Stupide. C'était le mot exacte et parfaitement accordé à la situation. Stupide et ridicule. J'avais l'esprit ailleurs alors que je marchais d'un pas mécanique dans les anciens sentiers désormais mutilés par les herbes et racines d'arbres. Laisse à la main j'appelais ce cabot plus bête que deux pommes. Trois jours. Ça faisait trois jours qu'il n'était plus à la maison, trois jours que je ne l'avais plus vu et je commençais à m'inquiéter. C'était inutile, c'était un chien, il saurait se débrouiller. Mais c'était le seul individu qui était capable de me regarder pour moi, pas comme si j'étais l'Alpha, pas comme si j'étais un loup, pas comme si j'étais médecin, pas comme si j'étais quelqu'un d'autre que moi. Et ca me faisait du bien au quotidien, de savoir que quelqu'un sur cette terre sait tout de moi et continue de m'aimer. Parce que si sa langue râpeuse et baveuse sur ma joue c'est pas de l'amour, je ne sais pas ce que c'est ! Il faisait sombre, le soleil était en train de se coucher et quelques uns de ses rayons réussissaient à transpercer les branches des arbres de cette forêt en apparence anodine. Les gens ne savaient pas. Ils ignoraient que cette forêt est faite de cauchemars, que les créatures dont nous avions peur enfant s'y retrouvaient toute les pleines lunes pour un carnage sans fin s'ils ne parvenaient pas à se contrôler. Quelque chose se tramait, se préparait. Je le sentais et le goût amer de la rancoeur dans mon esprit n'arrangeait rien. Les chasseurs. Ces êtres dépourvus de toute logique, de tout sens de l'honneur. Ils avaient brisés des règles de base cette nuit-là. Cette fameuse nuit où nous, galtee et glengarra avions réussi à passer outre notre haine réciproque pour mettre en terre l'un des notre. Interrompre une cérémonie funéraire, c'était ce qu'il y avait de plus bas à faire. C'était injuste, c'était cruel et sacrément osé. Deux semaines, peut-être même un peu plus. Ca faisait plus de deux semaines que je ruminais ma rancoeur, mes envies de crier vengeance, de me ruer sur chaque chasseur que je vois pour en faire de la chair à pâté. Mais je me retenais, je me retenais car ça n'aurait pas été malin. Une stratégie, un plan. Je devais respecter ce que j'avais convenu avec mes betas. Je devais les entraîner, les rendre encore plus agile, leur apprendre comment faire face à plusieurs situations. Il était hors de question que je perde qui que ce soit dans ce qui se profilait à l'horizon. Je ne supporterais pas d'en perdre un seul, surtout pas Flann. Cette jeune louve qui c'est retrouvé mêlé à tout ça sans réellement le vouloir.

Quelque chose tomba sur mon épaule, puis sur l'arrête de mon nez avant que je ne me rende compte qu'il se mettait à pleuvoir. Je soupirais "sérieusement ?" avant de secouer mon blouson de cuir et de continuer à zigzaguer entre les tronc d'arbres à la recherche du chien. Je fronçais les sourcils lorsqu'une odeur particulière m'interpella. Je n'étais pas seul. Logique, j'étais dans une forêt où mille et une créature devaient vivre. Mais c'était différent, ce n'était pas simplement un de mes betas qui se promenait sous la pluie. Les deux formes que je repérais n'avaient pas de meute, pas d'odeur particulière. Uniquement celle de la faim. L'envie de déchirer la chaire sous ses griffes juste pour le plaisir de faire couler le sang. Je ne connaissais que trop bien ce sentiment, cette envie, cette odeur. Je ne l'avais que trop ressentie. Ce désir d'enfoncer ses griffes dans un corps, de le transformer en amas de chair, voir la vie s'éteindre à cause de soit. Là était l'influence de la pleine lune. Elle multiplait nos instincts bestiaux et carnivores. Elle nous giflait à coup de pulsion meurtrières. Mais la pleine lune n'était que pour dans quelques jours. Ils ne devraient pas être de cet humeur. Fronçant les sourcils je m'avançais vers la source de leur odeur quand soudain une troisième odeur me figea, me frappa de plein fouet. Killian.

Je me mis à courir. Mon esprit refusait de se poser la moindre question. Killian. Il était là-bas, avec ces...ces omegas. Mes pieds frappaient le sol avec une rapidement surhumaine. Ils n'étaient plus très loin. Je lâchais la laisse pour avoir une plus grande liberté de mouvement. Si il s'avérait qu'il ait la moindre égratignure, je n'aurais aucun remord à faire mordre la poussière à ces loups sans meute. Leur tordre le coup, leur arracher la moindre parcelle de cette envie de faire du mal à Killian. Ce jeune homme s'était imposé à moi, une évidence. Je l'avais attendu depuis si longtemps. L'odeur se rapprocha et j'aperçus entre les arbres les deux silhouettes transformés des omegas, prêt à bondir sur le corps frêle de la personne que je devinais être Killian. La colère s'insinua dans mes veines alors que mes pupilles prirent la couleur du sang et mes griffes raclèrent les écorces sur son passage. Je fonçais sur les deux omegas et les projetais au loin alors qu'un hurlement guttural et bestial galopa hors de ma gorge. Mes genoux se plièrent légèrement alors que je vins me poster à quelques mètres devant Killian. Les deux silhouettes se relevèrent et ils montrèrent les crocs alors qu'un grognement gronda au fond de ma poitrine. Je m'avançais d'un pas et ils reculèrent de deux. L'une, car il  avait bien une demoiselle, me jaugea de ses yeux de loups et disparu dans la fôret alors que l'autre n'hésita pas, et c'était stupide de sa part, à foncer dans ma direction. Je m'élançais vers lui à mon tour, empoignant sa gorge de ma main droite et lui hurlant au visage, mes pupilles carmins s'enfonçant dans les siennes. Je ne pris pas attention à ses coups sur mes flancs qui me firent légèrement mal et desserrer ma prise sur sa gorge. Je me mis appuyer, appuyer, appuyer encore jusqu'à son visage change radicalement. Son regard devint suppliant et il arrêta d'enfoncer ses griffes dans mes côtes. Je le traînais alors sur quelques pas avant de le laisser tomber. Il s'écroula au sol et je lui grognais un "Dégage !" qui ressortait plus grave et profond que ce que j'aurais pu dire si j'avais été sous ma forme humaine. Il ne se fit pas prier et fila comme un lapin. Lorsqu'il fut hors de ma vue je lâchais un soupire saccadé, posant une main sur les griffures profondes de mes hanches. Elles allaient guérir, plus vite que prévu. Mais pour l'instant, ça faisait un mal de chien.
Puis l'instant présent me revint en plein fouet alors que l'adrénaline retombait. Killian. Je me retournais vivement alors que mes griffes redevinrent doucement des ongles, mes yeux reprirent leur couleur habituelle et ma mâchoire sa forme normale. A ce moment là, je n'aurais su décrire ce que je voyais au fond des yeux de Killian.

(c) sweet.lips

Le froid glacial m'étreignait et les branches mortes s’élançaient contre moi. Contre cette course pour ma survie. Quoi qu'ils pouvaient être, s'ils pensaient pouvoir m'attraper aussi facilement, ils se trompaient. Je ne courrais plus. Je volais au-dessus des mousses jonchant le sol, des troncs en décomposition et des gibiers entrainés dans ma fuite en avant. Mon cœur n'était pas inquiet. C'est comme s'il avait toujours su quoi faire. J'étais le champion toute catégorie en athlétisme au lycée de cette ville. Mon oncle m'avait appris le reste. Comment se cacher ! Comment combattre ! J'étais un Burns et mon heure était loin d'être venue. Mais, l'assurance était une chose, la triste réalité en était une autre. Je vis cette masse grondante frapper mon dos en essayant de m'attraper. Et, je sentis son haleine fétide alors que sa gueule s'ouvrit en grand. J'évite de justesse que ces crocs s'enfoncent dans ma nuque. Cependant, mon maigre corps vola et percuta de plein fouet ces grands arbres centenaires qui n'avaient pourtant rien contre moi. Ma tête cogna si fort que je retombais le souffle coupé et les côtes assez fragile pour me faire perdre connaissance quelques secondes...Des précieuses secondes.

"Tu ne ressortiras plus jamais de cette maison !" Pourquoi les paroles de mon père me revenait soudainement comme un écho qui traversa tout mon corps et donna l'impulsion à mon corps de me remettre sur moi. Mes assaillants semblaient aussi surpris que moi. Leurs pattes gigantesques griffaient le sol et je repris ma course folle. Pourtant, je continuais d'entendre mon père. De revoir cette colère que je n'avais jamais vu chez lui. Comment les objets avaient volés à travers le salon. C'est comme si on rentrant après le départ de Declan, il avait su. Il avait su que nous nous étions embrassés. Qu'il m'avait serré contre lui et que je l'avais laissé monter dans ma chambre. Mais, comment avait-il fait ? Je misais sur notre vieille voisine. Mon père savait-il alors qu'il était bien plus âgé ? Et, qu'il était un garçon ? Bien sûr, qu'il devait le savoir, sinon pourquoi il m'avait enfermé dans ma chambre comme une princesse dans son donjon. Mais, c'était très mal connaître son fils. J'avais le tempérament des Burns et je ne laisserais personne me dire comment vivre ma vie. Il me pensait faible et sans défense comme ces bêtes qui grognaient en ma direction. L'une de ces choses dévia sa course pensant couper ma course plus haut. Je pris appui sur un rocher et je sautais vers la branche la plus accessible. Habile comme un singe, je pensais pour grimper en hauteur. Mais c'était sans compter l'obstination de mes assaillants qui me sautèrent dessus. Je devais maintenant lâcher prise ou subir leurs crocs étincelants sous cette lune gibbeuse.

Mais, qu'est ce qui m'avait pris de sortir par la fenêtre de ma chambre ? De prendre un sac et d'arpenter les bois en pensant trouver mon chemin jusqu'à sa maison. Je n'avais que l'adresse de la maison de Declan. Je n'y étais jamais allé et je ne m'y rendrais surement jamais à présent...Les deux bêtes aux yeux incandescents marchèrent sur mon pauvre corps en morceau, dans ma chute j'avais dû me déboiter l'épaule et me casser quelques côtes. Je reculais fébrilement en me demandant ce que j'avais pu faire pour attirer ces bêtes. Ou est-ce que cela en étaient vraiment ? Mais, alors que je pensais que je vivais mes derniers instants. Je le vis bondir de nulle part. Ces yeux couleur sang et ces griffes aussi étincelantes que notre doyenne lunaire. J'en perdis toute notion de temps et de l'espace. "D...De...Declan ?" arrivai-je à peine à articuler. Je continais de reculer, ne pouvant détourner mon regard de ce qui devient un combat entre êtres sauvages et primitifs. Je tiens mes côtes douloureuses. Declan - ou quoi qu'il soit - fait fuir l'un des loups et s'attaque au deuxième. Je pousse un cri quand je le vois se faire blesser. " Attention, Declan !" Cependant, le jeune homme que je pensais connaître reste imperturbable. Il ne semble avoir plus rien de celui que j'ai embrassé. Il est si froid...Mon cœur se resserre dans ma poitrine alors qu'il laisse s'enfuir celui qui menaçait ma vie il y a encore quelques minutes de cela.

Il ne reste plus que moi, Declan et mes centaines d'interrogations. Je vois la bête quitter son corps. Il n'y a plus que ses vêtements qui portent les marques de sa transformation et de l'attaque qu'il a subit. Je me relève en m'accoudant à un arbre. Je ne regarde plus que ses grands yeux pour essayer de retrouver celui qui m'a secouru et que j'ai invité chez moi. "Alors...Comme cela les loups-garous cela n'existent pas ? Tu es un sacré bon menteur..." Il n'y a pas de haine dans mon regard ou de victoire. Je cherche encore des réponses, mais elles peuvent peut-être attendre ? Je remarque sa blessure et je retire ma veste en poussant quelques cris car mes côtes ne semblent pas très préteuses. "Tu es blessé...Laisse moi t'aider." C'est tout ce qui m'importe sur l'instant. Je pose ma veste sur cette plaie sous la couche de vêtements éviscérés sans savoir qu'il va guérir sans mon aide. Je m’inquiète pour lui...quoi qu'il peut être...Je m’inquiète car je...

