j'assimilais parfaitement cette information que je n'oublierais pas de ci-tôt. Elle me posa alors une question. Une question auquelle je ne m'attendais pas, mais il faut être honnête, les gens ici n'étaient pas forcément tous méchant. Il fallait que j'arrête de croire ça.

« - Ca peut aller. J’ai toujours un peu de mal, mais je vais vite m’y habituer. Je pense qu’avec un peu de temps, ça ira mieux. » J’haussais de nouveau les épaules. Je crois que c’est mon expression favorite. Hauser les épaules, au fond, ça ne voulait pas dire grand-chose. Et, je ne sais pas pourquoi, je m’entends soudain faire la conversation : « - Dit-moi, le prof d’Histoire, tu le trouves pas un poil étrange toi ? »

Bah quoi ? En histoire, on étudiait un chapitre sur l’histoire de la ville – si j’ai bien suivi parce que je suis un peu rentrée en plein milieu. Et quand le prof parle de ces légendes, des évènements qui ont eu lieu. C’était comme si ce prof croyait que tout ce qu’il faisait était une pure réalité. Et il y avait ce petit regard dans ses yeux, comme si il éprouvait un malin plaisir à nous raconter tout ça.

Un peu surprise que personne n'ai dit à Eden qui elle était, elle se présenta rapidement. Son interlocutrice lui sourit timidement .Quand Kerstin lui dit qu'elles étaient en cours d'histoire ensemble , la jolie rousse sembla surprise, sans doute n’y avait elle pas fait attention, d'après les informations qu'elle avait entendu ici et là , cela ne faisait que quelque semaines qu'Eden avait emménageait ici, à Cahir, il lui fallait donc un petit temps pour s'y habituer, prendre ses marques, mais ce serait l'affaire de quelques semaines tout au plus.
D'habitude pas du genre à être très bavarde , Kerstin se surprit en demandant à la rouquine si elle s'y faisait . Eden sembla surprise qu'on lui pose la question car il y eut un petit silence, mais elle finit par dire que ça allait qu'elle avait encore un peu de mal mais qu'avec le temps ça irait mieux avant de hausser les épaules.
"Je suppose que ça doit te changer de Dublin ?" devant l'air surprit d'Eden elle ajouta , "Tu sais Cahir est une petite ville, donc tout le monde sait tout sur tout le monde."
La jolie rousse haussa les épaules avant de demander à la brune si elle ne trouvait pas monsieur Connelly, le professeur d'histoire un brin étrange.
Kerstin sourit, c'est vrai que ce professeur était un peu bizarre, mais l'histoire était la seule matière que Kerstin aimait apprendre. Surtout qu'en ce moment, ils étudiaient un chapitre sur la ville, ce qui intéressait beaucoup la jeune femme et puis le professeur glissait parfois dans ses cours des anecdotes ce qui aux yeux de la brune rendait le cours encore plus intéressant et puis peut être en apprendrait-elle un peu plus sur les légendes urbaines de la ville et qui sait ? découvrirait elle une légende sur les loups garous à Cahir ?
<<- C'est vrai que monsieur Connelly est un peu spécial mais ses cours sont captivants et je trouve que ce chapitre sur Cahir est très intéress...>>
La sonnerie annonçant la reprise des cours interrompit sa phrase .
<<- Bon il ne faudrait pas qu'on soit en retard en cours , en tout cas si tu as besoin que quelqu'un te fasse visiter la ville n'hésites pas, je suis là >>