(c) sweet.lips

Le calme était maintenant retombé depuis une poignée de secondes et tout ce qui semblait exister n’était donc plus que ces deux jeunes hommes prostrés au sol. Vraiment ? Alors que Killian s’affairait à retirer sa veste pour aider son « sauveur », une ombre apparut derrière l’épaule de l’adolescent. Bras croisés dans le bas du dos et posture parfaitement droite, l’individu semblait avoir toujours été là, tout en donnant une impression très appuyée de désincarnation. Peut-être bien qu’il s’agissait de cette espèce indifférence face à la douleur de Declan ou à quoi que ce soit d’autre dans la scène actuelle qui en était l’origine. Peu importe, nous n’étions pas ici pour spéculer sur l’entrée en scène d’un troisième protagoniste mais plutôt sur l’éclaircissement de la situation générale. En deux mots, disons que c’était la grosse merde et que ça n’allait pas s’arranger dans les minutes à venir… au point que je puisse vous assurer que si Killian n’avait pas été présent à cet instant précis, les chances pour qu’un affrontement particulièrement violent ait lieu auraient été de 99,9%. Minimum. Oh, l’envie de meurtre était bien là et cette fois-ci, il n’y avait absolument plus rien d’intériorisé. Maintenant que le jeune loup-garou ci-présent s’était occupé de tout dévoiler aux yeux de son interlocuteur, les frontières du « comportement à adopter » étaient devenues bien plus floues qu’elles l’avaient toujours été pour Alastar qui restait aussi immobile et froid qu’une statue, le regard braqué sur la main de son fils. « Il va cicatriser tout seul. »

[koukou je fais une réponse toute courte pour commencer, au revoir :3]

(c) sweet.lips

Je me repassais les dernières minutes en tête. Pourquoi Killian était-il là ? Pourquoi est-ce qu'il s'était retrouvé dans cette forêt ? Seul de surcroît ! Je ne comprenais pas. Enfin. Cela ne me surprenais pas, la première fois que nous nous sommes rencontrés, officiellement, c'était dans cette même forêt. Sauf que ce soir-là, la bête qui l'avait blessé, c'était moi. J'avais pris ma forme de loup, cette forme spécifique à un Alpha. Un loup effrayant, monstrueux, aux yeux de sang. Je l'avais vu et j'avais foncé. Je l'avais blessé intentionnellement. Aujourd'hui cette pensée me glacerait le sang. La vision seule de Killian dans cette situation me donnait des envies de meurtre. Ca me donnait envie de me retourner et partir à la chasse, retrouver ces deux omegas et leur briser les os, uns par uns. "Alors...Comme cela les loups-garous cela n'existent pas ? Tu es un sacré bon menteur...". Rien. Pas de haine, pas de rancoeur, juste un peu de surprise et encore...je tombais des nues littéralement. "Je..Je...Quoi ?" un rire nerveux, un soupire, je passais une main sur mon visage. Bredouiller pour moi n'était pas habituel. J'étais surpris, très surpris. "Je ne te comprend pas." avouais-je en laissant retomber mes mains contre mes hanches. Je laissais échapper un petit cris de douleur. La cicatrisation me faisait presque oublier que j'étais bel et bien blessé. Je baissais mon regard vers mes blessures qui commençaient déjà à cicatriser doucement. Cet enfoiré ne m'avait pas loupé. L'adrénaline m'avait, en quelque sorte, anesthésié mais maintenant, maintenant que je tombais des nus, que la surprise remplaçait l'adrénaline, je la sentais, je sentais chaque parcelle de ma peau se tirer, se colorer de douleur.

Killian ôte sa veste et j'entame un geste vers lui pour l'empêcher de me la donner. "Non, c'est bon, gardes là. Je..." " Il va cicatriser tout seul." Je m’immobilise et relève la tête vers la provenance de cette voix. Alastar. Je ne l'avais pas remarqué, je n'avais pas eu le temps et je n'avais pas pensé à chercher d'autres odeurs. Son odeur ne m'avait pas choqué, elle ne s'était pas manifesté à moi avant cet instant même. Un sourire rieur s'afficha sur mon visage alors que je replaçais mon t-shirt et mon blouson, désormais en lambeaux sur les flancs. "Mais je t'en pris Alastar, joins-toi à nous !" dis-je à son intention en ouvrant les bras en crois pour l'inviter à faire un pas dans la lumière. Je sentais sa haine, la façon dont il nous regardait, dont il se sentait. Un rire franc s'échappa de mes lèvres. Enfin. C'était arrivé plus tôt que prévu, pas exactement comme je l'avais imaginé. Mais ce sentiment, il était là, dans la poitrine d'Alastar. Je ne bougeais pas de ma place, cessant de rire doucement, le sourire ne disparaissant pas pour autant. "Maintenant, tu t'imagines cette même scène." dis-je en mouvant mes doigts pour former une sorte de cadre que je fixais sur Killian. "Sauf que, Killian est mort, les deux omegas un peu plus loin sont des chasseurs et moi, moi je suis toi. Je suis toi et je t'interdis de retrouver ces chasseurs. Je t'interdis de venger la mort de Killian. Je te dis non, parce que je sais que tu vas m’obéir. Parce que je suis ton Alpha et que je sais que tu donnerais ta vie pour moi. Je me fiche de ce que tu peux ressentir, de cette fissure qui va meurtrir ta vie un peu plus chaque jour. Je t'interdis de te venger parce que tuer ces deux chasseurs ne ferait qu'apaiser ta douleur et que ça n'arrange pas mes propres plans." je termine mon petit discours en laissant retomber mes mains, mon sourire s'effaçant peu à peu. J'essuie mes mains couvertes du sang de l'omega sur mon blouson de cuir et je relève mon visage vers Alastar. "Tout ça. Je l'ai prévu. Depuis...longtemps. Depuis que Ombe est morte. Mais, je vais t'avouer un scoop mon vieux. Il y a un truc, une seule chose, que je n'avais prévu et c'est pour ça que Killian est toujours vivant." parce que je ne suis pas le sale enfoiré asocial et sans coeur que je croyais être devenu après la mort d'Ombe. Parce que mon coeur s'était entiché de ce petit humain si innocent il y a encore quelques heures. Parce que j'étais tombé amoureux.

(c) sweet.lips

Devais-je être inquiet ? Ma conscience ne me hurlait pourtant pas de m'enfuir. Je restais devant Declan. Abasourdi, mais curieusement très calme. C'était peut-être ces yeux que je retrouvais peu à peu et qui ne poussait que vers une chose. Lui. "Je ne te comprend pas." me lança t-il. C'était moi à présent qui voulait lui offrir ce sourire nerveux. Je ne comprenais que cette évidence. "Aie. Il n'y a rien à comprendre. Il y a rien que tu puisses faire qui me fasse te détester." Tout cela était-il vraiment réel ? Mes sentiments l'étaient en tout cas. Cette morsure sur mon cœur d'adolescent en émoi.

Puis, tout s'écroule en instant alors que j'essaye de poser ma veste sur sa blessure. "Non, c'est bon, gardes là. Je..." " Il va cicatriser tout seul." Je reconnais cette voix avant même de me retourner. " Papa ??" Je recule, tressaillant. J'en laisse tomber ma veste à nos pieds. Mais, comment ? "Mais...Comment tu es arrivé là ?" Encore une fois, mon cœur connait déjà la réponse à ma question. Tout s'éclaire : ces nuits où il disparaissait, ces habits déchirés, ces griffures derrière la maison..."Mais je t'en pris Alastar, joins-toi à nous !" Ma tête semble faire un 180 degrés forcée pour chercher une réponse dans le regard devenu si froid des deux hommes. L'air devient électrique et étouffant. La colère et la rage dans le vent viennent fouetter mes joues. "Maintenant, tu t'imagines cette même scène. Sauf que, Killian est mort, les deux omegas un peu plus loin sont des chasseurs et moi, moi je suis toi. Je suis toi et je t'interdis de retrouver ces chasseurs. Je t'interdis de venger la mort de Killian. Je te dis non, parce que je sais que tu vas m’obéir. Parce que je suis ton Alpha et que je sais que tu donnerais ta vie pour moi. Je me fiche de ce que tu peux ressentir, de cette fissure qui va meurtrir ta vie un peu plus chaque jour. Je t'interdis de te venger parce que tuer ces deux chasseurs ne ferait qu'apaiser ta douleur et que ça n'arrange pas mes propres plans." Je lève mes mains vers Declan, cherchant toujours mes réponses. Puis, à nouveau vers mon père. "Mais, qu'est ce qu'il raconte, papa ? Je ne comprends rien... " Je comprends simplement la peine et la souffrance dans les yeux de Declan. Puis, le couperet tombe et tranche mon pauvre cœur en deux. "Tout ça. Je l'ai prévu. Depuis...longtemps. Depuis que Ombe est morte. Mais, je vais t'avouer un scoop mon vieux. Il y a un truc, une seule chose, que je n'avais prévu et c'est pour ça que Killian est toujours vivant." Je me met à secouer la tête comme un pantin désarticulé tout en reculant. "Non...Non..." Les pièces du puzzle se mettent en place dans un bruit de craquement sinistre. Mes genoux me lâchent et je tombe. Vidé. " Alors, tout cela ? C'était simplement...pour te venger ?" Je suis anéanti. Je n'ai plus aucune force dans ce corps si frêle. Je n'ose plus regarder l'homme que j'ai aimé. Éperdument. Désespérément.

(c) sweet.lips

Il m’arrivait souvent de me demander pourquoi j’avais laissé filer Declan après la mort de sa petite amie, pourquoi je ne l’avais pas rattrapé immédiatement afin de l’empêcher de faire un pas de plus. Quelque part au fond de moi, j’ai toujours su que ce garçon présentait un danger potentiel et ça se lisait clairement dans ses yeux depuis le début. Après tout, il était intelligent, il savait obtenir ce qu’il voulait et surtout, il était jeune. Or, lorsqu’on est jeune, on a un trop plein d’ambition à évacuer et c’est ce qui nous poussait à faire des choses avant même de réfléchir aux conséquences qui allaient de pair. Lui, ce qu’il aurait fait ? Courir après les meurtriers de sa copine, les dépecer… et ensuite ? Un vide dans le cœur, parce qu’on ne savait plus comment gérer la souffrance qui nous envahissait. Parce qu’après la colère et la vengeance, il restait la tristesse… et celle-ci ne partait pas en donnant un coup de griffe à la gorge d’un homme… difficile de vivre avec. Je n’avais pas pris le temps de parler de cet « ensuite » à Declan, ni de lui dire que c’est pour cette raison que je ne voulais pas qu’il s’emballe… et peut-être que j’aurais dû le mettre en garde, mais il était suffisamment âgé, selon moi, pour se reprendre en main tout seul. Après deux ans, cependant, je me devais de constater que son cas n’avait fait qu’empirer et qu’il restait aveuglé par l’amertume. Il voulait la guerre, assurément, et à mes yeux, cela restait une attitude de gamin capricieux qui ne voulait pas prendre en maturité. Très bien… qu’il me tue tout de suite et nous verrions bien ce qui se passerait dans sa tête après que je sois tombé face contre terre. À tous les coups, il chercherait à mettre une nouvelle faute sur le dos de quelqu’un d’autre que lui-même, histoire d’avoir une raison de vivre et de ne pas retourner sa colère contre lui-même… histoire de ne pas se perdre. Je pouvais comprendre sa manière de réfléchir, car j’avais faillis finir comme lui. J’étais même passé à deux doigts d’en vouloir au monde entier et de mener bataille contre chaque individu qui peuplait la région, à commencer par les loups-garous eux-mêmes, mais je m’étais repris immédiatement après avoir mis fin à la vie de mon « créateur », car j’avais compris que la vengeance ne m’avait apporté qu’une impulsion passagère et que je n’allais pas pouvoir vivre toute ma vie dans la violence et le vide, sans finir par me perdre totalement. J’avais à peine vingt et un ans quand j’ai obtenu mon rang d’Alpha... qu’est-ce qu’on était, à cet âge-ci ? Rien du tout. Juste un jeune homme pas encore tout à fait adulte qui ne pensait qu’à s’amuser avec les filles et à terminer ses études, à aller à l’université pour profiter d’être libéré de la surveillance parentale, à faire la fête toute la nuit lors de soirées étudiantes et à se trouver une jolie fille à marier plus tard. Or, le destin s’en fichait de tout ça et vous flanquait des choses impensables à la figure au moment où vous y étiez le moins préparé. Mais je l’avais fais… j’avais tout pris en main, tout seul, sans Quinn, et j’y étais parvenu en gardant presque toute mon humanité. Quand à Declan. Vingt-six ans... réduit à des manipulations ignobles, juste pour me faire mal. C’était ça, son évolution, depuis deux ans ? C’est tout ce qu’il avait fait de sa vie ? Tout ce qu’il avait à me montrer ? Je m’occupais déjà des crises d’angoisse de Killian, à son âge. Alors non… non, je ne serais pas indulgent à son égard. Le discours du médecin ne fit que m’agacer un peu plus que je ne l’étais déjà et la seule chose qui me retenait de lui mettre un coup de pied dans la figure était la présence de mon fils. Est-ce qu’il l’avait sauvé pour faire joli et le maintenir en vie le temps d’une nuit de plus, ou… ? Ses dernières paroles me firent décroiser les mains, mais c’est surtout son rire qui m’irritait le plus. Ombe était morte parce qu’elle n’avait pas été assez attentive, pas parce que je lui avais appris à ne pas attaquer. Mes instructions concernant les règles de sécurité étaient claires, alors si ni elle ni Declan n’avaient pu les suivre… "Mais, qu'est ce qu'il raconte, papa ? Je ne comprends rien... " Stop. Mon attention se tourna immédiatement vers l’auteur de cette phrase et bien que mon expression faciale ne changea absolument pas, c’était comme si quelqu’un venait de jeter un seau d’eau sur une machine en surchauffe dans ma poitrine. Je posais une main derrière sa tête, oubliant presque que je lui avais interdit de sortir de sa chambre, car ce n’était pas de sa faute si tout ça était en train de se passer, puis reposais le regard sur l’ordure d’en face. Killian avait été manipulé, après tout… et je n’avais pas eu suffisamment de tact pour empêcher tout ça de se produire, alors je n’allais pas le blâmer. La suite ? Ce fut la goutte de trop. J’avais cru comprendre des choses concernant mon fils et sa position face à ses propres attirances (avec lesquelles j’avais un peu de mal, je dois l’avouer), mais même si j’avais toujours fais en sorte d’éviter le sujet pour ne pas avoir à sortir certains mots de ma bouche, le sujet étant trop difficile pour moi pour l’instant, je ne l’avais jamais réprimé lorsqu’il en venait aux allusions… ou à… bref… disons qu’il y avait des trucs dans sa chambre… et que j’aurais préféré ne jamais tomber dessus.

Quoi qu’il en soit, jouer avec les sentiments d’une personne qui n’avait rien à voir dans l’affaire entre Declan et moi restait tout à fait impardonnable, encore plus ici, puis-ce qu’il s’agissait de Killian qui n’avait jamais rien demandé à qui que ce soit. Je n’avais pas fais attention aux mots de l’Alpha concernant le fait que le garçon ici présent était encore en vie pour une certaine raison qui était apparemment un scoop, tout simplement parce que son attitude ne me donnait même pas envie de l’écouter. Peut-être n’y avait-il que son rythme cardiaque particulier pour appuyer ses dires. Inacceptable. Je haussais un sourcil et pris une inspiration qui souleva mes épaules carrées, puis n’attendis pas un instant de plus pour me propulser littéralement en direction du jeune homme et lui planter un coup de pied dans la hanche afin de l’éloigner (et d’en remettre une couche dans sa blessure ouverte). « Ne me parle pas comme s’il n’était pas présent ! » Je serrais la mâchoire et fis un pas en arrière tout en surveillant le moindre geste de Declan. Depuis qu’il était passé chez moi et que son odeur avait infecté les murs, j’avais complètement craqué. Son culot me rendait fou et son immoralité encore plus. Mais mon fils ? Oser s’en prendre à ce garçon qui valait bien mieux que lui sur tous les plans ? Ca… c’était le déclenchement de mes envies les plus cruelles. Si on ajoutait le fait que j’étais dans une colère noire depuis que les chasseurs avaient ouvert le feu sur nous l’autre jour et que je commençais à envisager sérieusement de leur donner une leçon de conduite, on pouvait dire sans trop d’hésitations que j’étais actuellement une bombe à retardement sur le point d’exploser. « C’est parce que ce genre de personnes existent que la région est dangereuse… » Mon regard fit un rapide aller-retour en direction de l’adolescent qui me faisait de la peine à voir, puis se reposa sur l’autre loup à qui je finis par adresser une espèce de sourire amer en commençant à comprendre ce qui se passait réellement. Apparemment, Killian avait gagné un bouclier humain sans même s’en être rendu compte et ce qu’il y avait de drôle là-dedans, c’est que la situation « de base » semblait s’être ainsi retournée sans même que j’aie fais quoi que ce soit. Reste qu’il n’était même pas envisageable en rêve de laisser Declan fréquenter mon fils. Ce type avait le cœur pourri jusqu’à son centre. Je ne savais plus quoi penser de tout ça, honnêtement… et surtout, je ne faisais pas confiance à ce serpent qui était tout à fait capable de mentir encore maintenant. De toute manière, il avait déjà gagné contre moi. Il m’avait mit dans un état d’angoisse extrême ces derniers jours et jamais de ma vie n’avais-je autant ressenti la perte de contrôle sur mon environnement. S’il décidait de m’attaquer, là… disons-le clairement, je savais que je ne serais pas en mesure de lui tenir tête, à moins d’avoir beaucoup de chance, car j’étais éreinté par ce rodéo émotionnel que je subissais depuis des semaines. « Et maintenant, Declan ? Tu te sens mieux ? Qu’est-ce que tu vas faire de ta vie, à part tout détruire ? » Je ne m’étais pas montré très tactile ou affectueux avec Killian depuis le début de cette conversation, mais cela ne m’empêchait pas de le garder à l’œil ou de m’en faire pour lui. C’était là… il se passait tellement de choses, y compris ça. C’était finalement arrivé… le conte de fées prenait fin pour l’adolescent. Brusquement, violemment, mais il allait devoir se relever et moi, j’allais devoir accepter le fait que plus rien n’allait être comme avant.

(c) sweet.lips

Ce moment, je l'avais attendu. Je me l'étais imaginé, j'en avais rêvé. Je m'attendais à autre chose. J'aurais voulu...je ne sais pas. Je m'attendais à ressentir quelque chose. De la satisfaction, du soulagement. Quelque chose. Mais non, rien ne change. Juste la sensation que rien ne sera plus jamais comme avant. Alastar, je l'avais touché, j'avais réussi à le faire sortir de ses gonds et mon objectif était donc accompli. J'avais réussi, je lui avais montré que quelqu'un proche de lui pouvait être touché. Cette colère que je sentais en lui aurait dû me soulager, me faire gagner en fierté et d'un côté je l'étais, fier. Une fierté mal placé qui me donnait un gout amer en travers de la gorge. Je laissais tomber mon regard vers Killian lorsque ce dernier me demanda si tout cela était uniquement dans le but de me venger. Je baissais le regard. J'avais honte. Ouai. Honte. Surement la plus grosse de toute ma vie. Je sentais sa respiration saccadé, ses yeux tristes, écarquillés. C'était pourtant ce que j'avais voulu, ce que j'aurais dû toujours vouloir. Si je m'étais rapproché de lui, c'était pour ça. Pour le briser, lui arracher l'innocence qu'Alastar avait tenté de sauvegarder. Mais maintenant...tout était si différent que je me dégoûté. Je n'étais pas soulagé, j'avais le coeur lourd. Et ca me tuait.

Le coup que je me pris dans le flanc m'arracha un cris de douleur alors que mes pupilles virèrent au rouge sous le choc. Je reculais de quelques pas, posant ma main sur ma blessure. Elle guérissait, doucement, mais surement. La douleur, elle, était toujours présente. Plus psychologique que physique. Mon esprit était en bordel, sans dessus-dessous. Je refusais de perdre la face devant Alastar. Mes fautes me revenaient en pleine face, mais je refusais de l'admettre. Tout ça, je ne voulais pas l'avoir fait pour finir plus mal qu'auparavant. Fierté mal placée, orgueil de dingue. J'étais un bel idiot. Je le savais, depuis le début. Mais la force de vengeance, l'envie de faire couler le sang...mon sang de loup m'avait retourné la tête. J'avais fais ma crise d'adolescence trop tard. Mon visage était fermé et mes yeux fusillaient Alastar, toujours teinté de carmin. " Mieux ? Probablement. Honnêtement, je m'attendais à mieux de ta part Alastar...Ca t'as pris combien de temps pour découvrir que j'avais réussi à rentrer chez toi hein ? je me taisais et me rapprochais doucement, mon regard toujours fixé sur Alastar. Je n'osais regarder Killian tout simplement car je n'arrivais pas à contrôler mon rythme cardiaque lorsque je posais mes yeux sur lui et je savais que c'était notable. "Maintenant ce que je vais faire est simple. Mais ça ne te regarde pas, tu as clairement choisi ton côté dans ce qui se profile à l'horizon. Pour ma part, je n'ai pas renoncé à notre salut et je compte bien garder mes betas en vie. Ceci c'était un avertissement. Un gentil avertissement. T'as pas été foutu de protéger ton fils, je suis pressé de voir ce que tu feras de ta meute." rajoutais-je doucement. Je ne savais plus quoi dire, alors je parlais pour ne rien dire. Je me sentais ridicule, je l'étais. J'avais l'impression de me retrouver face à quelque chose que je n'avais prévu. D'être perdu dans un océan de culpabilité et d’amertume. J'étais complètement idiot et aveuglé.

(c) sweet.lips

Mes côtes sifflaient à chacune de mes respirations et pourtant ce n'était pas ce qui me faisait le plus mal. Ma tête cognait comme à l'intérieur d'un étau. Un tintement insupportable. Tant d'informations à enregistrer et à assimiler. C'était trop pour ma tête d'adolescent. J'essayais de croiser le regard de mon père. Un regard que je lui connaissais pas. Devais-je le haïr pour m'avoir menti ? Je n'y arrivais pas. Il m'avait toujours protégé et je comprenais maintenant d'où venait son air (de loup) d'ours mal léché. Cette pensée aurait pu me faire sourire si suite aux paroles de Declan mon père ne s'était pas propulsé vers lui pour lui donner un coup de pieds dans la hanche. Sa colère aurait dû me faire reculer de trois pas et son besoin de me protéger aurait dû me ranger de son côté. Et...pourtant. "Ne lui fais pas de mal !" Tout mon corps cria avec moi. Je marchais en sa direction, sans me rendre compte que je m'étais mis entre eux. Que pensais-je pouvoir faire ? Je n'avais aucun pouvoir, sauf cette détresse humide dans le fond de mes pupilles que j'offrais à mon père tout en tendant mes mains vers lui.

Il comprenait maintenant comme son fils était différent. J'aurais tellement voulu lui dire autrement. Ce n'est pas ce que j'avais espéré pour nous qui avions retrouvés un peu de communication. Et, dans nos quelques regards échangés dans cette pénombre brûlante pleines d'animosités. J'essayais d'apporter à mon père cette vérité que j'étais toujours cet enfant qu'il avait sauvé un soir. Un enfant qu'il avait recueilli et aimé chez lui, dans sa propre maison. Quelqu'un qui croirait toujours en lui et qui se moquait de l'animal qu'il pouvait être en dessous. Alors, pouvait-il peut-être l'accepter comme il était à son tour ? J'écoutais mon père et ses accusations. Mes bras toujours en croix de chaque côté du ring qui s'était créé dans cette clairière. Je secouais la tête, ne pouvant croire que la région était dangereuse à cause de personnes comme Declan. "Non, tu te trompes, papa. Il m'a secouru. Deux fois." Ma stupidité était marqué en tatouage sur ma peau...L’innocence. Une innocence broyée sans vergogne par les vérités qui sortaient enfin de la bouche de Declan. Je m'écartais le plus loin possible d'eux. Je tombais à genoux devant cette échange dans laquelle j'avais parti prenante. « (…) t'as pris combien de temps pour découvrir que j'avais réussi à rentrer chez toi hein ? » Alors, c'était pour ça ? Je secouais ma pauvre tête car je ne voulais y croire. Tout cela n'était qu'un jeu ? Son baiser ? Ses caresses ? Je levais la tête vers mon père car ma poitrine me brûlait. Mes yeux refusaient de céder aux larmes, mais qu'est ce que j'aurais voulu qu'il me prenne dans ses bras. Juste pour ce moment, j'aurais juré devant tous les dieux que jamais plus je lui aurais désobéi. Je serais redevenu son bon petit...si simplement il avait pu calmer mon chagrin. Mais, c'est autre chose qui m'entoura de ses bras chauds et réconfortants. La colère. Muse implacable et imperturbable. Toujours à genoux, ma main remonta dans l'herbe jusqu'à cette pierre. Mes doigts comme des serres agrippèrent la pierre alors que la rage consumait mes lèvres tremblotantes. Declan avait fait l'erreur de ne plus me regarder. Le jeu était terminé ? Je n'avais plus aucun intérêt à ses yeux ?  Lourde erreur. J'étais un Burns, même si leur sang ne coulait pas en moi. Je me relevais à l'aide de son corps zombifié, marchant dans le dos de celui qui m'avait brisé en milles morceaux. Ne réfléchissant pas un instant que l'attaquer alors que la bête était  si proche de sortir était la plus mauvaise idée de la terre. Je frappais de toutes mes forces l'arrière de son crâne. Hurlant ma colère avant mes mots. "Son fils sait très bien se défendre tout seul ! " Je lâchais mon arme de poing sans savoir si je l'avais blessé. Déjà pouvait-il l'être ? Avait-il un cœur ? Je l'avais cru quand nous étions tous les deux dans ma chambre. "Cela a dû bien te faire rire tout ça, hein ? Un stupide adolescent qui te regardait avec ce regard d'amoureux transi. Un regard à qui tu aurais pu tout demander. J'aurais préféré clairement que tu m'égorges cela aurait été moins douloureux..." Car, oui, j'étais tombé amoureux. Le premier que j'avais aimé...Le premier que je détesterais jusqu'à la fin de ma vie.

(c) sweet.lips

"Ne lui fais pas de mal !" Je m’immobilisais et tournais immédiatement la tête vers la provenance de la voix. Comment pouvait-il prendre la défense de ce… ? Ah… oui… évidemment. J’étais à deux doigts de faire un commentaire, cependant, la détresse lisible dans les yeux de Killian rétracta non seulement tous mots de ma bouche, mais aussi et surtout un peu de dureté à mon expression faciale. Il n’avait pas sa place ici, il ne voulait pas être ici et si je lui avais expliqué les choses à temps… peut-être qu’il n’aurait pas eu envie de sortir, ce soir. Je restais encore étonné de la douceur qui se dégageait de ce jeune homme, après tout ce temps passé à le voir grandir et au fond de moi, malgré sa réaction inconsidérée, je fus assez impressionné par son geste. Il n’avait pas cillé face à ce qu’il avait vu, il s’était relevé et me faisait maintenant comprendre que tout resterait inchangé entre nous. Et surtout… il ne semblait même pas avoir peur. C’était peut-être bien de l’inconscience totale de sa part, mais il fallait tout de même reconnaître que le courage de Killian touchait des records, chose que je ne réalisais qu’à l’instant. Voila donc qui était mon fils ? Avec un peu plus de sagesse et d’expérience, ce garçon promettait de devenir un individu exceptionnel. Que dis-je ? Il l’était déjà, mais cette évidence s’offrait ouvertement à nous seulement maintenant. Son cœur était immense et entier, je savais qu’il allait surmonter tout ça et je l’aiderai pour la suite, c’est certain… il venait de gagner plus de respect de ma part qu’il n’en n’avait jamais eu jusqu’à présent et ce malgré la situation. J’étais très fier de lui, il était devenu plus fort que je le pensais, malgré les apparences et le retrait qu’il venait de prendre suite aux paroles de Declan.

Je reposais mon attention sur ce dernier, d’ailleurs. Il me provoquait, mais je sentais que la roue venait de tourner, bien qu’il était parvenu à faire ressortir de la culpabilité chez moi concernant mon raté vis-à-vis de la sécurité de Killian. C’est vrai… il aurait très bien pu mourir il y a longtemps et c’était un miracle que rien ne lui soit arrivé. J’aurais du, j’aurais pu m’y prendre autrement… lui montrer ce qu’il y avait dans cette cave, mais c’était un choix tellement difficile à faire. Entre préserver l’intégrité mentale du garçon ou ses capacités à se défendre, j’avais ainsi préféré mettre tout en œuvre pour lui offrir une vie normale, plus ou moins… et quelque chose, ce soir, m’assurait que j’avais fais le bon choix. Il était peut-être naïf sur plusieurs plans, mais s’il y a bien un domaine où il dépasserait tout le monde à l’avenir, c’était avec les sentiments. Je n’avais cessé de lui répéter que la haine était quelque chose dont il fallait se débarrasser au plus vite lorsqu’elle arrivait et que les choses n’avaient de vraie valeur que lorsqu’on avait quelqu’un avec qui les partager, parce qu’après tout, personne ne savait de quoi demain serait fait. Il fallait profiter de chaque bon moment, de chaque rencontre et même si mettre des mots sur ce qu’on ressentait n’était pas facile, un geste ou un regard d’encouragement pouvaient avoir énormément d’importance. Ainsi, je lui avais imposé une règle : celle d’être conscient qu’il était vivant. Le reste, il l’avait fait tout seul, tout en étant encadré par des personnes qui l’aimaient. C’était une chance, je pense… une chance qui lui avait été donnée et qu’il voulait, j’imagine, donner à Declan. Mais ça… non. Un grondement s’échappa de ma poitrine aux remarques du jeune homme sur ma façon de gérer mon groupe, c’était le genre de commentaires inutiles qui avaient le don de m’agacer.

Ce qui s’est passé ensuite m’a cependant laissé perplexe. Je ne m’attendais pas à cette intervention de la part de Killian, mais le voir aussi près des griffes d’un Alpha fit monter une bonne dose de stress en moi et la seule chose qui m’empêcha de l’éloigner de là par peur de voir le Lycan l’attraper à la gorge à pleine mâchoire furent ses paroles. C’était vraiment aussi difficile à entendre pour Declan que pour moi, je peux vous l’assurer… j’avais du mal, mais je ne dis rien et m’approchais lentement en tendant une main en direction de l’adolescent. « Killian… »Mon regard se déplaça à nouveau sur le troisième protagoniste, mais je n’ajoutais pas un mot de plus et me contentais de hocher négativement la tête en le jugeant lourdement. Je n’allais pas lui pardonner ce qu’il avait fait de sitôt et la prochaine fois qu’il verrait mon fils, ce dernier ne serait plus le même. S’il fallait qu’il apprenne la vérité, alors il apprendrait tout. Y compris qui il était et quel sang coulait dans ses veines. Pour l’heure… je ne souhaitais cependant que récupérer mon enfant sain et sauf, sentir son pouls près de mon corps et sa chaleur qui m’assurerait qu’il était bien en vie. Juste le prendre dans mes bras et mettre un terme à tout ceci.

(c) sweet.lips

Killian s'interposa entre Alastar et moi. Mes pupilles redevinrent brunes l'espace d'un instant. Je pouvais pas rester comme ça devant lui, je voulais pas lui montrer ça de moi. Ses mots vinrent frapper mon corps, ma tête, mon esprit. La haine, elle était aux abonnés absent avant qu'Alastar n'annonce sa présence. La révélation de ma nature ne lui avait fait ni chaud, ni froid. Je m'étais senti si bizarre, j'avais ressenti ce soulagement lorsqu'un secret est révélé. La seule chose qui l'avait inquiété, c'était ma blessure. Mais cette griffure, cette entaille dans mon flanc. Elle était minime, elle n'était qu'une éraflure comparé à ce que mon esprit, ce que ma tête et mon coeur pouvait ressentir et accueillir comme blessure à l'instant présent. Son regard, il était rempli de ce sentiment que je ne lui avais jamais vu, que je n'aurais aimé jamais voir. Il me crachait au visage ce à quoi j'aurais voulu rester fidèle. Ce que je voulais au début. Me moquer, être toujours un peu plus écoeuré à chaque baiser supplémentaire, à chaque caresse sur sa joue, chaque mot murmurer au creux de son oreille. Mais non, j'étais devenu comme dépendant, addict de sa voix, j'avais besoin de ses baisers pour me faire redescendre sur terre et contradictoirement c'était les seuls moment où je ne voulais jamais penser à autre chose. Ses mains renfermaient ce que j'avais pu ressentir de plus fort depuis deux ans. Même Ombe, la femme pour qui j'avait commencé tout ça, ne m'avait jamais aimé comme ça. Parce qu'elle savait ce qu'elle ne voulait pas ressentir lorsqu'un jour nous nous séparerions. Alors que Killian, il ne savait pas ce que ça faisait que de vivre une rupture. De se faire larguer du jour au lendemain, sans même savoir pourquoi parfois. Lui, il s'était laissé tomber éperdument, il m'avait aimé comme si j'était la personne pour lui, la personne qui pouvait le rendre heureux.

Mais là, cette haine qui trônait dans ses yeux, cette violence dans sa voix. C'était surement la première fois qu'il ressentait ce genre de chose, cet haine spécifique que l'on éprouve pour la personne qui trahis le coeur et les sentiments. Même si dans le fond je ne l'avais pas trahi, parce que je n'étais pas restait insensible longtemps. Ses yeux bleus étaient devenu le ciel de mes rêves, ce qui me maintenant humain lors des pleines lunes. Il était l'ancre qui m'empêchait de couler alors que mes agissements le noyait maintenant. Je me relève suite au coup de pierre. Il m'a frappé, de ses mains, ses mains si innocentes jusqu'à présent. Des mains qui n'osaient même pas toucher la peau de mon dos ou de mon torse venaient de frapper avec une pierre sur le crâne. Je sentais la peau cicatriser sous mes cheveux alors qu'un léger filer rouge glisser le long de ma nuque. Je ne prenais même pas la peine de vérifier mon état, je m'en fichais. Peut-être que m'achever serait la chose la plus juste qu'il pourrait faire. Qu'il sorte un couteau, qu'Alastar lui en lance un, qu'il me le plante en plein coeur, me le coupe, me l'arrache, l'écrase du pied, avec le plaisir de la vengeance. Peut-être que la vengeance lui fera du bien à lui...moi, je n'étais plus sûr du tout de l'utilité de me venger.

J'aurais voulu fermer les yeux, que le cauchemar prenne fin et que je me réveille avec Olive sur les pieds, qu'il fasse chaud, que je transpire et que soudain je réalise que j'avais oublié de rappeler Killian. Que rien de tout cela ne s'était passé. Mais non. Tout était bel et bien en train de se passer. Mes poings devinrent de vulgaires chiffon alors que mon coeur se serrait à chaque mot supplémentaire. "Je t'aurais jamais...je te ferais jamais de mal Killian..." murmurais-je. Ma voix se brisa alors que je ravalais des larmes que je ne voulais pas mienne. Je reculais de quelques pas avant d'inspirais un grand coup. "Désolé Alastar." je ne revenais pas de ce que je disais. Je me rendais peut-être compte de ce que j'avais fait, de ce qui s'était profilé dans ma tête. Mais comment j'avais pu finir comme ça ? J'aurais voulu dire que je ne l'avais pas voulu, que je n'avais pas fait exprès. Mais j'avais vraiment voulu me venger, j'étais depuis trop longtemps sujet à cette envie de protester, de faire l'opposé de ce qu'on me disait de faire. "Excuses-moi.." dis-je à Killian...ouai, j'avais été un p'tit con.

(c) sweet.lips

Je lâchais cette pierre. Horrifié soudainement de mon geste. Horrifié d'avoir copulé avec mère colère, mais surtout d'avoir tant voulu que mon père ne pose la main sur lui, pour finalement venir moi-même le blesser. Et, est-ce que cela en valait la peine ? Est-ce que je me sentais libéré. Non, loin de là, car ce n'était pas moi. Je regardais mes mains à présent, surtout pour ne pas relever mon regard vers Declan. Il n'avait pas bougé. Pourquoi ? Il aurait pu me briser la nuque sans même que je ne puisse rien faire. Je me détestais à présent de cette débauche de violence. J'étais tendre et affectueux. Peut-être trop si j'écoutais mon entourage. J'aurais tellement voulu revenir en arrière, mais il est trop tard. Je vis mon père tendre une main vers moi. Mon prénom entre ses lèvres terminèrent de m'appeler et je fondais dans ses bras. Mes côtes me rappelèrent à l'ordre, mais rien de très grave, rien qui ne pouvais attendre mon besoin de le prendre dans mes bras. Sa vraie nature ne m'effrayait pas. Peut-être car j'avais encore beaucoup de chose à apprendre ? Je frottais ma tête contre son torse comme pour implorer son pardon. Pardon de m'être enfui. Pardon de ne pas t'avoir assez écouté. Je levais mon regard de mer montante vers mon père. Tu voulais me protéger et maintenant je sais pourquoi. Il y a des choses dehors qui me feront mal, tellement mal que je retrouvais à peine ma respiration. Je le serrais contre moi comme jamais je ne l'avais fait auparavant. Je remontais jusqu'à son cou pour lui glisser au creux de l'oreille. " Je t'aime, papa...Quoi que tu sois..." Cette nuit changerait à jamais nos relations et j'avais l'espoir que cela soit en bien. Il fallait que cela soit en bien...

Je ne voulais plus poser mon regard sur Declan. C'était bien trop douloureux. Ma violence résonnait encore moi et l'idiot que je voulais
aurait tellement voulu s'excuser. Mais, je devais le détester. Le haïr ! C'était bien plus simple...bien moins douloureux. Cependant, ce fut ces mots : "Je t'aurais jamais...je te ferais jamais de mal Killian..." Je réussissais finalement à tourner ma tête vers lui. Est-ce que c'était des sanglots que je sentais dans sa voix. Je me décollais des bras si rassurants de mon père. Je lui adressais ce regard pour le rassurer avant même de m'avancer. Mais, qu'est ce que j'étais entrain de faire ? Je le vis s'excuser auprès de mon père. Est-ce que tout cela était sincère ? Mon cœur le pensa avant même que ma raison me rappelle à l'ordre. Pourtant, je ne voulais pas être ce gamin stupide qui tombe deux fois dans le même panneau. Comme le disait si bien mon oncle : Trompe moi une fois, honte à moi. Trompe moi deux fois, et c'est mon poing dans le cul que tu auras. Mon oncle ce poète...

Je continuais d'avancer. Irrésistiblement attiré. Declan avait toujours ce pouvoir sur moi. Pourquoi ? La lune accompagnait en tendre maitresse de cérémonie mes pas hésitants entre les pierres et les mousses jonchant le sol. Mon bras toujours levé vers mon père pour retenir ses inquiétudes. Puis, à quelques centimètres de son visage, j'approchais mes mains sans oser le toucher. Je cherchais à présent la confrontation de nos regards perdus dans cette mer agitée de nos troubles et amertumes. Peut-être que je voulais croire à l'impossible ? Mais, j'ai bu sa peine et j'en ai pris un peu avec moi. Mon regard remonta jusqu'à sa blessure à sa tête. Arrivant pas à trouver mes mots. Je prononçais la première chose qui monta en moi. "Cela fait mal ?" Je tournais ma tête un instant vers mon père, voulant qu'il me laisse encore un peu de temps. Car, je voulais comprendre la source de ce mal qui rongeait Declan et pour cela je devais lui demander. Mouillant mes lèvres, je revenais à lui. " Alors...Explique-moi pourquoi tu as fais tout cela ? Ne regarde pas Alastar. Ne regarde que moi pendant quelques instants. Une personne est morte c'est ça ? Une personne qui étais tout pour toi ? Tu tenais à elle et mon père n'a pas voulu que tu la venges ? Explique moi ce qui te fais aussi mal, s'il-te-plaît ? Je voudrais comprendre..." J'immobilisais son visage entre mes mains chevrotantes, mon regard perdu dans le sien.

(c) sweet.lips

Ce fut plus fort que moi : toute la tension que j’avais retenue ces derniers temps venait de retomber brusquement au moment-même où je sentis la tête de Killian se poser contre mon épaule. Automatiquement, mes bras vinrent donc l’enserrer d’une façon quasiment désespérée et j’en oubliais presque la présence de Declan alors que mes yeux se fermaient et qu’un soupir de soulagement m’échappait lourdement. J’avais imaginé mon fils mort tellement de fois depuis le début de l’année, si vous saviez… je pense qu’il n’y avait rien de pire que de s’inquiéter pour son enfant. À mes yeux, cela était largement comparable à la perte de son compagnon, voir même pire. D’où je tiens cette hypothèse ? Eh bien, de ce que j’avais vu autour de moi, les gens se remettaient généralement moins bien de la mort de leur fille que de leur mari (à condition d’aimer leur progéniture). Étrange ? Peut-être pas tant que ça… je ne sais pas. Je ne pus m’empêcher d’avoir une pensée pour Quinn à ce moment précis. Lui qui avait perdu sa femme… enceinte. À mon avis, il était impossible de s’imaginer la douleur qu’il avait du ressentir ou de la comparer à quoi que ce soit d’autre, à moins d’avoir vécu la même situation que lui. Tout ce qu’on pouvait faire, c’était des spéculations en observant l’état dans lequel l’homme se trouvait aujourd’hui, c’est-à-dire… euh… par rapport à lui, disons que j’étais chanceux. Très chanceux. Peut-être bien que la tragédie de mon frère avait quelque chose à voir avec mon rejet de toute relation amoureuse, maintenant que j’y pense. Enfin bref… l’important, tout de suite, c’est que Killian était sain et sauf et ça, c’est mon rythme cardiaque anormal ainsi que ma démonstration d’affection sortie de nul part qui nous l’assurait. Je finis par déposer mes lèvres sur le sommet de sa tête avant de l’entendre prononcer quelques mots qui me troublèrent plus qu’ils n’auraient dû, puis j’ouvris les yeux juste avant que la voix de Declan m’interpelle.

Jamais… je ne l’avais jamais vu dans un état pareil. Est-ce que c’était censé m’attendrir ? Ca aurait pu, mais je me suis contenté de l’observer sans ajouter un mot, car malgré ce qu’il pouvait raconter, il avait fait du mal autour de lui et ça commençait par son idée-même de vouloir manipuler mon fils, soit la première personne à qui il ne fallait pas toucher si on ne voulait pas de problèmes avec moi. J’entendais les excuses du Lycan (les premières qu’il m’adressait sans y être « contraint », d’ailleurs) et hochais brièvement la tête pour l’indiquer, mais mon regard, lui, restait partiellement fermé alors que je laissais Killian se rapprocher à nouveau de lui. Finalement, je baissais les yeux. J’aurai une conversation avec mon ancien Bêta plus tard, c’était certain, mais pour l’heure, je n’avais pas à rajouter quoi que ce soit. Je pense qu’il commençait à comprendre par lui-même ce qui était en train de se passer et en rajouter une couche n’était pas nécessaire. Le vide de l’après-vengeance, il l’avait frappé de plein fouet. Dans le fond, je pouvais presque compatir à sa situation actuelle, mais c’était sans compter sur mon caractère fier, ainsi que le fait indéniable que j’étais légèrement rancunier. S’il avait besoin de réconfort, il y avait son « chéri » pour ça et en parlant de ce dernier, il était justement en train de faire une démonstration de sa générosité sans bornes. Quand à moi… je commençais à croire que les choses allaient peut-être pouvoir bouger peu à peu dans ces contrées, un jour prochain. Je l’espérais. Il fallait mettre fin à ce problème de tuerie et le faire au plus vite, mais pour l’heure, j’allais surtout rentrer à la maison avec mon fils et … en fait, je ne sais pas ce qui se passerait une fois le pas de la porte franchi. La seule chose sûre, c’est que plus rien n’allait être comme avant. Le jeune homme avait sans doute des questions et moi, j’avais des réponses à lui apporter, mais maintenant que le rideau était tombé, je ne voyais pas trop ce qui pourrait se mettre en travers d’une amélioration dans notre relation. Même si ça me faisait mal de l’avouer, c’était quand même Declan qui aurait permit ce déblocage… et si vous tendiez l’oreille, vous auriez peut-être entendu un léger grognement (de remerciement. Mais ça aussi, il fallait le décoder).

(c) sweet.lips

Je m'étais attendu à me sentir bien, libéré. J'avais vraiment pensé que faire du mal à Alastar et principalement à Killian allait me soulager, m'apporter la paix. Je pensais ainsi pouvoir me présenter devant la tombe d'Ombe et lui dire que sa vengeance a été faite. Que je l'ai vengée. Que c'était fini maintenant, qu'elle pouvait partir. Elle était partie, elle ne vivait presque plus que dans mes songes tardifs. Mais là, maintenant, je ne peux que me rappeler son corps froid, ses yeux morts, ses cheveux ternes et ce trou dans sa gorge. Je me souviens de cette flèche traversant son cou, la tuant. Le bruit de son corps dégringolant de la branche et frappant le sol dans un son funeste. Je me souviens de la douleur. Et avoir fait du mal à Killian n'arrange rien. Ca n'arrange rien parce que ces derniers temps c'est lui qui me faisait oublier Ombe, il me faisait oublier ma condition de loup, il me faisait oublier jusqu'à mon passé. Tout ce que je voulais faire, c'est regarder vers le futur avec lui. Me dire que lorsqu'il aura atteint la majorité je pourrais m'afficher avec lui s'il le voulait toujours. Mais là, tout s'était effondré. Et à cause de moi, seulement moi. Moi et ma connerie, ma fierté, mes envies de bases qui avaient repris le dessus. J'avais honte, tellement honte. Elle coulait dans chaque parcelle de mon corps. Les images, douloureuses, de l'expression de Killian avant de rejoindre son père. Cette haine dans ces yeux. Elle me tue.

Mes mains, je les regardent, elles tremblent. elles sont rouges, elles sont pleines de sang séchant doucement. Le sang des omegas. Le sang de toutes ces personnes que j'ai tué. Je suis un meurtrier, un tueur. Je suis un monstre ? Je devrais aller en prison, j"ai ôté des vies. Des hommes, des femmes. Combien de parents ais-je tué ? Combien de Killian ? Combien de frères, de soeurs, d'amis, de cousins, cousines...ma mâchoire tremble. Je me rappelle des poings, de cette fureur dans le regard de mon père, de cette homme ayant commencé à me haïr dès la mort de Camden. Il avait perdu son fils biologique. Il ne lui restait que moi. Moi l'enfant abandonné, l'enfant rebelle, le petit con de service qui n'aime pas recevoir des ordres. Il s'est défoulé, il m'a cogné autant qu'il aurait aimé embrasser Camden. Des gens adorables, en apparence. Killian avait eu une image de moi que j'avais sublimé. Dedans, là, dans ma tête. Je suis un tueur. Et ca me déchire l'esprit. J'ai les yeux au sol, je regarde mes mains, mes ongles aux allures toujours de griffes claires et rougeâtres.

"Cela fait mal ?" je lève pas la tête. Je ne sais pas trop quoi il parle. Ca fait mal de me prendre tout ça dans la figure ? Ce grand vide, cette claque de regrets ? Ou bien mon crâne ? Surement le crâne. La blessure ne doit pas être belle à regarder. Je sens les tissues toujours en train de se cicatriser. "un peu." c'est un chuchotement, un murmure tiraillé. Cicatriser rapidement ne veux pas dire sans douleur. Ouai. Ça fait sacrément mal. Qui ne ressentirait rien après s'être pris une pierre de plein fouet dans l'arrière du crâne ? Mes mains sont toujours tremblantes dans le vide. Ma gorge se tord alors que je sens les mains de Killian sur mes joues. Ma mâchoire tremble légèrement et je ne peux m'empêcher de laisser échapper un sanglot muet lorsqu'il me demande de lui raconte. Je ne le mérite pas. Je ne mérite pas Killian. Je relève mon visage et de fines larmes se mettent à couler. "Ombe." je laisse échapper son prénom dans un souffle avant de me mordre les lèvres et d'essayer de me reprendre. J'allais lui dire, tout lui dire, lui expliquer. Je lui devais bien ça. "Il y a cinq ans j'ai rencontrée une jeune femme dans un rayon de jeux vidéos. Je venais d'abandonner mes études suite à l'annonce de ma maladie. A ce moment là, j'étais condamné. A trente ans je serais plus capable de vivre car mes neurones se seraient dégénérés. Et j'ai rencontré Ombe. On s'est tout de suite plu, c'était une des seul fille qui m'ai jamais plu. On a commencé à se fréquenter et elle me soutenait lors des examens. On a décidé de vivre les choses à fond et j'ai même fini par la demander en fiançaille. C'est le soir d'après, y a trois ans, que je me suis fait mordre et elle aussi. On est devenus des loups et on a décidés de rejoindre la meute de ton père. On étaient paumés, on savait pas quoi penser. Je guérissais miraculeusement et je pensais être immortel, incassable. Y a deux ans ont est tombés sous les flèches de deux chasseurs. Elle est morte. J'ai voulu me venger. Ton père a pas voulu. J'étais en colère, j'avais tellement de haine en moi. Ombe était morte, j'avais perdu mon pilier. J'ai quitté la meute d'Alastar et j'ai rejoins les Galtee qui vouent une haine envers les chasseurs, une haine sans limite, comme était la mienne. En quelques mois mon envie de pouvoir m'a bouffé le cerveau et j'ai fini par tuer l'Alpha, et j'ai pris sa place. Je voulais faire payer à ton père, je voulais lui montrer ce que ça fait que de voir quelqu'un de cher se faire blesser. Je voulais te tuer...je...je..." j'ai du mal à parler, mes joues sont trempées alors que j'ai posé mes mains sur les siennes. "je peux pas. Je peux pas te faire du mal. Je peux plus. Plus maintenant. J'ai plus rien en moi Killian. Y a plus rien dans ma tête. J'ai tellement tué. Je te mérite pas, tu mérites tellement plus que moi. Je suis un monstre. Un monstre qui tiens beaucoup trop au fils de l'alpha adverse. Je tiens à toi, tellement." ma voix se tord alors que je ne parviens plus à retenir mes sanglots. J'étais plus à ça prêt. Mes mains s'accrochent à celles de Killian. Je pose mon front contre le sien. Je profite de l'instant, je pose mes mains sur ses joues et je rouvre mes yeux trempés. "Je...je..je t'aime."

(c) sweet.lips

Qu'il était bon de sentir les bras de mon père. J'avais l'impression de retrouver une partie de mon âme égarée dans ces bois. Qu'il était bon de le retrouver, même s'il n'avait jamais été du genre à pouvoir l'exprimer par des mots. Je pouvais le faire pour lui. Ces deux mots qui ont tant de pouvoir. L'amour et non cette haine qui semblait avoir dévorée les deux hommes qui me faisaient face. Mais, cela ne me dérangeait pas de leurs rappeler. Peut-être c'était mon seul pouvoir ce soir ? Alors je mettrais tout mon cœur à l'ouvrage pour apaiser ses cœurs...ou en tout cas essayer.

C'est pour cela que j'avais quitter la chaleur rassurante des bras de mon père pour me rapprocher de Declan. J'étais prêt à tout attendre. Je vis le flot d'émotions rompre sa digue et se déverser en fines larmes sur ses joues. Seul, la détresse de Declan m'importait et la douleur était la dernière de mes priorités. Mon oreille se tend et je bascule dans son monde. Je vis sa maladie, cette rencontre, cette demande en fiançailles et la libération du monde des hommes. J'embrasse le surnaturel, sans en être choqué une seconde. Cela sera demain le réveil qui sera dur, pour l'instant tout me semble comme dans un rêve. Ma tête ne peut s'empêcher de se tourner vers mon père à l’appellation des chasseurs. Sans vraiment comprendre pourquoi...Comme un instinct. Comme si on venait d'appuyer sur un bouton en moi. Mais, je reprends mes esprits et reviens à cette eau sur les joues de Declan. Je la chasse de mes pouces. Je ne sais toujours pas pourquoi je fais ça. J'en ressens simplement le besoin. Je continue d'écouter même à l'énonciation de ces crimes. Je ne détourne pas le regard. Je serre plutôt ses mains qui m'ont rejoins. Je lui rappelle cette part de bon qu'il pense ne plus voir. "Mais, regarde, tu ne m'as pas tué. Tu aurais pu. La première fois et chez moi. Mais, tu ne l'as pas fait, Declan. Tu aurais pu avoir ta vengeance. Cela aurait facile. Et, ce soir, au lieu de ce moment, tu aurais réglé les choses avec Alastar dans les hurlements et le sang. Je veux croire qu'il y a encore du bon en toi. Ce que j'ai cru voir quand nous étions tous les deux. Il faut arrêter de te haïr....Moi...Je t'offre mon pardon car je sais que tu peux changer. " Son attachement me touche et je ne peux que répondre à celui ci avec mon regard au bord des larmes à mon tour. " Je tiens aussi à toi, Declan. Et, je me fiche que tu sois un monstre aux yeux des autres. Pour moi, tu es tout le contraire. " Je sens son front se coller au mien. J'oublie mon père. J'oublie la colère. Je suis à nouveau en paix, malgré toutes les horreurs de son passé. Je suis bien quand je peux entendre à nouveau son cœur battre prêt du mien.

"...je t'aime." Mon cœur, lui, n'a pas besoin de réfléchir. Il sait déjà ce qu'il a à dire. Je ferme mes yeux et mes larmes coulent sous mes paupières closes. Mes lèvres s’entrouvrent et mon souffle brûlant se déverse contre ses lèvres. Ma vérité. " Je t'aime aussi, Declan. " murmurai-je comme un souffle perdu entre les hautes branches. Ces mots ne me semblent même pas étrange dans ma bouche. C'est la plus belle des évidences. Je l'aime. Mes lèvres si proches des siennes s'approchent pour quémander un baiser. Puis, mon esprit me rappelle que nous ne sommes pas seul. Je recule tout en regardant mon père avec ce grand sourire d'enfant gêné. Mais, je finis par bomber le torse. Je pris la main de Declan dans la mienne et m'approchait de celui qui m'avait élevé comme son fils. Je pris une grande inspiration et me lançait. " Papa ? Je suis gay...Et...J'aime Declan. Voilà, c'est dit. Je sais que toi et Declan cela ne s'arrangera pas en une nuit. Mais, peux-tu lui laisser une chance de se racheter ? S'il-te-plaît...Pour moi...Et, je te promets de te brosser les poils pendant trois mois à chaque pleine lune, deal ? " Je lui décochais ce sourire qu'il me connaissait. Mon humeur était ma seule défense. Je pensais encore que tout pouvait s'arranger avec humour. Mais, est ce que c'était vraiment possible ?

(c) sweet.lips

Alors que Declan commençait à s’exprimer ouvertement, je m’étais assis sur un rocher et fixais un point dans le vide, à moitié tourné dans la direction opposée au duo. Je n’avais pas à prendre part à cette conversation et même si j’écoutais d’une oreille attentive ce qui se passait, ma seule réaction fut de tourner légèrement le regard lorsque j’entendis des sanglots. Mais qu’est-ce que je fichais ici ? J’avais fais de mon mieux pour me concentrer sur autre chose que la scène de film qui avait lieu juste à côté de moi et me mettait très mal à l’aise, mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Je ne sais même pas ce qui m’a retenu de me lever pour m’éloigner un peu, néanmoins, lorsque ma tête s’est redressée, la vision qui m’apparut manqua de me donner une attaque cardiaque, puis-ce que ces deux jeunes gens se tenaient la main et que c’était… disons… une épreuve pour mes nerfs. J’écoutais Killian, mais mes yeux étaient rivés sur le type à côté de lui. Je ne savais pas encore quoi penser vis-à-vis de lui, à présent qu’il avait eu sa crise, mais l’état minable dans lequel il avait été réduit il y a quelques minutes, m’avait atteint, contrairement à ce que je laissais voir. Je ne connaissais pas toute l’histoire de Declan, mais j’avais tout de même aperçu il y a longtemps déjà qu’il s’agissait d’un gamin qui n’avait jamais vraiment eu sa place nul part. Même s'il était Alpha aujourd'hui, il resterait toujours ce jeune cherchant de l'aide, pour moi. Il avait fait partie de ma famille, un temps, et c'est une chose que je n'oublierais jamais.

Je fermais les paupières un instant et soupirais avant de me relever, suite aux paroles que mon adolescent m’adressa. Pourquoi... pourquoi est-ce qu'il choisissais ce moment-là pour me sortir ce genre de répliques ? « Tu changes vite d’avis sur les gens… » Dois-je vous rappeler la façon dont il était passé du "je défends Declan" à "Je frappe Declan avec une pierre" ?  Mon regard s’arrêta sur celui de mon fils durant quelques secondes et je ne pus rien faire d’autre que de laisser échapper un autre soupir, notamment suite à sa blague qui eut l'effet d'un pétard mouillé sur moi. J'étais peut-être trop sérieux, peut-être… mais après ce qui venait de se passer, après tout ce qui était arrivé, on n'avait pas le droit de critiquer mon côté rabat joie, parce que j'avais franchement morflé. Mes ressources internes avaient quasiment été annihilées par Declan et les chasseurs, dernièrement, et je n'étais pas prêt à encaisser un nœud de plus dans mon esprit. C'était déjà assez compliqué comme ça ! « Fais attention la prochaine fois que tu prendras une décision. On ne peut pas toujours faire marche arrière. »  J’évinçais à nouveau le sujet « principal » car on en avait déjà eu assez pour ce soir. Ah, mais je l'ai déjà parlé de ça... quand je vous ai dis que j'étais à bout, vous pensiez à quoi? Néanmoins… je n’avais pas montré les dents ou prononcé quoi que ce soit d'agressif: un comportement non-hostile qui me semblait être une réponse-même à la demande de tolérance qui m’avait été faite un peu plus tôt. Oui voila, allez donc gambader dans votre coin, mais laissez moi tranquille pour le moment. Troisième soupir.

Sans ajouter une parole de plus, je me suis approché de Declan pour attraper son épaule gauche d’une main et me pencher vers son oreille, le temps de lui adresser quelques mots en privé, puis je l’ai tapoté sur cette même épaule et ai continué ma route sur quelques pas, tout en enfonçant mes mains dans mes poches. « Tu me le ramène dans une heure maximum. » Je n’étais plus vraiment ni en colère, ni inquiet, actuellement. J’essayais juste de donner un sens à tout ça et il me fallait un peu de temps pour tout assimiler. Quoi qu’il en soit, ma silhouette disparut aussi rapidement qu’elle était arrivée tout à l’heure. Mes réactions cassaient peut-être cette ambiance si mignonne, mais j’aurais bien voulu vous y voir, à ma place... il ne fallait pas non m’en vouloir de tenir à protéger mon gamin, que ce soit en tant qu’humain sans défense face aux dangers de la forêt ou en tant que jeune homme qui pensait avoir trouvé son âme sœur en un type instable. Personnellement, je me trouvais plutôt tolérant sur ce coup-ci, même si c’était une réaction peut-être décevante pour Killian qui risquait d’en avoir attendu plus de ma part. Plus tard… si les choses se passaient bien, nous pourrions revenir à ça plus tard, car je devais bel et bien avouer qu’il se jouait des sentiments forts entre ces deux garçons… mais pour l’heure, on en resterait là.

« Je ne pouvais pas t’expliquer ça avec des mots, à l’époque… ce que t’allais ressentir au bout du compte, et je m'excuse pour ça… mais ce qui est fait est fait… okay ? Tu pourras pas le changer et si tu te tortures avec chaque personne que t’as affecté indirectement jusqu'à présent, ça va te trainer vers l’arrière toute ta vie. Tout ce que tu peux faire maintenant, c’est commencer à réfléchir au genre de personne que tu veux devenir, Declan, d’accord ? Il y a quelqu'un qui croit en toi à 200%, mais j'accepterais pas que tu le déçoives une seconde fois. Lâche prise, fiston... »  

(c) sweet.lips

J'étais perdu, paumé. Je n'aurais jamais imaginé ce genre de situation. Le genre de moment où je n'ai aucune idée de ce qu'il peut se passer. Ou je n'ai pas le contrôle, où je pourrais me faire arracher le coeur sans même l'avoir prévu ou entrevu. Je n'aimais pas ne rien contrôler, je n'aimais pas être faible, je n'aimais pas m'ouvrir aux autres. Et à ma grande surprise, c'est exactement ce que je faisais à ce moment. Je pleurais. Depuis cette nuit où Ombe était tombé, je n'avais pas pleuré. J'avais fermé les portes, verrouillé les issues et je m'étais persuadé ne plus jamais pouvoir ressentir autre chose que l'envie de pouvoir, le réconfort du sang et mes besoins basiques de vengeance. Mais il y avait une clé que j'avais oublié de détruire, une issue dont je ne me souvenais plus tout simplement parce que jamais personne n'avait essayé de s'y immiscer. J'effrayais, je faisais peur, je me faisais respecter ou on me détestait. J'étais le médecin sympathique mais trop peu empathique ou l'alpha autoritaire et demandant toujours plus de sa meute. Je voulais me sentir puissant. Et je m'étais pris à mon jeu, à ce que je m'étais promis de m’atteler. Pour oublier Ombe. Pour me concentrer sur ma vengeance. Tout ça avait mené à ce jour et à ce vide en moi. Comment qualifier ce qui se passait à l'intérieur de ma tête ? Une rivière de lave qui brûlait mon être, de mon crâne à mes orteils. Et chaque larme état un poignard de plus roulant sur mes joues et mon cou. Je me sentais comme la dernière note d'une symphonie mise en pause et abandonné au fond du placard.

Je remarquais à peine que la pluie avait cessé de tomber alors que chaque mot de Killian venait panser ces multitudes de lames coulant et ouvrant ma peau. Je sentais l'air s'insinuer dans mes poumons et s'enfoncer plus loin qu'à l'ordinaire. J'arrivais à respirer, sans gènes. Mais les sanglots vinrent tordre ma gorge et s’engouffrer dans mes bronches et ma tête. Mes yeux plongèrent dans ceux de Killian. Je m'y accrochais, à ces prunelles, je m'y accrochait comme on s'accroche à la vie. " Je t'aime aussi, Declan. ". Je défaillais, mes mains s'accrochant avec plus de désespoir à ses phalanges. Je ne méritais pas ça. Mais entendre ça, entendre mon prénom dans sa bouche, cet aveu entre ses lèvres n’embrouilla l'esprit alors que mon coeur vint s'écraser contre ma poitrine dans un rythme trop rapide, trop saccadé, trop enflammé. Puis tout se passe très vite, notre bulle est rompu, je me déconnecte de la réalité, c'est comme si tout n'était plus réel, comme si maintenant tout allait être différent car la bulle que nous avions auparavant ne serait plus jamais la même. Killian parle à son père, son père répond, j'ai du mal à écouter. Puis il bouge, j'ai un mouvement de recul. J'ai l'impression de ravoir quinze ans, de revoir mon propre père, de ressentir à nouveau son poings dans ma figure. Il pose sa main sur mon épaule et je déglutis, sursaute. Il me parle et sa voix s'ancre en moi. Je l'écoute et j'essaie d'assimiler. Puis, je tourne mon visage vers lui et je suis persuadé qu'au fond, il peut voir. Il voit que ces mots m'ont touchés. Qu'en quelques sortes, j'étais reconnaissant.

Une heure. Je me rend compte que mes mains tremblent encore un peu, qu'elles sont moites. Je sens Alastar s'éloigner, les bruits de son coeur s'atténuer. Killian est toujours dos à moi. Je ne sais pas à quoi il pense, je ne sais pas ce qu'il peut ressentir là, maintenant. Ce qu'il peut penser de moi. Est-ce qu'il se rendait au moins compte de ce qui venait de se passer. Je lâchais sa main tout en m'avançant encore un peu. Mon buste vint s'ancrer contre son dos. Mes mains glissèrent sur ses côtes pour venir l'entourer, mes doigts se crochetant sur ses hanches. Mon souffle courrait sur son cou avant que je n'enfouisse mon visage dans son cou. "A quoi tu penses ?" murmurais-je à son oreille.

(c) sweet.lips

Mon père avait raison et chaque mots qui sortirent de sa bouche me heurtèrent de plein fouet. J'étais tellement heureux de ce moment que j'aurais voulu balayer ces images qu'il m'avait mis en tête. Est-ce que je n'allais pas trop vite ? Je ne connaissais rien au jeu de l'amour et de son hasard. Peut-être que j'étais trop jeune ? Mais, je terminais avec mes hésitations. Si mon père pouvait être cette personne toujours en retrait, il savait que je portais en moi l'espoir. " Tout est toujours possible, Papa. Il suffit d'y croire vraiment et de tout faire pour attendre son but." J'avais relevé mon regard pour le fixer avec cette détermination sans faille. Je faisais peut-être une erreur ce soir, mais cela serait mon erreur. J'aimais Declan et c'était la seule évidence vers laquelle je voulais marcher. Emprunter le chemin et voir où il me mène. Je vois disparaître mon père et je reste en retrait. Cependant, j'écoute...J'écoute d'une oreille attentive chacun des mots et des échanges.

J'offre mon dos à Declan, le regard encore déstabilisé et émerveillé par tout ce qui vient de m'arriver. Ma main remonte sur mon tee-shirt pour l'enserrer de mes phalanges tremblantes. J'ai peut-être de me prouver à moi-même que tout cela est vrai ? Cela serait la plus grande des peines si je me réveillais et que tout cela n'était qu'un rêve. J'ai toujours voulu croire aux surnaturelles ; toujours plongé dans des livres sur les vampires et loups-garous. Ne pouvant décrocher de mes lectures même après le couvre-feu. J'aime m'amuser sur ces vieux films en noir et blanc de série-z, moi aussi rêvant de plonger dans ce monde. Et, il était là maintenant, à ma portée. J'aurais dû être terrifié, mais à la place mon cœur battait des tambours de mon excitation. J'avais tellement de choses à demander, tellement de choses à apprendre. J'avais hâte. J'oubliais la fatigue et la douleur de cette nuit. Je levais ma tête vers cette lune grande accompagnatrice de mes songes jusqu'à sentir les mains de Declan glisser sur mes hanches douloureuses.

J'aurais pu souffler ma douleur, mais je penchais ma tête vers lui, caressant de mes joues son front alors que je pouvais le sentir s'enfouissant dans mon cou. Je devais porter cette sueur froide déplaisante, mais je n'allais pas lui souligner. Il était exactement là où je voulais qu'il soit. Contre moi. Si nous n'avions qu'une heure comme je l'avais entendu de la bouche de mon père, je n'allais plus le lâcher. Tant d'années de tendresse à rattraper. Je fis glisser mes mains ses bras. Mon cœur s'emballa, me rappelant l'être inexpérimenté que j'étais. Est-ce que mon geste était déplacé ? Devais-je dire ou faire quelque chose ? Puis, j'entendis sa demande. Mes pupilles s'accrochèrent à l'astre lunaire pour lui sourire. "Si tu savais. Je suis entrain de penser à trois milles choses...C'est...Je sais pas..." C'était fou. Étonnant. Choquant. Grisant. Mes lèvres venant frôler les siennes sans encore oser les embrasser. Pourtant, c'est la seule chose à laquelle c'était certain sur ce moment. L'amour que je lui portais. Peut-être devais-je faire part d'audace ? Ma tête en branle me hurla de l'embrasser. Alors...Je déposais mes lèvres en offrande (pour la deuxième fois) à ses pieds. Je l'embrassais timidement, mais le cœur emporté par ses sentiments si forts. " Declan ?" demandai-je en décollant mes lèvres, mais en restant si proche. " ...J'aimerais qu'on sorte ensemble ? Je sais pas si un loup-garou en a le droit...Et, je risque de faire pas mal d'erreur...Je veux dire...Je suis jamais sorti avec personne, mais je te promets de ne jamais rien faire pour te décevoir." terminai-je en déglutissant. Ma bouche et mes lèvres attendaient sa réponse, qu'elles viennent apaiser mes peurs. Est-ce que les gens de cette ville comprendraient notre relation ? Il avait tant de questions...Mais, ici dans cette forêt, il n'y avait plus que nous alors pourquoi se tourmenter ?

(c) sweet.lips

Le tissue sous mes doigt était sale, poussiéreux. J'essayais de me rappeler quand était la dernière fois que Killian ou moi-même avions eu plus de deux semaines sans aucun évènement musclé. Aucun évènement surprise. Je ne m'étais jamais douté pouvoir un jour rêver d'autre chose que d'action et de conflits. J'avais l'impression de n'avoir vécu pour ça que trop longtemps. Ça m'avait brisé, cassé quelque chose au plus profond de moi-même. Personne ne sort de la violence indemne et c'est surement pour ça qu'Alastar tenait à garder Killian loin de tout cela. Loin de cette violence, pour qu'il reste quelqu'un de bien, quelqu'un qui ne risque pas à tout moment de basculer dans l'impardonnable. Ce soir, il n'avait pas su le protéger assez et je n'avais pas eu la présence d'esprit de me taire et courir au loin lorsqu'Alastar fit son apparition. Mais le mal avait été fait, Killian avait vu. Le voile s'était levé et je n'osais imaginer le genre de conversation que lui et son père allaient avoir à l'avenir. Mais dans un sens, le jeune homme pouvait se considérer chanceux. Il était entouré, ce soir, et les jours à venir, il ne serait pas seul. Je m'y refusais, je ne pouvais imaginer le laisser seul, l'abandonner. J'étais là, je le resterais. Pour ma part, je m'étais retrouvé là-dedans sans aucune aide, sans préparation, sans savoir à quel point ma vie changerait. A pied joint et tête la première, je m'étais pris le surnaturel de plein fouet. Killian semblait s'y attendre et son manque de surprise me remuait encore. J'aurais aimé avoir la même réaction ce soir-là dans la forêt. Mais non. J'avais paniqué, j'avais hurlé, je m'étais effondré. Morsure de malheur, mais je n'y renoncerais jamais, sous aucun prétexte. Mon loup faisait désormais partie intégrante de moi. Me l'ôter reviendrait à me couper en plus de morceau que je ne pouvais déjà l'être à présent. Impensable.

Ma poitrine se soulevait et s'abaissait contre ce dos gringalet que j'avais appris à aimer plus que de raison. Mon souffle courait sur sa nuque, un souffle réchauffé par les sentiments que j’éprouvais et que je ne me cachais plus. Il n'y avait plus aucune raison de me dire que tout pouvait s'effondrer face à mes envies de vengeance. Je ne voulais plus de cette vengeance. Je voulais pouvoir avoir Killian près de moi sans mauvaises arrières pensées. Mon coeur se cognait contre ma cage thoracique, comme pour aller trouver celui de Killian, battre en même temps, lui faire partager mes émotions. Des émotions dont je n'avais pas l'habitude, malgré le fait que j'avais, sans nul doute, plus d'expérience que le jeune homme dans mes bras. Ce dernier leva ses mains contre mes mains et caressa mon front de sa joue. Je laissais courir un soupire sur le long de son cou et de ses épaules. "la vérité, tout simplement. Moi, perso, je ne pense qu'à une chose, là, maintenant." murmurais-je au creux de son cou. L'instant présent me donnant l'audace dont je ne faisais plus grande preuve ces derniers temps. Sentir ses lèvres contre les mienne me fit tourner la tête et je goûtais doucement à ses lèvres, pour attiser l'instant, la flamme, cette sensation naissante. Je croisais mes doigts aux siens alors que mes pouces caressaient le dos de ses mains. Les yeux mi-clos j'écoutais sa demande, attentivement. Elle ne me surpris pas tant que ça. Je relevais le visage vers le ciel, réfléchissant.

Je lâchais son corps, m'éloignais de lui et l'obligeais à se tourner doucement vers moi de sorte à ne pas lui faire mal, à ne pas le brusquer. Je pris ses mains dans les miennes et plongeais mon regard dans le sien. "La question n'est pas ce qu'on veut, c'est ce qu'on peut. Killian. J'ai vingt-six ans, tu es mineur. Rien que pour tenir tes mains je pourrais me retrouver en prison. Et même si je n'aurais aucun mal à en sortir à coup de griffes, je n'ai pas envie de te mêler à la justice. Mais..." je baissais les yeux quelques instants avant de quitter ses mains pour faire glisser les miennes sur ses joues. Je relevais mon visage et me rapprochais physiquement de lui, collant mon torse au sien. "Je t'aime et je veux te garder près de moi, j'ai pas envie qu'on se cache comme des fugitifs. Je ne te promet pas de t'emmener au cinéma ou quoi que ce soit d'autre qui entraînerait qu'on soit vu en public. Killian. Tu es à moi et tu sais que tu peux faire ce que tu veux de moi, quand tu veux. Ne m'en demande pas plus, c'est déjà énorme pour moi de te dire ce que je ressens."  Mes pouces caressèrent ses joues alors que je vins titiller ses lèvres. Mon souffle était chaud et mes mains moites, je n'étais toujours pas remis des derniers évènements. "Si tu savais à quel point j'ai eu peur ce soir. J'aurais pu les déchirer en deux s'il t'était arrivé quelque chose de grave. C'est la première fois que je ressens des sentiments aussi forts pour quelqu'un. S'il t'arrivait quoi que ce soit, je ne sais pas ce que je serais capable de faire, Killian."

Me rapprochant encore un peu plus, je faisais tomber mes mains sur ses épaules, me penchant pour mordre doucement la lèvres inférieur du jeune homme contre moi. Je fis glisser mes mains sous le vêtement mes doigts vinrent caresser les clavicules de Killian, mes lèvres glissant sur le bout de ses lèvres pour finir par dévorer tendrement la peau de son cou.

(c) sweet.lips

A la raison, cette stupide entremetteuse me revenait comme un boomerang. J'étais parti si loin dans mes fantasmes que j'en avais oublié cette dure et cruelle réalité qui était la notre. Peut-être mon si jeune âge que venait d'épingler Declan en était la cause ? Je rêvais peut-être trop et trop vite. La raison glissa le long de ma nuque comme la gouttelette de sueur acre qui se perdit dans la fin des courbes de mon dos en forme de i. Elle me fit retoucher terre alors que depuis que Declan avait glissé ses mains sur moi, j'avais eu l'impression de plus toucher le sol. Toutes les douleurs de ce corps qui avait couru pour sa vie remontèrent en moi dans un crescendo éprouvant. Mon bassin ne tenait plus qu'à la seule présence de Declan dans mon dos. J'avais soudain un vertige, l'effort avait était si intense. L'angoisse qui ne m'avait pas encore frappé, se glissa tel un serpent dans mes pensées embrouillées. Qu'est ce que j'étais entrain de faire ?

Son murmure au creux de ma nuque me rattrapa dans cette chute, quelques instants. Je m'accrochais à nos doigts noués pour ne pas céder à mes peurs. Cette tension pour puiser dans son courage. Lui, qui avait déjà vécu ces vérités. Ne pas hurler et m'enfuir. Je ne le devais pas. "Si tu veux la vérité j'ai peur.." Je me concentrais alors sur ce pouce qui m'apportait un douceur libératrice.  Je scrutais nos doigts sales de cette terre et de nos combats respectifs. Il s'était battu pour moi. C'était ce courage que je devais trouver. Je relevais donc nos mains droites et embrassa la sienne en signe de remerciement sincère et amoureux. "Et, toi à quoi tu penses ?" Mais, ce n'était pas tout, frissonnant à son souffle dans mon cou. Je voulais puiser à un autre centre grand pouvoir. Ce centre face à moi et brillant sous les quelques reflets chatoyant du ciel. J'embrassais ces lèvres avec l'envie de gagner en maturité et en force. Je ne voulais pas le décevoir ou lui faire de la peine. Declan avait déjà tant souffert...

Cette réalité. Celle que j'allais à présent apprendre à exécrer. Elle était là au bord des lèvres de Declan. Il se détacha de moi et me tourna avec douceur pour que nous faisions face à que je voulais pas entendre. Il avait beau prendre mes mains pour me préparer. Je savais ce qu'il allait dire, alors ma tête se mit à fuir son regard en baissant la tête et en fixant un tronc d'arbre mort sur le côté. Premier coup dans le ventre. Mon âge. Son âge. Mon estomac remonta jusqu'à ma gorge. Mes larmes perlèrent sur mes joues salies sans que je puisse un instant les retenir.  "Mais, on s'en fiche. Je te dénoncerais pas. Jamais je ne le ferrais. Je ne suis plus un enfant, Declan..." sanglotai-je serrant ses mains avec tout le désespoir qui m'envahissait. "Je le suis plus..." Ce rapprochement de nos torses me fit tressaillir et sa main me força à me plus cacher. Mes larmes auraient du s'arrêter à ses paroles si réconfortantes. Il m'aimait. Il voulait rester prêt de moi. Mais, le flot s'intensifia, simplement par cette vague de bonheur qui me frappait. J'avais eu si peur...Cela avait commencé comme un adieu et cela se terminait en la plus belle des promesses. "Je te demanderais pas plus, je te le promets. C'est tout ce que je demande...Être prêt de toi. Être à toi. Je m'en fiche des cinémas, si tu peux pas me prendre dans tes bras en public. Fais le ici et maintenant c'est tout ce qui m'importe. Je suis prêt à tout pour toi...Tout." Je me sentais protégé contre lui. Il me promettait qu'il ne m'arriverait rien. Je ravalais donc mes larmes alors que ces doigts se promenaient sur mes joues et prêt de ma bouche. Je voulais qu'il m'embrasse maintenant. C'était beaucoup trop d'émotions à gérer en même temps. Je voulais lui prouver...lui prouver que je n'étais plus un enfant.

Mes pupilles se dilatèrent à l'approche de ses lèvres. Ma détermination poussa mes mains à s'inviter sous son haut. Mes doigts évitèrent sa blessure, même si elle devait être close à présent, et remontèrent le long de ses hanches. J'invitai ma cuisse droite entre ses jambes. Je ne voulais que nos corps ne fassent plus qu'un. Je ne savais pas comment, mais je laissais le plaisir de ses lèvres sur mon cou me guider. Je poussai un petit gémissement étouffé. "Je me sens protégé quand je suis avec toi Declan...Ne me lâche pas...Ne me lâche plus..." Mes mains massèrent son torse avec hésitation mais application. Mon cœur tambourinant contre le sien alors que j'enfouissais ma tête au creux de sa nuque. Je déposais une dizaine de baisers, ne pouvant plus m'arrêter...ne voulant plus m'arrêter.      

(c) sweet.lips

A quoi je pensais ? Je ne pouvais contrôler mes pensées et elles se tournaient toute vers une seule et même chose. Un seul individu. Un seul instant présent. "Je pense à toi." j'étais honnête, je voulais être honnête pour le reste de ma relation avec lui. J'avais déjà trop menti, trop caché. J'avais trop réfléchis et ça m'avait vidé, ça avait brisé des parties de moi et de mon âme. Mais ce soir, à cet instant, alors que la pluie est partie au loin je ne peux penser qu'à une seule chose. Killian. Son corps près du miens me fait perdre mes moyens et ne fait qu'attiser cette sensation dans mon corps, dans mon coeur, mon torse, mon bassin et mon bas-ventre. Était-ce un crime que de ressentir cela ? Si s'en était un, j'étais coupable et je ne plaiderais jamais le contraire. Killian m'attirait plus que de raison et sa présence anesthésié tout autour. Je ne voyais plus que lui, je ne sentais que son odeur et ne prêtais attention qu'à ses mains, son visage et son être dans son ensemble. Ce qui nous arrivait ne pouvait pas finir bien, viendra un jour où mes envies prendront le dessus, où mes sentiments seront trop forts et où je ne réussirais plus à retenir le loup en moi. Je ne sais pas ce que cela pourrait amener. Je ne voulais pas voir Killian être mordu. Il n'était pas fait pour être loup-garou et j'avais peur de cette éventualité...

J'écoute son discours, ses paroles, sa voix qui glisse le long de mon âme et qui vient serrer ce coeur que j'avais voulu stone jusqu'à la fin de mes jours. Les mots qui sortaient de cette bouche que j'enviais tant me touchèrent. Une bouffée de bonheur, de satisfactions. Le repousser maintenant permettrait à Killian de s'assurer un avenir plus sur qu'en ma compagnie. Je n'étais pas apprécié de tout le monde, ca serait même le contraire. Des parents, des amis, des fils, des filles, cousins et cousines. Tellement de personne ayant vécu la mort d'un proche par ma faute. Je n'étais pas quelqu'un de sûr, de fréquentable. Mais en sa présence, la sensation de son corps contre le miens. Le loup se taisait pour laisser place à Declan, à cet homme que j'avais été plus jeune et que j'avais cru mort par la suite.

Un frisson me parcouru sur l'ensemble de mon dos lorsque les mains froides de Killian vinrent glisser sur mon torse brûlant. C'était comme si elles traçaient cette rivière de désir et d'envie qui me donnait envie de n'être que nous et à jamais. De pouvoir m'approcher plus près, toujours plus près, pouvoir faire glisser mes mains sur l'ensemble de son corps, entendre son souffle rapide et saccadé cogner contre mon torse et mon visage. Mes lèvres sur son cou lui firent lâcher un gémissement qui me fit sourire alors que j'arrêtais mes baisers le temps d'entendre ce qu'il me disait, ce qu'il me confessait, là, dans cette forêt à cette heure tardive. Puis ses lèvres, sur la peau hétérogène de mon cou qui me donnèrent à nouveau un frisson. Mes mains quittèrent ses clavicules en allant se glisser sous le tissue bas de son t-shirt. Caressant la peau à la limite de sa ceinture je les faisais glisser dans son dos pour pouvoir le rapprocher encore plus de moi. Ce que je fis avec un peu trop d'enthousiasme. Je me rappelais sa douleur, sa course effrénée et ce qu'un humain peut ressentir comme douleur après tant d'épreuves. Mes lèvres embrassèrent sa tempe, sa mâchoire alors que je vins murmurer à son oreille gauche. "J'ai de quoi m'occuper de ça." c'est alors que je levais le visage vers le ciel et me concentrait, je sentais le liquide noir couler dans mes veines et la douleur quitter Killian pour s'infiltrer en moi.

Et elle fut partie. La douleur. Elle me laissa sonné quelques secondes avant que je relaisse tomber mon visage vers celui de Killian, je plongeais mon regard dans le sien alors que mes pouces caressaient la peau de son dos, le bas de son dos puis le bas de son ventre, son bassin et son torse. Je me penchais pour l'embrasser à nouveau, doucement, tendrement. Je l'aimais, tellement. Cette sensation de brasier dans mon ventre revint à la surface, avec plus de violence. La jambe de Killian entre les miennes accéléra ma respiration. Doucement, mais fermement, je poussais Killian jusqu'à ce que son dos touche l'arbre. Mon torse se plaqua contre lui, mon bassin vint choquer contre le sien et mes lèvres cherchèrent à nouveau celles de Killian. Je ne m'arrêtais que pour murmurer au creux de ses lèvres "est-ce que tu veux de moi ?" il devait me répondre, il devait me répondre avant que je ne me permette plus de choses, plus de choses qui pourraient l'effrayer. Et c'est tout ce que je ne voulais pas.

(c) sweet.lips

Il me touche et mon corps s'embrasse. Je suis le souffle de milles dragons qui s'échouent contre ces mains qui savent comme attiser un corps. J'essaye par mimétisme - mais aussi par envie - de le toucher aussi à mon tour, mais mes côtes sont si douloureuses. Il semble le comprendre. Je le trouve si parfait de s'inquiéter autant pour moi. Je lève la tête avec lui vers le ciel, vers cette lune. Je suis encore - et pour longtemps - apeuré et envoûté par ce monde que je connais pas. La douleur me libère et je pousse ce long râle en retrouvant ce corps qui est mien. Jeune. Intrépide et pour ce soir...brûlant.

Mais, l'inquiétude me gagne en le voyant perdre sa force quelques instants. Je pose mes lèvres sur les siennes et j'ose lui demander car je n'ai peur de rien avec lui. " Qu'est ce que tu viens de faire ? C'est de la magie ? " Est-ce qu'il est sorcier aussi ? Ma question va peut-être le faire sourire, mais ce n'est pas important. Je reprends mes caresses pour le remercier, effleurant son flanc et les prémisses de ces courbes masculines que je veux découvrir.  " En tout cas, j'ai plus mal...Merci...Tu es vraiment magique, Declan. Tu es magique pour moi. " Je dévore ces lèvres comme un bonbon. J'y impose ma marque et je ne fais plus qu'un avec cette bouche qui est mienne. Ce soir, elle est tout à moi et à personne d'autre.

Sa question se lova comme ses mains sur ma peau en pleine éruption solaire. Elle se coucha sur mon torse brûlant pour faire son nid. Mes lèvres tremblèrent de ce moment en suspens et de mon hésitation. Car, est-ce que c'était pas mal d'avoir ces pensées qui attisaient mes sens au point d'en faire frémir tout mon bassin ? Bien plus que ma jambe vrombissait contre sa cuisse et montrait toute l'impatience de ce jeune corps qui ne savait pas encore se contrôler. Un jeune corps qui ne savait pas encore dissimulé ces envies et ses interrogations. Cependant, mon cœur parlait pour moi et continuait de taper contre son torse. Ces coups répétitifs pour chanter que l'inconnu ne me faisait point peur tant qu'il était prêt de moi et restait à mes côtés. Mais, ma pudeur me rattrapa et me gifla. J'avais tellement peur de mal agir et de faire un geste déplacé que mes mains redescendent toutes penaudes jusqu'à sa ceinture, mes doigts n'osant franchir cette ligne que mon esprit a pourtant si envie d'explorer. " Oui...Je te veux...Mais, j'ai peur de mal faire..." Mais, si Declan commençait à me connaître, il connaissait le battant que je pouvais être. Rien ne pourrait m'arrêter et il était hors de question que mon inexpérience gâche ce moment magique à deux de nos deux corps à l'unisson et coulant l'un sur l'autre.

Je mords l'intérieur de mes joues avec hargne et efface ce regard d'enfant incertain. J'ai promis à Declan qu'il n'avait plus un enfant face à lui. Il était de mon devoir de tendre vers cette seule pensée. Mes mains retrouvant leurs vigueurs, elles défirent la boucle de la ceinture qui entourait son jean. Le bruit du métal s'entrechoqua dans mon pauvre crâne en fusion et l'impression que le son se propagea tout autour de nous me gagna. Déglutissant. J'allais trouver cette main qui était la sienne et qui était oublié sur mon ventre. Je nouais nos doigts car c'était la seule manière de trouver en moi cette force en puisant en lui. Je fis glisser nos deux mains vers la fin de la délimitation de son ventre. J'allais franchir cette frontière. Chaque avancée me fit tressauter, mais mes yeux plongés dans les siens, je lui glissais au bord des lèvres. " Guide moi...Montre moi comme t'aimer..." Il n'y avait pas de retour en arrière possible, sauf si mon père surgissait de nulle part car il aurait oublié sa veste. Qu'est ce qu'il aurait pensé de son fils contre cet arbre ? Le corps en serpentaire contre celui de cette homme qu'il regardait avec tant d'amour. Cet homme à qui il voulait appartenir et cela jusqu'à la fin des temps.

(c) sweet.lips